Il n’y a rien que l’establishment américaniste ne craigne et ne dénonce plus que l’isolationnisme. Les administrations successives depuis la fin de la guerre froide ont diabolisé avec véhémence cette tendance alors qu’une politique hyper-interventionniste s’est développée, comme on le sait, et particulièrement depuis l’attaque du 11 septembre 2001. Le poaradoxe de cette évolution par rapport aux craintes d’isolationnisme est que cette politique hyper-interventionniste ajoutée aux diverses crises en cours aux USA ont conduit à la pire des crises, qui est la paralysie du pouvoir, et à une situation qui commence à ressembler à une sorte d’“isolationnisme” par défaut. La crise égyptienne a mis cette situation en évidence, aussi bien par la confusion de la politique US qui se complaît dans une absence complète de décision entraînant une perte à mesure d’influence, voire même de présence dans cette crise majeure du Moyen-Orient (voir le 21 août 2013).
Cette crise du pouvoir à Washington se ressent même dans les groupes de pression les plus actifs, et notamment chez les fameux neocons. On retrouve chez eux, mais d’une façon aggravée et dans l’occurrence beaucoup plus importante de la crise égyptienne, la division qu’on avait observée lors de la crise libyenne (voir notamment le 29 mars 2011). Cette fois, ce sont deux dirigeants ou inspirateurs majeurs du mouvement qui s’opposent sur la question égyptienne, avec la fracture que cela entraîne à la fois dans le mouvement et pour son influence : William Kristol et Robert Kagan. Jim Lobe a publié un nouvelle à ce propos le 20 août 2013.
«... Bill Kristol, in a Sunday appearance on ABC’s “This Week With George Stephanopolous”, crystallized (shall we say) the internal split among neoconservatives over how to react to the military coup and subsequent repression against the Muslim Brotherhood in Egypt. Breaking with his fellow-neoconservative princeling, Robert Kagan (with whom he co-founded the Project for the New American Century (PNAC) and its successor, the Foreign Policy Initiative (FPI), Kristol came out against cutting military aid to Egypt... [...]
»It’s a remarkable moment when the two arguably most influential neocons of their generation disagree so clearly about something as fundamental to US Middle East policy, Israel and democracy promotion. They not only co-founded PNAC and the FPI; in 1996, they also co-authored “Toward a Neo-Reaganite Foreign Policy” in Foreign Affairs, which among other things, advocated “benevolent global hegemony” as the role that Washington should play in the post-Cold War era. But they now appear to have a fundamental disagreement about how that benevolence should be exercised in a strategically significant nation which is also important to Israel’s security.
»Of course, this disagreement highlights once again the fact that democracy promotion is not a core principle of neoconservatism. It also suggests that the movement itself is becoming increasingly incoherent from an ideological point of view. Granted, Kagan considers himself a strategic thinker on the order of a Kissinger or Brzezinski, while Kristol is much more caught up in day-to-day Republican politics and consistently appears to align his views on the Middle East with those of the Republican Jewish Coalition and the Likud-led Israeli Government. But what is especially interesting at this moment is the fact that Sens. John McCain and Lindsay Graham — both leaders of what could be called the neoconservative faction of the Republican Party — are moving into Kagan’s camp.»
Cette division dans le groupe le plus actif et le plus extrémiste pour soutenir l’interventionnisme extérieur conforte la thèse d’un “isolationnisme par défaut” en réduisant d’autant les pressions sur l’administration Obama, justement parce que les neocons ne savent plus que recommander comme type d’action du fait de leur division, eux-mêmes victimes de la même paralysie que celle qui touche l’administration Obama. La situation n’est pas meilleure dans le parti républicain, force habituelle poussant à l’hyper-interventionnisme mais elle aussi divisée ou incertaine sur la politique à suivre. On a déjà souligné le paradoxe d’un McCain, qui, après avoir hésité, s’est prononcé pour la suppression de l’aide de à l’Égypte, se retrouvant ainsi sur la même ligne que son ennemi juré Rand Paul, qui s’affiche clairement de tendance neo-isolationniste et veut la fin de l’aide à l’Égypte selon cette logique. McCain est dans un état proche de la sénilité et il est plus que jamais l’inspirateur de la politique extérieure prônée par le parti républicain. Les quelques appréciations concernant l’état du pouvoir washingtonien de “Spengler”, de ATimes.com, déjà cité le même 21 août 2013, valent d’être reproduites ; elles sont très incisives et très justes à la fois... (Notamment cette très juste remarque que la catastrophique politique égyptienne des USA n’est pas le résultat de l’aveuglement mais de l’impuissance du pouvoir ; notamment cette très juste conclusion que le parti républicain est terrorisé par les néo-isolationnistes type-Rand Paul alors que, finalement, McCain se retrouve sur la même ligne que Rand Paul...)
«America's whimsical attitude towards Egypt is not a blunder but rather a catastrophic institutional failure. President Obama has surrounded himself with a camarilla, with Susan Rice as National Security Advisor, flanked by Valerie Jarrett, the Iranian-born public housing millionaire. Compared to Obama's team, Zbigniew Brzezinski was an intellectual colossus at Jimmy Carter's NSC. These are amateurs, and it is anyone's guess what they will do from one day to the next.
»By default, Republican policy is defined by Senator John McCain, whom the head of Egypt's ruling National Salvation Party dismissed as a “senile old man” after the senator's last visit to Cairo. [...] It doesn't matter what the Republican experts think. Few elected Republicans will challenge McCain, because the voters are sick of hearing about Egypt and don't trust Republicans after the debacles in Iraq and Afghanistan.
»Neither party has an institutional capacity for intelligent deliberation about American interests. Among the veterans of the Reagan and Bush administrations, there are many who understand clearly what is afoot in the world, but the Republican Party is incapable of acting on their advice. That is why the institutional failure is so profound. Republican legislators live in terror of a primary challenge from isolationists like Senator Rand Paul (R-KY), and will defer to the Quixotesque McCain.»
Cette situation est l’objet de critiques à l’intérieur même des bureaucraties de sécurité nationale, notamment du département d’État, notamment de fonctionnaires marquées par leur engagement interventionniste mais aussi par leur position pro-israélienne. C’est ce que détaille un article de Gayle Tzemach Lemmon, senior fellow au Council Foreign Relations, et donc marquant une position approuvée par le puissant CFR. (L’article, sur DefenseOne.com, le 21 août 2013.) Curieusement, l’article ne vaut guère que par l’idée qu’il exprime dans son titre, qui est celle de l’isolationnisme («Whispers in the Ranks that Iraq Has Turned Obama Isolationist to a Fault»). L'analyse, qui porte sur la Syrie, développe des arguments oiseux dans la mesure où les critiques, comme l’ultra-pro-israélien Dennis Ross, voire comme le CFR lui-même, ont eu la même attitude erratique sur la Syrie que celle qu'ils dénoncent dans la politique de l’administration Obama ; la politique de “prudence” US en Syrie est beaucoup plus défendable, du point de vue du système de l’américanisme, que la confusion extraordinaire de Washington dans la crise égyptienne, cette dernière crises avec des enjeux bien plus décisifs pour les USA. La référence à l’Irak (et l’Afghanistan) est également oiseuse («In a recent interview with National Public Radio, a Syrian rebel commander, formerly a Syrian Army colonel, said what many in Washington have whispered: It is “our bad luck” that Syria “has come after Afghanistan and after Iraq.”»). L’Irak (et l’Afghanistan) ne sont pas une cause de l’actuelle paralysie, mais une étape dans la dégradation du pouvoir menant à l’actuelle situation catastrophique du pouvoir washingtonien. Le résultat tel qu’il est présenté est aussi bien catastrophique : cet “isolationnisme par défaut”, qui est certainement une perspective proche de la réalité, n’a aucune des vertus de l’isolationnisme puisqu’il se fait alors que l’“Empire” est engagé partout, désormais sans effets bénéfiques, et qu’il perd son sang (son fric, ses budgets pentagonesques, etc.) dans cet étalage de puissance impuissante...
Cela (“l’actuelle situation catastrophique du pouvoir washingtonien”) étant fixé, nous passons à ce qui semblerait être un tout autre domaine ; pourtant, qui figure dans notre volonté de l'intégrer dans notre analyse comme un prolongement du précédent, et qui pourrait et même devrait être considéré en fait comme une cause fondamentale de l’accélération du précédent. Il s’agit de la grande autre crise de l’été, la crise Snowden/NSA. Un article de Dan Roberts, dans le Guardian de ce 22 août 2013, développe un sentiment profond d’amertume du fait de l’absence de débat, sinon même d’information à la lumière de l’“incident d’Heathrow” (le cas David Miranda, voir le 20 août 2013), de la part de la presse britannique, dans cette crise Snowden/NSA qui est aussi une “crise GCHQ” (“partner” à temps complet et britannique de la NSA) impliquant le Royaume-Uni. Dan Roberts a son explication, qui concerne la différence de mentalité et de goût du débat politique entre les USA, – dont la vertu démocratique reste ainsi sauvegardée, – et le Royaume-Uni. Voici quelques citations de l’article de Roberts, qui relève par ailleurs la stricte vérité quant à l’étonnante faiblesse, sinon quasi-absence, de réactions de la presse britannique essentiellement à l’incident qui est survenu au Guardian de devoir détruire des disques durs du fonds Snowden sous la pression des autorités, – cette violation de la liberté de la presse qui aurait dû conduire à une réaction de solidarité...
«From the moment the first story revealing sweeping surveillance of domestic phone records by the National Security Agency appeared in early June, the Guardian ignited a storm of public and political debate in the US that has been noticeably absent in the UK response to similar revelations about GCHQ spying. Within hours, former vice-president Al Gore declared this "secret blanket surveillance [was] obscenely outrageous", setting the tone for weeks of mounting criticism from both left and right and a series of follow-up investigations that have forced the administration to consider major reforms. [...]
»As saturation media coverage across US television networks, newspapers and websites dominated the news agenda through June and July, the White House was forced to modify its defence of the programmes and Congress prepared to act. On 24 July, more than 200 Congressmen voted in favour of legislation to ban the bulk collection of US telephone records, a narrowly-defeated bill that shocked defenders of the NSA and united libertarians on the right with liberals on the left. Michigan Republican Justin Amash, said he introduced his amendment to the annual Defence Department appropriations bill to "defend the fourth amendment, to defend the privacy of each and every American". A further 11 legislative attempts at reform and improved oversight are expected to dominate Capitol Hill when lawmakers return in September, with some sort of united response seen as inevitable. [...]
»[...I]n contrast to US politicians and officials, there has been very little official acknowledgement that there is a public interest in holding a debate, and much less any sign that something might need to change as a result. Instead home secretary Theresa May has sought to justify the use of draconian laws to detain David Miranda for assisting Guardian journalists in reporting the story by claiming he was carrying “stolen information that could help terrorists”. Former foreign secretary Malcolm Rifkind made similar claims that the Guardian had been “helping terrorists” when defending a decision to force the newspaper to destroy certain computers containing Snowden's leaks. The decision was backed by a former civil libertarian deputy prime minister Nick Clegg. [...]
»A so-called D notice was even issued by authorities in London to deter reporting of the original leaks on Fleet Street — something hard to imagine in a US media and political community that has been consumed by the story for three months. In Germany, there was initially more reporting of Miranda's detention at Heathrow and news of Guardian computers being destroyed than where they happened in London. On Tuesday morning it made the lead story on Spiegel, Zeit, Sueddeutsche, Frankfurter Allgemeine websites before anything had appeared on the Telegraph, Times, Mail or BBC websites. A columnist for Speigel suggested it caused less soul-searching at home than in the US or Germany because “Britons blindly and uncritically trust their secret service”»
En dépit de l’apparente différence de champ de réflexion et d’action entre ces deux événements, la politique US dans la crise égyptienne et la crise Snowden/NSA – l’“isolationnisme par défaut” de Washington et l’activisme échevelé autour de la question de la NSA respectivement, – nous allons au contraire établir un lien direct entre les deux événements. Certes, nous suggérions déjà cette idée dans notre texte du 21 août 2013 : «Quant au bloc BAO, finalement, tout s’explique dans le chef de sa paralysie, outre son état chronique qu'on observe : il se trouve plongé si profondément dans un débat sur l’état de lui-même, avec la crise Snowden/NSA, qu’il n’est pas loin d’être, d’une autre façon certes, dans une situation de confusion proche de la situation égyptienne. D’une certaine façon, il en est l’équivalent, encore une fois à sa manière, par rapport à la “décrépitude extraordinaire” de sa propre architecture.» (Et, certes, nous maintenons le cas du bloc BAO, et non pas seulement des USA comme l’article du Guardian le suggère : l’effet de la crise Snowden/USA sur la psychologie américaniste, et la crise qu’enfante cet effet, se répandent nécessairement à tout le bloc BAO ; quant à la “décrépitude extraordinaire”, on admet sans trop de difficultés que c’est celle du bloc dans son ensemble.)
Les spectres épuisent la psychologie
Bien entendu, en bon anglo-saxon qui n’oublie jamais ses dévotions à l’American Dream version-Fleet Street, Dan Roberts attribue in fine le débat extraordinaire que la crise Snowden/NSA a provoqué et ne cesse d’alimenter aux USA à la vertu propre à ce même American Dream : démocratie, transparence, Premier Amendement de la Constitution, We, The People et ainsi de suite. Cela, bien entendu, par contraste avec les aspects quasi-médiévaux dans l’obscurantisme de l’establishment britannique, qui ne peut être fustigé par les Anglo-Saxons que lorsqu’il permet de valoriser d’autant l’American Dream. L’air est connu, la chanson aussi.
Ce n’est pas du tout notre appréciation, même si nous acceptons l’idée que cette supposée “vertu” de l’American Dream a son utilité, mais comme moyen et comme outil de circonstance offerts par le conformisme américaniste, nullement comme fin. Le fond du débat extraordinaire qu’a ouvert la crise Snowden/NSA, c’est la réalisation extrêmement concrète, extrêmement réaliste, de ce qu’est exactement la NSA (et, plus, par extension, on le verra plus loin en retrouvant la crise égyptienne). Nous avons souvent épilogué là-dessus et ne manquons jamais d’y revenir, en faisant de la NSA (et du reste) cette entité qui n’est pas loin d’être une égrégore, qui est hors de tout contrôle humain, et dont on découvre qu’elle est sur une pente à la fois catastrophique et eschatologique qui met en cause le Système lui-même, ou bien qui fait douter inconsciemment du Système lui-même. Cette prise de conscience, c’est l’important, touche d’abord l’establishment lui-même, cet outil du Système, comme on le voit par la vigueur du débat qui est le fait de cet establishment et nullement du public, de la question des 99% contre les 1% à l’occurrence du vote de la Chambre. L’idée de cette dangerosité ultime de l’évolution de ce qui est le produit du Système (la NSA et le reste), de sa perversité qui le fait évoluer entre surpuissance et autodestruction hors de tout contrôle possible, se répand et est exprimée sans ambages. On peut le lire, par exemple, dans le chef de Simon Jenkins qui, s’il a une plume parfois alerte et audacieuse, n’en est pas moins un commentateur-Système au sein de la presse-Système. (Le 21 août 2013, dans le Guardian.)
«Last week in Washington, Congressional investigators discovered that the America's foreign intelligence surveillance court, a body set up specifically to oversee the NSA, had itself been defied by the agency “thousands of times”. It was victim to "a culture of misinformation" as orders to destroy intercepts, emails and files were simply disregarded; an intelligence community that seems neither intelligent nor a community commanding a global empire that could suborn the world's largest corporations, draw up targets for drone assassination, blackmail US Muslims into becoming spies and haul passengers off planes.
»Yet like all empires, this one has bred its own antibodies. The American (or Anglo-American?) surveillance industry has grown so big by exploiting laws to combat terrorism that it is as impossible to manage internally as it is to control externally. It cannot sustain its own security. Some two million people were reported to have had access to the WikiLeaks material disseminated by Bradley Manning from his Baghdad cell. Snowden himself was a mere employee of a subcontractor to the NSA, yet had full access to its data. The thousands, millions, billions of messages now being devoured daily by US data storage centres may be beyond the dreams of Space Odyssey's HAL 9000...»
Notre appréciation et notre hypothèse sont que la puissance du débat est telle aux USA, et le bouleversement qu’il implique par conséquent, que l'un et l'autre affectent profondément les psychologies et donnent ainsi aux jugements une aire nouvelle où se former. (Cette sorte de démarche privilégiant l'importance de la psychologie n’est certes pas conforme aux capacités planificatrices et rationnelles que certains prêtent au Système, mais elle permet d’éviter le piège de la naïveté de croire que cet artefact de surpuissance puisse accorder quelque attention que ce soit aux vertus subtiles de la raison et de l’organisation théorique des événements.) Dans cette circonstance, le cas de la NSA n’est plus exceptionnel, il devient exemplaire. Il devient le cas beaucoup plus général de la communauté de sécurité nationale ou de la communauté sécuritaire, du complexe militaro-industriel, du National Security State ou du Global Surveillance/Security System, c’est-à-dire de tout ce qui fait la substance même à la fois du Système, du système de l’américanisme, et de tout ce qui en découle. Le débat met en avant des spectres aussi terrifiants que celui de la destruction de la NSA, avec des effets irréparables sur le complexe-militaro-industriel, ou bien au contraire, et ceci et cela dans une même appréhension, dans un même jugement, le spectre de la destruction du système de l’américanisme par le Système, ou de la destruction des deux par les monstres qu’ils ont enfantés.
Tout cela, perçu par une psychologie déjà épuisée par une continuité crisique sans précédent, de thème en thème avec aucun qui ne soit résolu, au moins depuis 2008, et notamment avec la crise centrale du pouvoir washingtonien, tout cela qui fait craindre désormais une issue fatale épuise encore plus cette psychologie déjà épuisée. L’effet se fait alors sentir sur les politiques, et notamment, pour ce qui nous intéresse, sur la politique égyptienne des USA (du bloc BAO), qui représente si parfaitement la complexités, les contradictions, la production systématique d’effets antagonistes, de tout ce qui a été conduit depuis des années dans cette région, alors que l’enjeu égyptien est d’une si considérable importance d’un point de vue US (bien plus que l‘enjeu syrien, répétons-le). Le désordre engendré par la politique qui se prétendait maîtresse du désordre qu’elle provoquait et continue à provoquer, jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’une stratégie dissimulée pleine de génie (“le désordre créateur”), finit par toucher la substance de la politique elle-même et la psychologie de ceux qui osent à peine prétendre encore la conduire, – le désordre paralysant de la politique, et l’épuisement de la psychologie par le désordre paralysant de la politique. On comprend que la crise Snowden/NSA telle qu’on l’a décrite vienne là-dessus comme le coup de grâce.
Cette perception d’une psychologie épuisée face à des événements qu’on ne comprend plus, face aux outils de la surpuissance qu’on ne contrôle plus et qui semblent vivre de leur propre vie en menaçant de devenir autodestruction pure, cette perception conduit directement à la paralysie des volontés, à l’atonie des décisions. Le substitut se trouve dans le discours verbeux d’un vieillard en visite au Caire ou dans l’enquête sans fin menée autour du concept de “coup”, dans une réflexion du type “to be or not to be a coup”. L’attitude d’un Obama, celle d’un McCain, le désarroi des neocons, le désordre complet des classements selon les circonstances (McCain au côté d’un Rand Paul, en néo-isolationniste de circonstance !), conduisent à des extensions de non-politiques paralysées productrices de situations qui ne peuvent être décrites que comme des anathèmes pour le Système, – l’isolationnisme par défaut, dans ce cas... Désormais, tout est dans tout et inversement comme diraient les Dupond-Dupont (bonne orthographe), ce qui facilite l’évaluation de la situation ; aucune crise n’échappe aux effets de chaque autre crise, et ainsi s’avance majestueusement la structuration décisive de la crise d’effondrement du Système.