Entre dérisoire et grotesque, un texte a été voté hier à l’Assemblée qui sera cité par les civilisations qui nous succéderont comme un signe de l’aveuglement des sociétés qui meurent.
Le mariage gay est à l’Occident ce que le sexe des anges était à Byzance, l’art de se concentrer sur une impasse quand les concurrents galopent dans la plaine ouverte à leur invasion. Tandis que la vieille Europe se recroqueville sur ses petits bonheurs consuméristes et individualistes, dont la réalité s’érode à mesure que diminue la vraie richesse et que se retire le reste de sa puissance, la Chine, l’Inde conquièrent avec l’ensemble de l’Asie la maîtrise du monde.
Il est frappant de constater que la liste des 17 pays qui ont voté cette réforme absurde appartiennent à « l’Occident Chrétien », préservé des autres religions et à l’abri du communisme, et dont le matérialisme libéral ou social-démocrate n’en finit pas de régler ses comptes avec l’Église Catholique. Chez les Protestants du nord, c’est une formalité.
Chez les Catholiques du sud, c’est une revanche politique contre l’Église de Madrid à Buenos-Aires, de Lisbonne à Sao Paolo. Quant à l’Afrique du Sud, sa minorité d’Européens du Nord a tant de choses à se faire pardonner en matière de ségrégation auprès d’une majorité noire protestante, elle aussi, que le seul pays réellement développé d’Afrique est aussi le seul à avoir enfourché ce signe ambivalent de l’avancée et du déclin.
Les pays où l’Église Catholique est toujours au cœur de la société, et n’est pas contestée politiquement, résistent davantage. Ceux qui viennent de s’asseoir à la table du festin capitaliste ont d’autres rêves à caresser. Ils montent et nous descendons.
Les États-Unis sont divisés entre l’illusion californienne d’un lien nécessaire entre créativité technique et anarchie sociétale, d’une part, et la résistance d’une nation jeune qui veut encore dominer l’avenir du monde, d’autre part. Cette confrontation entre le politiquement correct de San Francisco et la culture de vie qui anime toujours les Américains s’est traduite par une défaite des partisans du mariage unisexe lors du référendum californien.
On observera que les vieux États du nord-est, accrochés à l’Atlantique, et par-delà à l’Europe l’ont au contraire voté. Ce vote se présente curieusement comme un progrès alors qu’il est le fait des pays qui ont leur avenir derrière eux, des sociétés dont la pensée commune s’emmure dans le présent et l’individu, quand le futur appartient à celles qui cultivent l’élan collectif.
C’était le secret des « 30 glorieuses » et du mouvement qu’a connu l’Europe après la seconde guerre mondiale, la réalisation d’un rêve populaire, dans une société libre et solidaire à la fois, au sein de laquelle des personnes suffisamment autonomes dans leur action mais sécurisées par la stabilité des familles et la force des États pouvaient créer, entreprendre et transmettre.
La construction européenne devait être l’aboutissement de cette espérance. Elle s’est enlisée dans la technocratie et n’est plus aujourd’hui que l’acteur et le notaire du déclin d’un continent.
À la perte déjà consommée de sa puissance militaire, l’Europe ajoute en ce moment même son effondrement économique. Sa démographie est en berne. Les inventions se font autour du Pacifique, les produits viennent de l’est, et les populations du sud. Et l’Europe frétille à l’idée que des personnes qui ne peuvent pas avoir d’enfants puissent fonder des familles !
La France n’a pas manqué de respecter son identité. Pays de l’entre-deux, elle a connu un affrontement dont elle ne se croyait plus capable.
À gauche, il y a la caste des notables soixante-huitards, repus et bedonnants, qui justifient si plaisamment la vision que Jacques Brel avait des Bourgeois, les héritiers décadents des « laïcards » de la fin du XIXe, trépignant de joie à l’idée de diviser les Français et d’effacer la véritable identité de notre pays.
À droite, a ressurgi du néant avec le Printemps Français, tout un peuple manifestant pour conserver une idée de la France, de sa civilisation, et à travers elle de l’humanité. Cela vous a une autre gueule que de manifester pour des intérêts privés, ou de voter pour eux comme l’ont fait certains députés ou sénateurs UMP !
Les manifestants interpellés avec vigueur par la police tandis qu’on va amnistier les casseurs sociaux ne se battent que pour leur idéal. La France était l’État-Nation par excellence. Michel Debré disait que c’était un peuple, des frontières et une transcendance. Aujourd’hui, l’État impuissant sur les vraies questions fait mine de résoudre de faux problèmes, les frontières ont disparu, mais il y a encore un Peuple qui est animé par une transcendance, et qui est prêt à redresser la France par « le génie du renouveau ».
C’est à lui qu’il faut donner la parole.
Député Honoraire - Président du RPF - Président de Famille et Liberté