Certains s’insurgent lorsque j’ose employer ce terme. L’on voudrait m’interdire d’utiliser ce mot, à moi et à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans la société actuelle. On nous accuse d’être arriérés, conventionnels, nostalgiques du passé, et fermement opposés à tout changement, à tout progrès… Et assez vite le verdict tombe “Non, vous n’êtes pas des rebelles, mais seulement des réactionnaires” (tout autre mot se terminant en “iste” ou “phobe” est valable aussi !)
Comme il m’arrive régulièrement s’agissant de querelles de mots, je me suis aussitôt penchée vers le dictionnaire, pour en avoir le cœur net : “Qu’est ce qu’un rebelle, au fond, et qui a le droit de s’affirmer comme tel ?”
Ainsi donc, selon le dictionnaire de L’internaute, un rebelle est une personne qui se révolte, qui refuse de se soumettre à une autorité. Et selon Larousse, c’est une personne qui est fortement hostile à quelque chose, et qui refuse de s’y soumettre.
Le rebelle est donc un insoumis.
Et moi dans tout ça… ?
Eh bien, je refuse de me soumettre et de me conformer à cette société et son mode de vie qu’on nous impose.
Je refuse de me soumettre à cette petite vie confortable et matérialiste que l’on voudrait m’offrir, m’affirmant que pour être, je dois avoir une bonne situation, je dois pouvoir m’offrir mon écran plat, mon Iphone, mon Ipad, pour être je dois aller acheter ma bouffe dans les Macdos, les Quick et les supermarchés, je dois ensuite sortir en boîte, me ruer vers les magasins lors des soldes, et je dois consommer, encore consommer et toujours consommer.
Je refuse…
De me soumettre à cette société qui me fait croire que le bonheur, c’est d’assouvir tous mes plaisirs, toutes mes envies et pulsions d’un instant, sans prendre de recul, sans penser à autre chose qu’à moi et à mon intérêt propre, et être encore obligée d’acheter pour assouvir ces plaisirs puisque la nature n’est décidément pas à la hauteur de nos envies.
Je refuse…
De me soumettre à cette vie qu’on nous propose qui nous impose des rythmes de fous, complètement décalés de la régularité de la nature, et tellement, ô oui, tellement compliqués. Cette vie qu’on nous propose, où le sommet de la réussite n’est pas de bien se comporter, d’avoir de l’honneur, de la générosité, ou toute autre vertu admirable, mais d’être une star à paillettes totalement refaite, et d’avoir gagné une émission de télé-réalité. Cette vie, où le bonheur n’est pas de vivre tranquillement en adéquation avec la nature, à aimer les grands espaces et la chaleur de son logis, mais de se retrouver en mini-jupe et talons sur un podium, éclairée de projecteurs artificiels.
Je refuse…
De soumettre ma pensée à ce qu’on nous oblige à croire, à ce qu’on nous dit, au point que toute personne hostile à ce système de pensée imposée par nos écrans de télévisions sera fichée dans des cases, cases d’opprobre desquelles on ne peut plus sortir, à moins de vendre son âme à notre société marchande.
Je me sens rebelle, car je me sens insoumise à toute cette société qui m’entoure et que l’on cherche à m’imposer, je me sens rebelle, car je me sens libre, et que je refuse que l’on me dise comment vivre, et comment penser. Je me sens rebelle, car ce prêt-à-penser, ce prêt-à-porter, ce prêt-à-bouffer qu’on cherche à me refiler me dégoûte !
Je suis soumise à des valeurs, à des pensées et à un mode de vie, c’est vrai. Mais j’y suis soumise parce que je veux l’être, parce que je pense librement que ces valeurs que j’ai choisies de servir sont bonnes pour moi et pour ceux qui m’entourent, et en cela je pense pouvoir me proclamer rebelle et libre.
Alors que les pseudos rebelles adulées par notre société, protégées par le gouvernement et érigées en symbole de l’état se taisent, et qu’elles regardent les choses en face : elles n’ont rien de rebelles, et elles sont plutôt des outils parmi tant d’autres qui servent à maintenir cette autorité en place.
Qu’elles aient au moins l’honnêteté de le reconnaître : a-t-on déjà vu des rebelles aussi bien traitées ?
Ce n’est pas elles qui se font jeter au ban de la société, qui se font malmener durant des manifs pacifiques, qui se retrouvent en gav ou en taule, qui enchaînent les procès et les amendes, et qui gênent, tout simplement…
Celles-là ont le droit de se proclamer rebelles, mais vous ?
Marie Vermande
Crédit photo: DR.
Source : le webzine féminin Belle et Rebelle.
http://fr.novopress.info/142190/rebelle-petite-mise-au-point-par-marie-vermande/#more-142190