Ci-dessous la recension, avec de beaux passages, de Jules l’imposteur de François Brigneau, par le bulletin de l’Action familiale et scolaire[1]. Ouvrage que l’on peut se procurer ici. 180 p. 18 euros.
« L’un des premiers gestes de François Hollande devenu chef de l’Etat fut de rendre hommage à Jules Ferry.
Les éditions DMM, à très juste titre, ont profité de l’occasion pour rééditer le livre sur Jules Ferry de François Brigneau, intitulé Jules l’Imposteur [2].
François Brigneau était particulièrement qualifié pour écrire ce livre, car sa famille a été cassée par le laïcisme introduit massivement dans les écoles par Jules Ferry et ses collègues. Il explique la chose dans les dernières pages du livre :
J’ai compris assez tôt qu’il y avait deux hommes dans mon père. Ou, pour mieux dire, qu’il était la juxtaposition de deux hommes : un Breton traditionnel et d’héritage, un internationaliste libertaire fabriqué à l’École normale d’instituteurs. La manière dont il faisait son métier révélait cette dualité. (…)
Déraciné à et par l’École Normale, arraché à la tradition et d’abord à la tradition catholique, coulé dans le moule laïque, mon père comme des milliers d’autres instituteurs aussi honnêtes, dévoués, droits et généreux et purs que lui, avaient mis au service des idées de désordre inculquées par les maîtres occultes de l’École Normale les remarquables techniques de l’ordre enseignant enseignées par les maîtres connus de l’École Normale. (…)
J’ai essayé aussi de ne jamais oublier la tendresse, l’affection, le respect que j’eus pour mes parents et tout ce que je leur dois. Maintenant que ma mère s’en est allée, elle aussi sans prêtre dans une tombe sans croix, je voudrais ajouter que ce qui m’obsède, c’est moins l’échec de l’école que la cassure provoquée par le laïcisme dans une famille française. Je n’ai pas été baptisé et ne le suis pas. Je me suis marié civilement. Deux de mes enfants sur quatre ne sont pas baptisés. Même si, un jour, conduit par la réflexion de Charles Maurras et la foi de mes amis je retrouve l’Église traditionnelle de ma patrie et de mes ancêtres, jamais je ne ressentirai cette émotion, cette ferveur que donne seule l’enfance catholique. Jamais je ne serai le catholique que j’aurais aimé être, de nature et de sentiment, sans grands tourments d’esprit, dans la banalité des certitudes. C’est la grande victoire de Jules Ferry, l’imposteur.
Voici un extrait du portrait de Jules Ferry que donne F. Brigneau :
Jules Ferry (1832-1893). Né à Saint-Dié. Avocat, fils d’avocat. Franc-maçon, initié rue Cadet. Proud’hon disait : « Ferry : c’est un domestique de grande maison. » Et Drumont : « Il était l’exécuteur prédestiné des œuvres infâmes de l’Intérieur… Il est féroce contre tout ce qui est faible, et volontiers implacable contre tout ce qui est noble et généreux… C’est l’homme de la boue et du sang. » Ferry avait un objectif: organiser un univers sans roi et sans Dieu ». Il savait comment y parvenir par la République, à condition qu’elle durât. Pour la préserver d’un coup de force militaire, du retour des rois, et même d’un mouvement d’humeur du suffrage universel, Ferry fut très tôt convaincu qu’il fallait chasser les prêtres de l’école. « La République est perdue si l’État ne se débarrasse pas de l’Église, s’il ne désenténèbre pas les esprits du dogme » disait-il. Les prêtres continuant à former l’enfant, pesant par lui sur les familles qu’ils tenaient déjà par la femme, l’Ancienne France pouvait à tous moments ressurgir. (…) Ministre de l’instruction, ministre des cultes, premier ministre, en six ans (1879-1885), il réussit à chasser Dieu, le roi et le soldat de l’école et à l’y remplacer par une machine maçonnique à fabriquer des futurs électeurs républicains. Avant Waldeck-Rousseau et Emile Combes, Jules Ferry fut le grand stratège et l’exécutant implacable de cette guerre que la République mena (qu’elle mène encore) contre l’autel et le sabre. Et qu’elle gagna. Charles Maurras disait : Jules Ferry a été le malfaiteur intellectuel qui, sous des prétextes moralistes, a démoralisé et dénationalisé ce pays. L’histoire intellectuelle de l’Action française pourrait se définir : une réaction contre le ferrysme ! [3] »