Il est une théorie tenace et relativement efficace dont use l’ « extrême gauche » depuis longtemps, qui consiste à décrédibiliser tout mouvement de défense patriotique en l’accusant d’être une stratégie de mutation du Capital. Selon cette explication séduisante, toute rétraction nationaliste, tout durcissement patriotique serait l’effet d’une stratégie voulue par l’hydre capitaliste, laquelle consisterait à imposer une dictature militaire au moment où le danger révolutionnaire devient trop menaçant.
Ainsi, dans ces pays européens que la finance mondialisée avait étranglés dans les années trente, vit-on surgir des mouvements politiques que la sémantique soviétique victorieuse enfermera dans le vocable « fascisme », englobant opportunément la diversité des expériences nationalistes européennes dans un signifiant relatif à une séquence historique spécifiquement italienne.
Longtemps, le fascisme mussolinien né de l’immédiat après-guerre a fait office de métonymie opératoire en tant que laboratoire de la réaction historique. Aujourd’hui, le régime néo-impérial romain ne fait plus rêver les petites filles névrosées de la gauche prolétarienne, on lui préfère le spectre hitlérien qui a l’insigne mérite de diffuser le nectar de la nauséabondieuserie « antisémite ».
C’est que nos chefs révolutionnaires ont troqué faucille et marteau pour enfourcher l’aigle américain, avant de le mettre à mort sous nos yeux ébaubis en brandissant enfin le chandelier qui doit éclairer les sept portes de l’univers.
Quoi qu’il en soit, les professionnels de la Révolution mondiale vous le répéteront à l’envi : ne tombez pas dans le piège du nationalisme, qui n’est que la tactique du Capital mondial pour faire rentrer la subversion dans les rangs, étouffant au moyen de l’ordre et de la discipline la Révolution en marche, la vraie, celle des travailleurs.
Ce qu’il est important de comprendre, c’est que tant que règnera le capitalisme, ressurgiront mécaniquement ses deux golems historiques que sont le communisme et le fascisme.
À chaque fois le sentiment de révolte légitime des peuples sera conduit vers les voies toutes tracées par le Capital lui-même, puisque lui seul a les moyens de financer et orienter ces deux leitmotive historiques dans le sens de ses intérêts. Quand l’exploitation est devenue si insupportable que les esclaves (« travailleurs », « salariés », « consommateurs ») aspirent enfin à se révolter, l’oligarchie financière encadre alors les colères dans des structures appropriées, l’une sera rouge et l’autre brune, ainsi les embrigadés des deux camps s’entretueront-ils en n’ayant jamais soupçonné que toute cette tragique comédie se joue sur un fond bleu azur, seul horizon de tous les massacres qui en résulteront.
La vérité est que face à la mise en esclavage des peuples par l’infiltration des instruments économiques, politiques et militaires seuls en mesure de les défendre, une épuration de ces appareils et l’organisation d’un système de protection du corps social et national est la seule réponse immunitaire à une mort certaine de la patrie.
Le peuple souverain, cherchant à se défendre pour sa survie, est alors attaqué violemment dans un premier temps par le système mondial d’exploitation du vivant...
Mais si la calomnie et la menace ne suffisent pas, il devient plus intéressant pour le pouvoir d’accélérer le processus en favorisant les conditions de remplissage du réservoir de la « haine ». Ce qui importe aux seigneurs de la réification technicienne, c’est le contrôle de cette puissance qui monte. Quand diviser et insuffler le venin de l’hostilité entre les parties de la masse exploitée n’a plus d’efficacité parce que le seuil de tolérance collectif est atteint, le pouvoir dirige la formidable énergie de cette colère partagée dans un réceptacle jusque-là interdit.
C’est exactement ce que l’oligarchie financière est en train d’envisager pour notre pays.
Le Front national est appelé à remplir cette fonction car les simulacres spectaculaires de renouveau ne prennent plus, ni le ravalement cosmétique de murs de la République ouverts à toutes les lamentations. Plus grave, même les diversions sociétales et les contre-feux idéologiques à grands renforts médiatiques n’intimident plus grand monde en terre de France. Alors voilà la Banque qui se gratte la dette...
Cette sacrée bretonne s’élevant crânement au dessus de bonnets blancs et blancs bonnets va-t-elle rogner son licol ?
Pis, les bonnets rouges ont-ils allumé un feu révolutionnaire qui va se répandre en cette province gauloise de l’Empire ?
Par Max Lévy
http://www.egaliteetreconciliation.fr/La-Patrie-contre-la-Revolution-mondiale-21324.html