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À Cannes, une nouvelle fois, le Système nous fait son cinéma

Steven Spielberg, le roi de la fiction, présidait le jury.
Le cinéma est un art trompeur par excellence. Car l’image subjugue le public comme cela fut perceptible dès la première projection de L’Entrée en gare de La Ciotat, au tout début du cinéma. Cet effet n’a pas diminué, bien au contraire, avec l’explosion des techniques cinématographiques et des « effets spéciaux » en tout genre. M.G.

Un instrument de sidération

Le cinéma ne nous montre en réalité qu’un artifice, qui ne correspond pas à la vraie vie. C’est pourquoi le cinéma constitue un divertissement, dans tous les sens du terme.
Au cinéma la police met toujours hors d’état de nuire les méchants. Au cinéma les bons sont gentils et les méchants vraiment mauvais. Au cinéma les savants et les informaticiens sont en général incarnés par des acteurs afro-américains et les immigrants sont toujours sympas. Au cinéma les Français sont des beaufs débiles sauf s’ils aident des immigrés en situation irrégulière.
Le cinéma représente pour cette raison même un instrument de sidération que les différents pouvoirs et régimes n’ont pas hésité à utiliser pour promouvoir leur idéologie ou leur doctrine.

Cannes et La Vie d’Adèle où le sacre de l’oligarchie

Le Festival de Cannes vient de nous en apporter une nouvelle preuve en donnant la Palme d’or au film d’Abdellatif Kechiche La Vie d’Adèle, film édifiant portant sur les états d’âme d’une jeune lesbienne.
« Un choc émotionnel, érotique et politique », s’esbaudit Le Monde du 25 mai dernier et avec lui toute l’oligarchie médiatique qui nous gouverne.
Le film ne nous montre-t-il pas ce qui se passe « dans l’esprit d’une adolescente qui découvre son homosexualité, qui comprend qu’elle n’a plus sa place dans la meute grégaire des adolescents », écrit le commentateur de service, qui considère donc que les hétérosexuels sont « grégaires », soit dit en passant.
Que ce film manifestement barbant (3 heures, rien de moins, et comme il ne s’agit que des chapitres 1 et 2, il faut s’attendre au pire) consacré à ce passionnant sujet soit couronné à Cannes alors que des centaines de milliers de Français manifestent dans les rues depuis des mois contre la loi Taubira en dit long sur la profondeur du gouffre qui sépare l’oligarchie médiatique et friquée qui domine les écrans – et par conséquent le pays – du reste de la population.
Mais la France d’en bas n’était pas invitée à Cannes. Seulement celle qui roule en Porsche ou en Ferrari.

Un festival contrefait : l’alliance obscène du fric et des cultureux

Tout le monde a vu et revu le déroulement contrefait de ce festival : cet étalage indécent de tenues de soirée, de belles nanas ou de mondaines au bras d’acteurs bronzés (jusqu’à leur prochain divorce), de personnalités entourées d’un service d’ordre omniprésent mais discret (mais plus efficace que dans nos banlieues) et de nombrilisme médiatique, sous le bombardement des flashs.
Tout y passe dans le registre du convenu : notamment la « surprise » et « l’émotion » des acteurs qui ne s’attendaient pas, bien sûr, à leur nomination. Et tout le monde de s’embrasser sous l’œil attendri des caméras. Et tout ce microcosme de s’auto-congratuler.
Cannes représente en effet l’alliance obscène du fric, des « cultureux » et du spectacle puisque le cinéma est une industrie comme une autre et qui pollue, d’ailleurs, comme les autres.

La guerre des étoiles

Steven Spielberg présidait le jury.
Comme il est symbolique que le jury qui a nominé un tel film ait été présidé par celui qui a porté à l’écran tant de fictions spectaculaires, véritables rouleaux compresseurs cinématographiques au service de la puissance et de l’idéologie américaine !
Cannes ne célèbre que la fiction, en effet, car le festival promeut une vue du monde particulière. Comme le déclarait pour s’en réjouir le vice-président américain Joe Biden, les arts et la culture « modifient les attitudes des gens ». Dans le sens voulu par les commanditaires, évidemment.
Le cinéma a pour cette raison été largement utilisé depuis longtemps pour promouvoir partout dans le monde la vue du monde yankee et les intérêts stratégiques américains.
C’est pourquoi on nous inonde de films où les méchants sont incarnés par des Russes, des Chinois, des Européens de souche (évidemment fascistes) ou des Iraniens. C’est pourquoi ces films promeuvent en permanence la dissolution de tout ce qui caractérise une société : ils mettent toujours en scène des marginaux en révolte et si possible solitaires : car il faut promouvoir une société d’individus. C’est pourquoi ils rabaissent tout.
En permanence le Système nous fait son cinéma.
Michel Geoffroy, 30/05/2013 http://www.polemia.com

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