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Encore une promesse qui a fait pschitt ! Hollande a confié son image à un repris de justice !

François Hollande avait promis qu’il ne prendrait aucun repris de justice à l’Elysée. Il n’a pas trahi sa parole à moitié : le chef du service audiovisuel de la présidence de la République, ancien camé à l’héroïne, a été condamné pour complicité de trafic de drogue !

A huit jours du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat socialiste François Hollande, interrogé par le « Journal du dimanche », fait cette promesse solennelle: « Je n’aurai pas autour de moi à l’Elysée des personnes jugées et condamnées. » Relancé par les trois journalistes qui l’interviewent, il a cette réponse: « Je dis la règle que je ferai respecter. Vous pourrez me rappeler cette déclaration si je venais à y manquer. » (1) C’est ce que nous faisons.

Bien que l’organigramme mis à disposition du public sur le site Internet de l’Elysée ne mentionne pas son nom, André Loncle fait bien partie du personnel de la présidence de la République. L’Elysée nous a confirmé, lundi matin, qu’il a le titre, et la fonction, de chef du service audiovisuel de la présidence de la République, ainsi qu’il s’en prévaut sur ses cartes de visite dans les réseaux sociaux. Il dispose d’un bureau à l’Elysée ainsi que d’un secrétariat, avec lequel nous nous sommes entretenus. Il fait donc bien partie, pour reprendre les mots de celui qui est devenu chef de l’Etat, de ceux qui sont « autour de [lui] à l’Elysée ». Or…

Encore une promesse qui a fait pschitt ! Hollande a confié son image à un repris de justice !

Son papa était ministre, il est maintenant député

Or André Loncle a été « jugé et condamné »: à trois ans de prison dont six mois fermes, assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans. Pour complicité de trafic de stupéfiants et usage illicite de ces mêmes stupéfiants, lesquels n’étaient pas une simple herbe qui fait rire mais de l’héroïne. François Hollande l’a-t-il embauché en toute connaissance de cause? André Loncle lui a-t-il tu cet aspect de sa biographie? C’est l’une des deux questions que nous avons posées à André Loncle par l’intermédiaire de son secrétariat alors qu’il se trouvait dans son bureau mais était « occupé ». Il devait nous rappeler, il ne l’a pas fait (2).

L’affaire que nous réveillons aujourd’hui a certes vingt ans mais François Hollande a fait une promesse qui ne comportait pas de limite dans le temps. Et André Loncle, à l’époque, n’avait déjà plus vingt ans – ce qui nous aurait incités à ne pas remuer une triste erreur de jeunesse – mais 31 ans, et il exerçait déjà dans l’audiovisuel comme attaché de production. A l’époque, cette affaire n’était pas vraiment passée inaperçue : elle avait fait la « une » de… « Minute »! (3)

Encore une promesse qui a fait pschitt ! Hollande a confié son image à un repris de justice !

« Minute » n° 1608 du 10 février 1993

Car si André Loncle était alors inconnu, son papa, François Loncle, avait un peu de notoriété. Elu député PS de l’Eure lors de la vague rose de 1981, Loncle père était entré au gouvernement de Pierre Bérégovoy en juin 1992 comme secrétaire d’Etat à la Ville auprès d’un ministre de tutelle nommé Bernard Tapie, puis était devenu, à Noël de la même année, secrétaire d’Etat au Plan auprès du premier ministre. D’où notre titre de l’époque: « Un fils de ministre en prison! »

Le ministre sera renvoyé à ses études et à ses affaires familiales par les législatives de 1993 qui amèneront la deuxième cohabitation mais retrouvera son siège de député de l’Eure lors des législatives, funestes à la droite, consécutives à la dissolution de 1997 et il le détient toujours aujourd’hui.

André Loncle était alors « accro » à l’héroïne

En 1992, André Loncle a donc 31 ans et est toxicomane depuis plusieurs années. Il est « accro » à l’héroïne. En septembre 1992, il est arrêté. La police vient de perquisitionner, rue de la Roquette, près de la Bastille, l’appartement qu’il y loue. Un coup de pas de chance pour lui. Un peu plus tôt, un certain Tschilumba, un Zaïrois de 26 ans en situation irrégulière sur le territoire français, a été arrêté en possession de 39 grammes d’héroïne! Difficile de plaider, pour le clan destin, que c’est pour sa consommation personnelle…

En perquisitionnant la piaule de Tschilumba, les policiers découvrent tout le matériel nécessaire au commerce de la drogue, y compris du manicol, un laxatif dont les dealers font usage pour « couper » l’héroïne et augmenter ainsi leurs profits. Ils trouvent aussi le passeport du locataire en titre: André Loncle. Et ce n’est pas un malentendu.

L’interrogatoire du Zaïrois et l’en quête vont établir, ainsi que nous l’écrivions alors, que « les deux jeunes gens avaient passé un accord: au départ, André Loncle […] avait simplement fourni à Tschilumba une quittance EDF lui permettant de se faire domicilier à Paris. Un service intéressé bien sûr: [il] avait reçu en échange un ou deux grammes d’héroïne pour ses besoins personnels ».

Puis les liens entre les deux hommes s’étaient resserrés. Comme disait Karl Marx après Louis Blanc: « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. » Les besoins d’André Loncle, à l’époque, c’est un quart de gramme d’héroïne par jour. Pour le lui fournir, les moyens de Tschilumba doivent augmenter. Loncle lui prête donc son appartement afin qu’il puisse, chaque après-midi, y recevoir son aimable clientèle et lui vendre la ca me qu’il va se procurer à Amsterdam. Une clientèle qui va même s’étoffer grâce… aux amis du locataire en titre! Les clients de Tschilumba, lit-on, sont « pour la plupart des amis d’André Loncle ».

Le 16 décembre 1992, André Loncle, incarcéré à la prison de la Santé, en est extrait pour comparaître devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Tschilumba ramasse cinq ans fermes et 50000 francs d’amen de (environ 7600 euros) pour trafic de stupéfiants. Nicolas Sarkozy n’étant pas encore passé par là, il écope aussi de la « double peine », à savoir l’expulsion du territoire français une fois sa peine accomplie – ainsi que d’une interdiction définitive de séjourner sur le territoire national.

André Loncle, lui, est jugé complice de ce trafic d’héroïne. Pour cette complicité et pour l’usage de stupéfiants, il prend trois ans de prison dont six mois fermes. Retour le soir même à la case prison.

François Hollande lui doit une partie de son élection

Vingt ans plus tard, André Loncle est à la tête du service audiovisuel de la présidence de la République. La preuve qu’on peut s’en sortir, la preuve qu’on peut se redresser après un passage à vide, après avoir sombré. Cela n’enlève rien au léger problème politique que pose sa présence à l’Elysée par rapport à l’engagement que le candidat Hollande avait pris devant les Français. Viendra-t-il nous expliquer qu’il ignorait tout du passé de celui auquel il a confié la mission de contrôler son image – la quelle, c’est vrai, n’a rien de psychédélique? Peut-être. Mais il lui sera difficile de nous dire qu’il l’a embauché comme ça, sans du tout le connaître.

L’élection de François Hollande à la présidence de la République doit un peu à André Loncle. Un peu beaucoup même. C’est lui qui, de janvier à mai 2012, durant toute la période des grands meetings de la présidentielle, a contrôlé l’image du candidat socialiste, montrant tout son savoir-faire en la matière dès le meeting du Bourget, qui, le 22 janvier 2012, fit entrer François Hollande dans la cour des grands orateurs de la gauche française et dans celle, aussi et surtout, des présidentiables (ce qui, jusque-là, n’allait pas de soi). Durant la campagne, toutes les images de meetings de François Hollande diffusées par l’ensemble des télévisions furent produites, donc contrôlées au millimètre près, par André Loncle, qui déploya tout son talent et toute son expérience accumulée depuis des années chez Publicis Events ou Euro RSCG/Havas.

Pourquoi lui? Parce qu’il est reconnu dans la profession, certes, mais d’abord parce que, fin 2011, quand Manuels Valls, directeur de la communication du candidat Hollande (et futur ministre de l’Intérieur, ça ne s’invente pas!), cherchait un producteur pour la campagne de son candidat, André Loncle lui a été recommandé par Anne Hommel, l’attachée de presse de… Dominique Strauss-Kahn!

Il devait faire la campagne présidentielle… de DSK !

C’est en effet André Loncle qui « avait mis en scène toutes les grandes interventions de Dominique Strauss- Kahn, patron du FMI, de Londres à Yalta », ainsi que le racontait récemment « L’Express » (4). C’est Loncle aussi qui aurait dû mettre en scène la campagne présidentielle de Dominique Strauss-Kahn, ainsi qu’il l’a relaté en février 2012 dans un entretien où il ne cachait presque rien des liens incestueux entre finance et politique: « J’ai participé à l’organisation de nombreuses grandes conférences internationales du type Davos. Tout naturellement, cela m’a amené à travailler dans la sphère politique, notamment avec Euro RSCG durant l’année de la présidence française de l’Union européenne en 2008 ou encore la gestion des conférences du FMI avec Dominique Strauss- Kahn. Pour l’anecdote, je travaillais d’ailleurs sur la future campagne de DSK avant l’incident de New York… »

Avant « l’incident ». Voilà qui éclaire, a posteriori, les propos que le député François Loncle avait tenus, fin juin 2011, sur France Info et qui avaient surpris, tant ils semblaient relever d’une mentalité complotiste et vouloir à tout prix dédouaner DSK des accusations qui pesaient sur lui. « Tout n’est pas clair dans le comportement des dirigeants du Sofitel et du groupe Accor, avait osé l’élu socialiste, et il peut y avoir eu des connexions entre le groupe Accor avant ou après l’affaire et peut-être certaines officines françaises. » Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, l’avait sommé de porter l’affaire devant la justice, s’il avait des éléments, ou sinon de se taire. François Loncle s’était tu.

Aujourd’hui, lorsque vous voyez une image de François Hollande, en conférence de presse, en déplacement, sachez qu’à la « production », il y a André Loncle, qui, faute de grive DSK (enfin, si l’on peut dire…), s’est rabattu sur le merle Hollande. Preuve est faite, d’une part, qu’on peut très bien transformer un baudet en cheval de course; d’autre part que le vainqueur par substitution du Grand Prix de France 2012 a « manqué » à sa parole. Et maintenant, on fait quoi ?

Antoine Vouillazère http://fr.novopress.info

1. « Le Journal du dimanche » daté du samedi 14 avril 2012.
2. La deuxième question que nous voulions lui poser, et que nous avons laissée à son secrétariat, portait sur une éventuelle amnistie individuelle de sa condamnation. Son cas n’entre pas dans le champ d’application de la loi d’amnistie de 1995 ni des suivantes.
3. « Minute » n° 1608 du 10 février 1993.
4. Cf « La com’ reprend du pouvoir », par Elise Karlin, in « L’Express » n° 3215 du 13 février 2013.

Article de l’hebdomadaire “Minute” du 13 mars 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

Crédit photo en Une : Parti socialiste, via Flickr (cc).

Encore une promesse qui a fait pschitt ! Hollande a confié son image à un repris de justice !

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