Le vent de fronde contre l’Europe de Bruxelles a soufflé très fort le 2 mai chez les sujets de sa très gracieuse majesté. A un an des élections européennes, le Parti pour l’Indépendance du Royaume Uni (UKIP) de Nigel Farage, fondé en 1993 dans la foulée du traité de Maastricht, a réalisé une percée spectaculaire. Qualifié de rassemblement de « barjos, de cinglés et de racistes » par David Cameron en 2006, lequel a depuis fortement musclé son discours sur l’Europe et les flux migratoires devant le raidissement de l’opinion britannique, l’UKIP (11députés européens depuis les élections de 2009) a obtenu en moyenne 25% des suffrages aux élections locales dans les 1734 communes où il présentait un candidat.
L’UKIP devance désormais le Parti libéral-démocrate (Lib-Dem) qui a obtenu 14% des suffrages, allié avec le parti conservateur de M. Cameron formant la coalition au pouvoir. Il fait donc jeu égal avec les Tories (droite) à 25 %, tandis que le Labour (gauche) est en tête avec 29 %.
Joris Karl a évoqué sur Boulevard Voltaire un résultat qui sonne peut être comme « la revanche d’Enoch Powell » lequel en 1968 « alors favori pour gouverner le pays, avait énoncé sa terrible prophétie : Nous devons être fous, littéralement fous à lier dans ce pays, pour autoriser chaque année l’entrée de 50.000 personnes qui seront à l’origine de la future augmentation de la population d’origine immigrée. J’ai l’impression de regarder ce pays construire frénétiquement son propre bûcher funéraire ».
Les médias europhiles se sont comme de juste inquiétés de cette percée, qui soulignant « les passerelles » entre UKIP et nos amis du British National Party (BNP), qui évoquant les « dérapages » de certains de ses candidats.
Dans les faits l’UKIP véhicule surtout à l’origine une idéologie libérale d’essence Thatchérienne, voire libertarienne , qui a été modérée sous l’effet de la crise. Le journal britannique The Observer constate en effet assez justement que « Les principales préoccupations des sympathisants de l’Ukip sont l’immigration, l’identité nationale, l’hostilité à l’Union européenne et la désaffection envers la politique as usual ». Ces thématiques lui ont permis d’élargir la base électorale du parti au-delà « des réactionnaires blancs de classe moyenne »
C’est dans ce climat de rejet grandissant des oukases de Bruxelles, après ce choc politique au Royaume-Uni succédant au coup de tonnerre des élections italiennes et le score du populiste Beppe Grillo dont le parti a aussi raflé 25% des voix , que Pierre Moscovici a crié au miracle et à une victoire de la diplomatie française.
Dimanche, dans l’émission Le Grand Rendez-vous Europe 1-I>Télé-Le Parisien, le ministre de l’Economie et des Finances a assuré que le délai que la Commission européenne a bien été obligée d’accorder à notre pays en récession pour réduire son déficit public à 3% du PIB , est «un tournant décisif dans l’histoire de la construction européenne depuis que l’euro existe ».
« On a assisté à la fin d’une certaine forme d’orthodoxie financière et à la fin du dogme de l’austérité», « c’est une victoire pour les thèses françaises » qui a été obtenue « parce que nous avons une politique crédible » a affirmé M. Moscovici.
Dans les faits, et faute d’agir sur les causes principales du déclin français – coût faramineux de l’immigration, assistanat, fiscalisme confiscatoire frappant entreprises et particuliers, tares de l’Education nationale,refus d’un protectionnisme intelligent, monnaie unique non adaptée, soumission l’euromondialisme…- gageons que les mesures « d’austérité » prônées par François Fillon seront finalement appliquées par les sociaux-démocrates européistes du PS : retour aux 39 heures, retraite à 65 ans, hausse de 5% de la TVA. Sans grands résultats eu égard à l’ampleur de a crise.
Le 25 avril dernier, Yves de Kerdrel signait un éditorial dans Valeurs actuelles sous le titre « Rendre l’Europe aux Européens ». Il relevait que .l’Europe bruxelloise « est le plus grand gâchis de ces vingt dernières années. Un gâchis économique et financier. Un gâchis humain, surtout (…) ».
Une Europe «qui tue petit à petit l’industrie, l’agriculture, la banque, l’assurance, le made in France, mais aussi nos villages. Et qui prive chacun de ses libertés à cause d’une multitude de normes aussi ineptes qu’inutiles, ou qui sert de passoire à des centaines de milliers d’immigrants comme à des milliards de produits asiatiques (…) ».
Bref il s’agit dit-il, de refonder « une Europe moderne et efficace, qui doit être respectueuse des États et de ses individus. Cela passe par la reconstruction complète de la gouvernance européenne et de cette administration bruxelloise aussi incompétente qu’inefficace. Cela passe par la redéfinition de vraies frontières (…) des frontières qui protègent chaque pays de l’invasion de populations non désirées et de produits qui viennent détruire nos emplois. Cela passe enfin par une remise à plat complète de la monnaie unique, qui a davantage coûté à l’Europe qu’elle ne lui a rapporté (…) ».
« Jamais la croissance économique n’a été aussi faible en Europe au cours des cinquante dernières années que depuis la mise en œuvre de l’euro ». Et M. de Kerdrel de prôner une Europe « de la coopération renforcée entre Etats , comme celles faites dans le passé pour l’espace ou l’aéronautique. »
Il invite également à la réduction de « ces États providence qui n’ont plus un sou et qui servent d’appel d’air à des immigrants ». « Pourquoi ne dit-on jamais que l’Union européenne, c’est 7 % de la population mondiale, 25 % de la richesse mondiale, mais 50 % des allocations en tout genre versées dans le monde… ? Ce n’est pas en faisant des chèques en bois qui devront être payés par les générations futures que l’on protégera les Européens. À l’heure actuelle, parmi les six pays les plus puissants du monde, trois sont européens. En 2020, parmi les dix pays les plus puissants de la planète, plus un seul ne sera européen. »
Il est piquant de constater, note Bruno Gollnisch, qu’en ce qui concerne notamment la question centrale de l’Europe bruxelloise, nombreux sont ceux qui taxaient il y a encore quelques temps, le FN d’irréalisme, d’extrémisme, de passéisme, de repli frileux, mais qui se rangent désormais, au moins en partie, aux vues, aux souhaits développés par le Mouvement national. Il faut s’en féliciter !
Certes, l’autisme des eurocrates qui vivent sur la « bête », les mains dans le portefeuille des contribuables, la dictature intellectuelle de leurs agents d’influence qui, dans le monde politique comme médiatique, s’acharnent à expliquer que « Hors de Bruxelles, il n’y a point de salut », ne se dément pas.
Nigel Farage a dressé il y a peu le portrait psychologique de cette coterie européiste qui vit dans sa bulle:
« Ce qui me surprend, c’est qu’alors que 5 pays ont déjà dû bénéficier d’un plan d’urgence dans la zone euro, et qu’un sixième est en train de se présenter, que l’opinion publique de la plupart des pays européens est en train de changer rapidement et de s’élever contre ce modèle centralisé, c’est qu’il y ait encore si peu de personnes au sein de ces institutions qui seraient prêtes à ne serait-ce qu’envisager que quelque chose cloche avec le projet européen. »
Et de poursuivre : « Maintenant, quand je pénètre dans cet immeuble à Bruxelles, j’ai l’impression d’être entouré par des adeptes de la scientologie, des adeptes d’un culte étrange, qui continuent de croire en leur projet alors même que le désastre est général!»
Gageons là encore que tout ce petit monde sera lui aussi rattrapé par le réel. Et la chute sera brutale.