PARIS (via Chez Spoutnik) - Depuis trois jours c’est le grand déballage des déclarations de patrimoine. Montebourg, Le Maire, Wauquiez, Fillon, Estrosi, Duflot… et ce n’est qu’un début.
Certains hurlent à la démagogie, au coup de com’. Et malheureusement, je ne peux m’empêcher de leur donner raison.
Que voit-on en réalité ? Ce que les nouveaux convertis de la transparence veulent bien nous montrer. S’ils ont des économies judicieusement dissimulées dans des paradis fiscaux, ils ne vont pas s’en vanter. Vous connaissez un élu qui avoue pratiquer la fraude fiscale, tant qu’il n’est pas pris la main dans le sac ? Moi pas.
Il n’ y a aucun contrôle sur ces déclarations. On va me dire que le fisc pourrait enquêter. Histoire de vérifier tout ça.
Mais non. Le fisc ne va pas enquêter. Discutez avec un fonctionnaire du fisc et vous apprendrez que les dossiers concernant la fraude fiscale des élus existent (certains sur la Côte d’Azur ont des dossiers de 2 mètres de haut d’ailleurs) mais qu’il est interdit d’aller plus loin. Les dossiers sont soigneusement gardés sous clés par les directions régionales des impôts.
Donc les élus peuvent bien nous raconter ce qu’ils veulent, personne – tant qu’un journaliste d’investigation un peu curieux ou un juge consciencieux ne s’y attelle – ne déballe la vérité.
Il n’ y a donc pas grand risque à publier son patrimoine. Ces publications en cascade sont l’attrape-gogo de la semaine.
Pourtant, certains s’y opposent avec une virulence disproportionnée : Mélenchon et Copé par exemple. Ce qui est hautement suspect.
Hé oui, le bon peuple pourrait apprendre la réalité faramineuse du patrimoine de certains élus. Quand on prétend faire la guerre aux riches comme Mélenchon, si on l’est soi-même riche, ça ôte tout de suite tout crédit. Ceci n’est bien sur qu’une hypothèse féline.
Mieux, les Français pourraient se rendre compte que la fortune de nos élus est énorme par rapport à leur parcours professionnel. Je ne sous-entend pas qu’ils sont tous fraudeurs, mais simplement que la politique ça rapporte. Gros. Les places sont bonnes et confortables, c’est pour cela qu’ils s’y accrochent. A l’heure de l’austérité pour tous et du chômage de masse, il ne fait pas bon montrer aux Français que des gens qui pour la plupart n’ont jamais travaillé en dehors de leurs mandats électifs (si on peut appeler ça du travail vu le taux d’absentéisme au Parlement) se sont constitués des patrimoines conséquents grâce aux impôts.
Cela pourrait faire monter « le populisme », n’est ce pas ? Et le « populisme » c’est le mal.
La garde rapprochée de la classe politique (aussi appelée presse) commence donc à se mettre en ordre de bataille. Ce matin, Hervé Gattegno dans le Point tire le premier : « La transparence n’est pas un idéal…mais un cauchemar ! »
Vous allez voir. Ce n’est que le début. Les articles sur « la tyrannie de la transparence » vont se succéder. Après avoir jeté quelques déclarations de patrimoine, non vérifiées, en pâture aux curieux, le système va vite se reverrouiller au nom du droit à l’opacité.
Et pour cause.
« Les dictatures ne résistent pas longtemps à la transparence » (J. Chirac,expert, spécialiste du financement occulte)