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Non à la prison pour délit d’opinion

En France, il y a toujours beaucoup de pétitionnaires pour défendre les libertés en Chine, au Kamtchatka, en Birmanie ou en Iran. Bruyant mais facile. Il y a, hélas, moins de monde au portillon pour défendre les libertés… en France. Toujours à contre courant de l’idéologie dominante, c’est pourtant ce qu’a choisi de faire Polémia.
Car quand un Français est en prison en France pour un simple délit d’opinion – et ce pour la première fois depuis les périodes de guerre – il n’est pas possible de se taire.
Emprisonnement de Vincent Reynouard : Radio Courtoisie brise l’omerta

Jusqu’à présent les médias français, agences de presse comprises, ont observé un silence complet sur l’emprisonnement de Vincent Reynouard. Une radio vient pourtant de briser l’omerta : Radio Courtoisie (95.6 mHz), le lundi 30 août, dans l’émission « Le rendez-vous politique de la réinformation » (reprise le mardi 31). Etaient présents : Henry de Lesquen, président de Radio Courtoisie, Jean-Philippe Arlaud, ancien commandant de police, Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia, Eric Letty, directeur de la rédaction de Monde & Vie.

Annonçant la seconde partie de l’émission, Henry de Lesquen explique : « J’aurais envie de commencer d’ailleurs la seconde partie de cette émission en disant qu’il y a au moins des délits pour lesquels on trouve des places dans les prisons, ce sont les délits d’opinion puisqu’on vient de jeter Monsieur Vincent Reynouard en prison en France pour un délit d’opinion, le seul délit d’opinion, à ma connaissance – bon, ce n’est pas le seul mais en tout cas c’est celui qui est pénalisé le plus gravement – qui est le délit de révisionnisme ou encore on dit négationnisme, c’est-à-dire que Vincent Reynouard est un militant – ce n’est pas un historien, c’est un militant révisionniste – et en raison de ses opinions il a été mis en prison ; il n’a pas été condamné à une amende : il a été condamné à de la prison. Voilà. Je vous donne rendez-vous, chers amis de Radio Courtoisie, dans deux minutes. »

Deux minutes plus tard :
« Nous allons donc parler du cas de Vincent Reynouard qui est donc en prison, dans une prison française, après avoir été extradé de Belgique. Le seul crime qu’il ait commis ou le seul délit qu’il ait commis, c’est d’avoir émis une opinion interdite sur le sujet des chambres à gaz dans les camps de concentration.

Jean-Yves Le Gallou : Il a diffusé un opuscule de 16 pages, je crois, révisionniste, qui lui a donc valu d’être condamné à un an de prison par la Cour d’appel de Colmar – en première instance, d’abord, puis par la Cour d’appel de Colmar ensuite. Alors, vous me direz : un an de prison, en général, quand on est condamné à un an de prison, on ne le fait pas puisque justement on manque de place dans les prisons et là, en l’occurrence, on a trouvé une place ; en l’occurrence, ce père de famille de 8 enfants a eu beaucoup de chance puisqu’on lui a trouvé une place dans une prison ! Il était en Belgique et le gouvernement français a obtenu son extradition et il est maintenant en détention à la prison de Valenciennes. C’est quand même un événement dont la presse n’a absolument pas parlé. Or, la réinformation, ça consiste à parler aussi des événements réels dont la presse et les grands médias ne parlent pas : et c’est un événement important puisque c’est la première fois en France, depuis très, très longtemps, que quelqu’un est en prison exclusivement – non pas pour un acte, non pas pour une violence, non pas pour un vol – exclusivement pour l’émission d’une opinion. Alors, on va dire, effectivement : « Ah oui mais, c’est une opinion odieuse », ce qui n’est évidemment pas un argument. La question de savoir si l’opinion est odieuse ou pas n’est pas un argument pour savoir si on doit mettre quelqu’un en prison puisque jamais aucun régime n’a mis en prison les gens dont il trouvait les idées sympathiques : ni Mao, ni Staline, ni Kim Il-Sung, personne ne met en prison les gens dont il trouve les idées sympathiques. Donc dire « il a des idées odieuses » ce n’est évidemment pas un argument recevable ; de même que dire : « Oui mais c’est contraire à la vérité » n’est pas non plus recevable dans la mesure où dans les domaines historiques, dans les domaines scientifiques ou dans les domaines politiques on considère, dans les sociétés européennes – depuis très longtemps parce que ça ne remonte pas seulement à la Déclaration des droits de l’homme, ni à la Renaissance, ça remonte à la réforme papale du XIe siècle et même au-delà, aux Grecs : est vrai dans ces domaines-là ce qui est librement réfutable ; c’est-à-dire qu’on peut dire : une proposition est vraie si d’autres ont la possibilité de démontrer qu’elle est fausse. Eh bien, malgré cela, Vincent Reynouard est en prison, en France, pour délit d’opinion et ça, je crois que c’est un événement qui mérite d’être souligné. Cela a valu à la France – c’est quand même un peu triste – des déclarations des autorités iraniennes et des autorités vénézuéliennes pour condamner cette atteinte aux libertés, ce qui est évidemment un petit peu ironique mais, après tout, la vérité c’est qu’effectivement il y a des choses qu’on peut dire à Paris et pas à Téhéran, mais il y a aussi des choses qu’on peut dire à Téhéran mais qu’on ne peut pas dire à Paris.

Henry de Lesquen : Allez dire à Téhéran que Mahomet n’est pas…

Jean-Yves Le Gallou : Voilà. C’est permis à Paris mais c’est pas permis à Téhéran, par contre d’autres choses qui ne sont pas permises à Paris sont permises à Téhéran. En tout cas ça pose véritablement le problème de la liberté d’expression et le fait qu’on mette en prison, pour la première fois vraiment depuis très, très longtemps, quelqu’un EXCLUSIVEMENT pour des écrits, eh bien, c’est effectivement préoccupant parce qu’il ne faut pas se faire d’illusions : aujourd’hui on commence par un cas de délit d’opinion révisionniste mais je signale que la même loi prévoit de mettre en prison – même si on ne le fait pas pour le moment – pour délit d’opinion « raciste » et on sait très bien que des tas de gens ont été condamnés et pas seulement d’ailleurs, par parenthèses, à « l’extrême droite », mais dans tous les milieux… (…) pour des propos qui n’étaient pas politiquement corrects, dans le domaine de l’immigration ou dans d’autres domaines. Je crois qu’il est extrêmement grave, extrêmement grave, vraiment, je pèse mes mots, de mettre quelqu’un en prison pour délit d’opinion, en France, en 2010. Alors, il y a un historien qui fait circuler une pétition, d’ailleurs bien écrite : Monsieur Blanrue. Cette pétition, nous l’avons mise à disposition, à connaissance des lecteurs de Polémia puisqu’elle est en ligne sur Polémia, mais elle circule aussi… C’est d’ailleurs intéressant de voir qu’elle suscite un intérêt de milieux extrêmement différents car je crois que la liberté d’expression c’est un sujet qui mérite de s’y intéresser au-delà des clivages politiques.

Henry de Lesquen : Jean-Yves Le Gallou, demander la libération de quelqu’un qui est en prison pour une opinion qu’il a soutenue, ce n’est pas soutenir l’opinion. M. Badiou, par exemple, est un philosophe marxiste. Il dit beaucoup de bien de Staline, Lénine, Marx, Engels, bien sûr, mais aussi Mao et Pol Pot, ses opinions sont odieuses, mais s’il y avait une loi qui permettrait de mettre en prison M. Badiou pour ses opinions je serais le premier à signer une pétition pour la libération de M. Badiou. Vous aussi, je suppose, Eric Letty ?

Eric Letty : Oui, tout à fait. Ou de Georges Frêche, qui aime bien les statues…

Henry de Lesquen : Vous êtes pour la libération de M. Badiou… Eh bien, ce qu’il faut dire c’est que, d’une part, effectivement il y a deux principes de liberté – c’est bien la peine d’avoir une devise qui s’appelle « Liberté-Egalité-Fraternité » pour qu’on ose mettre en prison quelqu’un qui a une opinion non conforme à l’opinion dominante : la loi du 13 juillet 1990 qui a permis de mettre M. Vincent Reynouard en prison en France – Vincent Reynouard qui est français d’ailleurs, habitant la Belgique…

Jean-Yves Le Gallou : Il était réfugié en Belgique ; il aurait pu se réfugier plus loin, peut-être, je ne sais pas…

Henry de Lesquen : La loi du 13 juillet 1990 c’est la loi Gayssot. M. Gayssot était un député communiste, donc une loi communiste, d’esprit totalitaire, qui impose une opinion par la force de la loi. Et ça c’est dramatique. C’est dramatique, d’ailleurs, parce que, en fait, c’est contre-performant parce que les gens qui ne sont pas historiens, comme moi, et qui se disent « Mais enfin, c’est quand même bizarre : on n’a pas fait une loi pour interdire aux gens de dire que la Terre est plate. Si quelqu’un veut dire que la Terre est plate on ne peut pas le lui interdire. Vraiment, quel est le problème ? » et on fait une loi pour punir les gens qui prétendent que les morts dans les camps de concentration allemands ne sont pas morts avec le gaz mais d’une autre manière. Bon, ça c’est assez incompréhensible. Cela s’appelle le délit de contestation de crimes contre l’humanité et c’est un délit passible de la peine de prison. Le problème c’est que, quand on n’est pas spécialiste d’une question, on fait confiance aux spécialistes de la question, aux historiens en l’occurrence. Mais à une condition ! C’est que la liberté de discussion soit possible. Comment peut-on faire confiance à des spécialistes d’une question s’il n’y a pas de possibilité de contredire et si on n’oblige pas ceux qui défendent la position officielle à réfuter ? Et ça va très loin : en dehors de la question de la loi proprement dite, le terrorisme intellectuel peut suffire. Dans la question du climat il a presque réussi, jusqu’à une date récente, à empêcher un vrai débat sur la thèse du réchauffement climatique soutenue par le GIEC (Organisation météorologique mondiale). Donc il faut vraiment accepter la liberté de discussion. Donc cette loi est monstrueuse dans son principe. J’ajoute, puisque je rappelle, Eric Letty, aux auditeurs de Radio Courtoisie que vous êtes directeur de la rédaction de Monde & Vie et que votre revue est une revue catholique, qui se proclame comme telle : ce qui est grave dans cette affaire, c’est qu’on a institué une loi contre le blasphème. On peut dire en France les pires horreurs sur Jésus de Nazareth, Jésus-Christ, qui est le Messie des chrétiens…

Eric Letty : Malheureusement on ne s’en prive pas.

Henry de Lesquen : On ne s’en prive pas. Mais on ne risque rien. On n’ira pas en prison quand on aura dit les pires horreurs sur Jésus. On peut même d’ailleurs prétendre qu’il n’a pas existé, on n’ira pas en prison non plus, aussi absurde que soit cette thèse. Mais si on commet le blasphème, non pas contre la religion du Golgotha, le christianisme, mais contre la religion de la Shoah, alors, là, on va en prison. La loi Gayssot est une loi qui punit le blasphème contre la religion de la Shoah. Alors, il faudrait savoir si c’est la religion officielle de la République française et si on a le droit de blasphémer la religion chrétienne mais pas la religion de la Shoah.

Eric Letty : Je crois qu’il y a quelque chose qui est assez incompréhensible, d’ailleurs, c’est que, outre le fait, comme le disait Jean-Yves Le Gallou, moi je suis historien quand même de formation, que l’histoire en soi se fait à travers des opinions contradictoires. Ça, c’est très net. Et donc là on sort de l’histoire ; la loi Gayssot ferme l’histoire, en fait. Je ne suis pas du tout révisionniste et j’en parle d’autant plus librement…

Henry de Lesquen : Si vous l’étiez vous ne pourriez pas le dire ! Alors ce n’est pas la peine de le dire. Moi je le dirais volontiers si c’était libre mais, franchement…

Eric Letty : Quoi qu’il en soit, je veux dire que le domaine historique est là fermé et remplacé par un domaine, effectivement, qui relève du dogme. Mais, ensuite, quand on nous parle de… il faudrait savoir où on se situe, si l’on se situe dans une espèce de religion, comme vous le disiez, d’Etat ou pas, mais… (…) Vous disiez tout à l’heure que c’était la première fois depuis très longtemps qu’il y avait quelqu’un qui avait été incarcéré pour un délit d’opinion. Oui, mais je vous rappellerai quand même que, sur un thème qui est celui de l’avortement, le Dr Dor avait été condamné à des peines de prison pour avoir récité un rosaire devant un hôpital; on n’est quand même pas très très loin…

Henry de Lesquen : Ce n’était pas un délit d’opinion ! Non, non. Ce n’était pas une question d’opinion. Non, non. Je dois dire que sur cette loi antirévisionniste Gayssot, ce qui est extravagant, c’est qu’on ne sait pas où commence et où finit le révisionnisme parce que : est-ce que le fait de nier, par exemple, l’authenticité de la chambre à gaz du Struthof en Alsace c’est déjà du révisionnisme ? Ou bien est-ce que dire qu’il n’y avait pas deux chambres à gaz à tel endroit mais une seule c’est du révisionnisme ? Si on dit qu’il n’y avait pas eu 6 millions de morts mais 5 millions 500.000, alors on va nous dire « Mais vous tuez une deuxième fois les 500.000 morts que vous ôtez de la statistique ! » Et ainsi de suite. C’est absurde.

Jean-Yves Le Gallou : Henry, avant de venir, il se trouve que j’ai regardé le livre d’Histoire que j’ai eu en Terminale, il y a beaucoup d’années, il y a 40 ans… Mais enfin, bon, c’était un livre d’Histoire, dans une collection dirigée par Jean-Baptiste Duroselle, qui est tout de même un très grand historien, et qui était diffusé dans à peu près 80% des lycées à l’époque : eh bien le texte dans le chapitre consacré à la seconde guerre mondiale – la période d’histoire étudiée à l’époque dans les Terminales, c’était 1914-1945 – dans le chapitre sur la seconde guerre mondiale, le passage qui concerne ces événements serait aujourd’hui susceptible d’être condamné pour révisionnisme, ce qui pose quand même un véritable problème. Alors peut-être qu’on a raison aujourd’hui et qu’on avait tort il y a 40 ans, bien sûr…

Henry de Lesquen : Mais on n’a pas raison de mettre les gens en prison pour leurs opinions, ça, non !

Jean-Yves Le Gallou : Je crois qu’au-delà même de ces aspects on touche à un aspect philosophique par rapport à l’identité européenne qui est que, sur les sujets non religieux, le critère essentiel, je dirais même unique, de la vérité, c’est la réfutabilité, la possibilité de réfuter, la possibilité de discuter. Et donc, là, je crois qu’il y a une atteinte grave aux libertés et le problème, comme toujours, est que ça commence comme ça, on sait comment ça commence, on ne sait pas comment ça continuera.

Eric Letty : Si je peux me permettre de prolonger le paradoxe que vous évoquiez tout à l’heure à propos de Jean-Baptiste Duroselle : il faut se rappeler quand même que Paul Rassinier, qui est tout de même le… le…

Henry de Lesquen : …fondateur de l’école révisionniste française

— Eric Letty : …était un ancien déporté qui était du parti socialiste et aujourd’hui, si la loi Gayssot lui avait été appliquée, il passait d’un camp de concentration allemand à une prison française…

Radio Courtoisie
(http://www.radiocourtoisie.fr)
« Le rendez-vous politique de la réinformation » 30/08/2010

Polémia 03/09/2010
* Cet article a été initialement publié le 03 Septembre 2010

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