"François Hollande veut employer, contre les opposants au mariage homosexuel, la même détermination brutale qu’il applique avec efficacité contre les terroristes islamistes du Mali. La gauche aux abois, déconsidérée par les affaires, approuve son coup de force législatif. La stratégie consiste à faire voter définitivement la loi, en procédure accélérée, dès le 23 avril. Les débats de deuxième lecture devant l’Assemblée seront pour cela limités à 25 heures et le gouvernement pourra légiférer par ordonnances. Le but de cette offensive est de faire taire au plus vite des adversaires qui sont en train de gagner la bataille de l’opinion, tandis que le chef de l’Etat et son premier ministre s’effondrent. Un récent sondage du Parisienindique que 55% de Français sont opposés au mariage et l’adoption pour les couples gays. Cependant, le Hollande chef de guerre au Mali ne semble pas vouloir comprendre que les opposants au mariage homosexuel ne sont, eux, ni des ennemis, ni des intégristes, ni des fascistes, ni des extrémistes, ni des ligueurs, ni rien de tout ce qui ressemble aux caricatures reproduites avec bienveillance dans les médias qui, tous, ânonnent sur le retour des années trente.Karl Zéro, en mal de notoriété, ne trouve rien de plus élégant, ce lundi, que d’accuser publiquement sa belle sœur, Frigide Barjot, d’être "manipulée" par l’extrême droite. Mais ces vieux procédés de diabolisation n’impressionnent plus. Le rapport de force s’est inversé.
La nouvelle réalité est un pouvoir politique qui a perdu sa crédibilité, et une société civile en pleine vigueur contestataire. Elle ne supporte plus d’être méprisée, détestée, au point de devenir inexistante aux yeux des dirigeants. Son aspiration à davantage de démocratie l’éloigne des sottes comparaisons avec les années trente et leur fascination pour les totalitarismes. En revanche, le gouvernement reproduit cette époque malsaine. Pierre Birnbaum, spécialiste du populisme, explique (Le Monde de ce week-end) : "J’ai écouté attentivement ce qu’a dit François Hollande, le 10 avril, à la sortie du conseil des ministres. J’ai été étonné par les mots et les métaphores qu’il a employés. "Nécessité d’une lutte implacable contre les dérives de l’argent, de la cupidité et de la finance occulte" : comment ne pas penser aux années 1920-1930, à la dénonciation du "mur de l’argent", des "ploutocrates" et des "200 familles?". La violence est du côté du gouvernement paniqué, qui attise les braises en tentant de caricaturer un mouvement de masse qui ne peut se réduire à quelques groupuscules montés en épingle. De plus en plus de Français ont de bonnes raisons de s’estimer agressés par le chef de l’Etat. Hollande prend le risque d’avoir à répondre des conséquences de la colère populaire qui va probablement s’exprimer dès cette semaine. Où est "l’apaisement" promis? "