Du Printemps français :
"Manuel Valls, qui a le sens de la formule, parle de "bousculades et mouvements de foules" : trente blessés, vitrines saccagées, voitures brulées, car de touristes pillé… Les journalistes traqués par les casseurs (BFM TV), les fourgons de CRS retirés de la manifestation dix minutes avant (BFM TV), les policiers débordés et la Préfecture de police qui prétend ne pas avoir pu prévoir les débordements (réflexion faite, "bousculade" paraît faible), alors que le soir même de la victoire du PSG, les Champs Elysées envahis connaissaient les premiers incidents – et que la Préfecture avait interdit la descente des Champs.
Les incidents (franchement, "bousculades"…) étaient évidemment prévisibles vu la façon dont chaque match comporte son lot de dégradations et de violence. Il est vrai qu'une cérémonie marchande à grande échelle, à la gloire d'un club de foot, ne doit pas être perturbée par des basses considérations sécuritaires, et que des casseurs avides de viols ne sont pas potentiellement dangereux pour le régime. Pourquoi aurais-je été gâcher la fête, demande désemparé le préfet de police qui n'hésite pas à ordonner aux CRS de frapper des femmes à terre et de gazer des enfants.
Ce matin, les Français peuvent contempler comment un pouvoir légal et prétendument légitime instrumentalise les forces de l'ordre pour réprimer les opinions, et préfèrent harceler les manifestants non-violents comme les Veilleurs plutôt que de protéger les citoyens. Les dix fourgons de CRS sont partis protéger une bien autrement plus précieux, Manuel Valls, accueillis par les opposants à sa descente de train : il ne risquait rien, mais le préfet, délicat, a préféré ne pas lui infliger la vue désagréable de nos militants.
Le pouvoir n'a pas peur des casseurs, totalement aliénés, il a peur de ceux qui veulent ne plus se soumettre aux diktats de la bienpensance et qui n'entendent plus subir la violence faite aux esprits. Le pouvoir ment quand il parle des violences en marge des manifestations contre la loi Taubirator : nos bousculades n'ont pas fait un seul blessé chez les policiers, même bêtement violents, pas un scooter n'a été brulé, pas une vitrine brisée.
Manuel Valls ne démissionnera pas car il sait que tant qu'il exercera une répression injuste contre les vrais opposants au pouvoir le pouvoir le soutiendra. Le préfet de police ne sera pas limogé (sinon pour être remplacé par un autre exécutant des basses œuvres) car il a fidèlement menti sur les chiffres, fidèlement déversé des hordes de CRS inutiles sur les manifestants, fidèlement travaillé à rogner les ailes de la contestation.
Le pouvoir ment et les médias le savent : il n'empêche, le pouvoir et ceux qui le soutiennent n'hésiteront jamais à parler de radicalisation chaque fois que vous aurez le courage de descendre dans la rue, le courage de vous asseoir pacifiquement, le courage de crier votre volonté de ne pas céder."