Le 24 mars dernier, lors du duel opposant au second tour dans la seconde circonscription de l’Oise, la candidate frontiste Florence Italiani à l’UMP Jean-François Mancel, la progression enregistrée par l’opposition nationale avait surpris les observateurs. Le FN avait obtenu 48,59% des suffrages et quasiment doublé le nombre de voix recueilli au premier tour. Et ce, malgré les appels au front ripoublicain entonnés par les ténors de l’UMPS. Marine s’était félicitée d’une élection démontrant «une extraordinaire accélération de la dynamique du Front National et un magnifique signal d’espérance.» Une nouvelle démonstration en a été apportée hier dans la troisième circonscription du Lot-et-Garonne où, face au notable UMP Jean-Louis Costes, le frontiste Étienne Bousquet-Cassagne a profité d’une abstention en recul ( 47, 53%) pour quasiment doubler son nombre de voix du premier tour (de 8 552 à 15 647) et gagner 20 points ce dimanche (de 26, 04%à 46,24 %). « Et cela précise Michel Guiniot, le chevronné directeur de campagne d’Étienne Bousquet-Cassagne, dans un département plus difficile pour le FN que dans l’Oise »…
Le Parisien, on se rassure comme on peut, indique qu’ « En dépit de sa progression, le FN confirme toutefois à travers cette élection son incapacité à passer la barre des 50 % dans un scrutin uninominal à deux tours. Seule Marie-France Stirbois était parvenue à l’emporter à Dreux en 1989 en face- à-face. »
Pourtant, à bien y regarder, dans 50 des 121 communes de cette troisième circonscription du Lot-et-Garonne, Étienne Bousquet-Cassagne devance le candidat UMP et gagne trois cantons sur les 14 de la circonscription . « Le point de bascule se fera lors des prochaines échéances électorales, aux municipales et aux européennes. » a-t-il prédit.
Un résultat d’autant plus encourageant que le front républicain semble faire la preuve de son obsolescence, cette consigne intimant l’ordre de voter pour un candidat du Système étant de moins en moins pris au sérieux par les électeurs, de droite comme de gauche.
Certes, note Le Parisien, si « le vote blanc a gagné près de 4 000 voix pour atteindre 14,5 % des votants », « difficile d’écarter l’idée que de très nombreux électeurs de gauche, au cours d’un scrutin où la participation a gagné 7 points, ont contribué à l’élection de Jean-Louis Costes, qui, lui aussi, a engrangé deux fois plus de voix que dimanche dernier ».
Ce qui est assez cocasse quand on sait que Jean-Louis Costes cultive une image très très droitière puisqu’il est réputé proche d’un groupuscule lié à l’UMP, le MIL(Mouvement initiative et liberté). Une structure héritière du SAC (service d’action civique) de sinistre mémoire, utilisée déjà abondamment à l’époque du RPR, pour susciter des candidatures parasites afin d’empêcher les candidats FN de faire le plein des voix patriotes et/ou d’accéder au second tour.
M. Costes a immédiatement relayé hier le discours habituel de l’UMP en expliquant que « le Front National fait commerce de démagogies mais, du moment qu’on gratte le vernis idéologique, on constate qu’il n’y a pas l’ombre d’un programme. »
Même son de cloche, même disque rayé de Jean-François Copé qui, tout en constatant que « la notion de front républicain ne repose sur aucune réalité » , a défendu « une droite décomplexée, fière d’elle-même, qui assume un discours d’autorité, intraitable sur les questions d’insécurité, d’immigration, de montée des intégrismes sous toutes leurs formes » (sic). Bref, tout ce que l’UMP au pouvoir pendant dix ans n’a pas su ou voulu faire !
« L’UMP est un parti de gouvernement (…) le Front National n’est pas un parti de gouvernement » a répété M. Copé, fustigeant « la philosophie du rejet et de la peur » qui serait l’apanage du discours frontiste et rejetant de nouveau « toute alliance électorale avec le Front National. »
Ce cordon sanitaire antinational, que les Français qui se sont réveillés ne comprennent plus, est en effet encore bien présent dans les têtes des acteurs du microcosme politico-médiatique. En témoigne cet éditorial pathétique paru dans un journal qui se veut de référence, Le Monde en date du 22 juin, qui recoupe les « analyses » de MM. Copé , Fillon et consorts.
II y est écrit que « (le FN) s’il avance masqué, n’a renoncé à aucune des idées forces qui l’animent : attiser les peurs de la société française plutôt que les apaiser, stigmatiser les « élites« , jetées en pâture au « peuple« , rejeter l’Autre dès lors qu’il n’est pas gaulois de souche, fermer les frontières du pays contre l’Europe et la mondialisation.»
«Quoi qu’il en coûte aux uns ou aux autres, le front républicain reste donc la seule riposte contre ce parti rétrograde, nationaliste et xénophobe. Sans quoi, droite comme gauche n’y perdront pas seulement des élections mais aussi leur âme. »
Un ramassis de clichés enfantins et de poncifs éculés qui ne fonctionnent en effet plus vraiment. Arnaud Montebourg est -il plus proche de la vérité quand il déclare, ce fut le cas hier dimanche sur France Inter, que le président de la Commission européenne « José Manuel Barroso est le carburant du Front National » ?
« Je crois a ajouté le ministre du redressement productif que la principale cause de la montée du Front National est liée à la façon dont l’UE exerce aujourd’hui une pression considérable sur des gouvernements démocratiquement élus »
M. Montebourg n’a pas tort et aux côtés du refus de l’immigration de peuplement qui saccage notre pays et des insécurités grandissantes, ce rejet d’un euromondialisme qui détruit notre prospérité et nos libertés est un facteur structurant du vote FN.
Mais à qui la faute ? Elle est de la responsabilité conjointe du PS et de l’UMP affirme Bruno Gollnisch ; celle d’avoir abandonné par idéologie à Bruxelles des pans entiers de notre souveraineté. Les mâles déclarations de « l’internationaliste » Montebourg n’effacent pas cette réalité là. Les « Etats profonds » PS et UMP, un Barroso et un Fillon, un Copé et un Moscovici, sont intimement liés par la même vision du monde. Le carburant du FN ce sont les Français lucides qui veulent le rester, tout simplement. Rendez-vous en 2014.