Certaines lectures font rire, quand bien même on devrait en pleurer : « On voit donc que l'U.E. occupe une place centrale dans les échangismes internationaux »... « En 1792 la France a déclaré la guerre à plusieurs pays pour leur apporter la paix »... « Le langage corporel devient un outil de survie quand il s'agit de la reproduction de l'espèce »...
Des "ministres" qui feraient mieux de... se taire |
Bourdes de la presse écrite ? Non, extraits de copies de candidats au baccalauréat 2013, qualifié de « cru exceptionnel » par les medias. Pour la quantité des reçus, assurément.
Pour la qualité, mieux vaut s’en référer à Alain Finkielkraut, qui dénonçait récemment sur un grand écran « la mascarade du baccalauréat ». Mais son propos n'est que rappel indigné d'avertissements antérieurs : « La civilisation demande à la langue... le scrupule, la précision, la nuance et la courtoisie. C'est très exactement la raison pour laquelle l'apprentissage de la langue passait jusqu'à une date récente, par l'apprentissage des grands textes » (Le Monde, juin 2008).
Il n'est pas le seul: Gilles de Robien s'était fait des ennemis des idéologues en recommandant pour la rentrée 2006 des mesures de bon sens, mais honnies par les inspecteurs de l'E.N., sérail de gauche. Directives supprimées par Xavier Darcos, ministre nommé en 2007, renouant ainsi avec la calamiteuse réforme Haby de 1975, dont voici un produit, relevé par « Valeurs Actuelles » du 8 aout.
« Soutien total à Fréderic Haziza dont les attaques ont des relents abjects d’avant-guerre » (tweet d'Aurélie Filipetti, le contre-sens surpasse les fautes de frappe).
Mais, dernière et consternante minute, autre contre-sens, de la « garde » des Sceaux dans sa réplique à M.Valls : « Ce document comporte des propositions de réforme du droit de la peine, domaine qui ressort d'aucune façon aux compétences du Ministre de l'Intérieur ».
Conseillons lui la lecture du Littré : :ressortir(se conjugue comme finir) : être du ressort d'une juridiction. Exemples: ces affaires ressortissent au juge de paix ; l'affaire a ressorti à ce tribunal.
Cela donne la mesure du déclin de notre langue, véhicule du savoir prostitué en verbiage de téléréalité, qui entraîne celui de notre culture toute entière, puisque ces exemples de confusion intellectuelle ou lexicale, historique ou chronologique, les ont écrits ceux qui occuperont des emplois, ou des fonctions, par défaut ? Ou pire, qui les occupent déjà.
Peut-on imaginer les fautes qu'ils pourront commettre, ou faire commettre, quand ils devront donner des ordres à des gens peu alphabétisés, si eux-mêmes sont illettrés ?
À quoi ressemblera notre pays dans cette carence généralisée ? De quelle capacité de réaction, ou de simple résistance disposeront le petit nombre de titulaires de diplômes non dévalués qui tenteront d'assurer l’ordre, ou un minimum d'ordre ?
Il est vrai que ceux qu'on désigne aujourd'hui par « élite » ne réunissent que peu des qualités correspondant au mot... Car « élire », ce n'est pas tomber juste, désormais ce serait plutôt donner sa voix à qui vous ressemble...
Nos boites de réception débordent de messages de correspondants effarés, ou effrayés par ce que certains désignent par « le grand remplacement », l'asséchement de nos racines, l'amenuisement du savoir vivre et du savoir-faire français, au sens noble du terme.
Dans leur quête éperdue de remèdes, ils confondent le mal et sa cause. Notre identité fut perdue quand nous avons, pendant les trente glorieuses, déposé au profit de divertissements faciles l’effort et la rigueur nécessaires à l'enrichissement de notre esprit par « la substantique moelle » chère à François Rabelais. Quand nous avons accepté -qui ne dit mot consent- la dictature de la bien-pensance et de la prétendue modernité, dans l'euphorie de la prospérité.
Oui, il y a « grand remplacement », de tout , de tous et partout.
Lorsque Cassandre vit approcher le cheval que les Grecs offraient aux Troyens, elle fut prise d'effroi et tenta de s'y opposer ; mais Apollon, qui lui avait donné le don de prophétie, lui avait aussi retiré le pouvoir de persuasion, et l'ennemi fut dans la place.
Notre cheval de Troie a depuis longtemps ouvert ses flancs.
Comment affrontez-vous ceux qui en sortent, armes à la main ?