Pour le « choc de simplification », on repassera ! Voilà donc plusieurs mois que, pendant que Trierweiler-Pompadour vit à nos frais à l’Élysée, le roi s’amuse avec Gayet-du Barry ! Après la gauche caviar, c’est vraiment la gauche plumard ! Valls, dans le rôle du duc de Choiseul, pourrait bien connaître la disgrâce…
Ainsi donc, Manuel Valls ne savait rien. Rien de rien. «Je n’avais pas connaissance de ces sorties, je n’avais aucun élément et je n’admettrai pas l’affirmation selon laquelle le ministre de l’Intérieur a eu envie de connaître la vie privée d’une personnalité politique. Je n’ai aucune information, et heureusement, sur l’agenda privé du président» a-t-il fait savoir au «Monde», menton volontaire et main sur le cœur.
La rue du Cirque, qui abritait les galipettes présidentielles, donne sur l’arrière de l’hôtel de Marigny, propriété de l’Etat français, qui sert de résidence pour les hôtes étrangers de la France, mais le premier flic de France ne surveille pas qui y habite, ni qui y vient !
Ses toits sont à une portée de fusil à lunette de l’Élysée et du ministère de l’Intérieur, mais le premier flic de France ne l’a pas placée sous très haute surveillance !
Une annexe (de travail) de la présidence de la République, à double entrée, relie la rue du Cirque et l’avenue de Marigny, mais le ministre de l’Intérieur n’est pas informé que des allées et venues étranges ont lieu nuitamment ou au petit matin ! Et bien sûr, il n’a pas cherché à savoir, jamais, ce qu’il en était réellement de la rumeur qui, depuis plusieurs mois, prêtait à François Hollande une relation sentimentale avec l’actrice Julie Gayet – et même, sans qu’il demande, ses services ne l’ont pas informé de quoi que ce soit. Invraisemblable.
« Le regard de Hollande sur moi a changé… »
Entre Manuel Valls et François Hollande, il n’y a, ni amitié de trente ans, ni même de dix ans. Seulement une alliance de circonstances qui a vu le chef de l’Etat faire de Manuel Valls son ministre de l’Intérieur pour l’unique raison que, les Français exigeant une reprise en mains sécuritaire, Valls était le seul socialiste crédible en ce domaine – bien plus que François Rebsamen qui rêvait du poste et dont François Hollande a fait son conseiller occulte (1). Dans les « équilibres » dont Hollande est friand, Valls, avec 5,63 % à la primaire socialiste de 2011, ne pesait rien.
Dans Valls, à l’intérieur (Robert Laffont), qui vient de paraître, David Revault d’Allonnes et Laurent Borredon, journalistes au « Monde », racontent fort bien comment, au fil des mois, les relations entre les deux hommes se sont détériorées au fur et à mesure que Valls ne parvenait plus à masquer son impatience d’accéder à la présidence de la République, une fois la parenthèse Hollande – qu’il méprise – terminée.
Dans les premiers mois du quinquennat, Valls était parvenu à exercer une forte influence, pour ne pas dire un ascendant, sur Hollande, réveillonnant en sa compagnie pour le passage à 2013, allant jusqu’à oser lui remettre d’aplomb sa cravate !
Mais Valls en a tant fait que Hollande en a pris ombrage. « [Le président] a une analyse un peu moins traumatisée de la popularité de Manuel, qui a été pendant un moment un facteur d’intimidation », a confié à nos confrères « une ministre importante » – qui, à part Christiane Taubira ? –.
Un « haut dirigeant socialiste » pousse l’analyse un peu plus loin : « C’est bien d’être dans les premiers-ministrables. Ça l’est nettement moins d’être trop vite présidentiable, surtout quand il y a un président en face. Il a donné l’impression d’avoir une stratégie pour s’imposer au président. C’était une erreur. » Valls aurait d’ailleurs reconnu avec amertume, à l’un de ses proches : « Le regard de Hollande sur moi a changé… »
A-t-il voulu flinguer Claude Sérillon ?
Si, après les révélations de « Closer », la tête de Manuel Valls ne tombe pas, c’est que François Hollande est bien magnanime. Ou totalement inconscient.
Cette fois, il s’est trouvé dans le viseur d’un téléobjectif ; ça peut ridiculiser – et ça a fait de la peine à la Pompadour – mais ça ne tue pas. S’il s’était trouvé dans le viseur d’une arme, ce n’est pas en une de la presse people qu’il se retrouvait, mais à la une de tous les journaux, avec un liseré noir tout autour.
Valls peut toujours sous-entendre que la sécurité du chef de l’Etat relève du Service de la protection (des hautes personnalités), celui-ci dépend du ministre de l’Intérieur. Et c’est à lui qu’il rend compte…
Valls aurait-il voulu, si ce n’est en balançant l’« information » du moins en la laissant fuiter – ce qui est aussi de sa responsabilité –, déstabiliser François Hollande ou bien… faire tomber son ennemi juré au palais de l’Elysée, le journaliste Claude Sérillon, l’incontrôlable – et incompétent – conseiller en communication du président de la République ?
Une fois déjà, Valls a eu sa peau. De 1997 à 2002, Valls est chargé de la presse et de la communication au cabinet du premier ministre, Lionel Jospin. En septembre 1999, Jospin est l’invité du journal de 20 heures de France 2 présenté par Claude Sérillon. C’est ce soir-là que, interrogé sur les plans sociaux, il lâche la formule qui lui fera tant de mal : « Il ne faut pas attendre tout de l’Etat. » Valls est furieux. Pas contre Jospin, contre Sérillon !
Pierre-Henri Arnstam, directeur de l’information de France 2, reçoit un coup de fil de Valls, furibard : « C’est scandaleux ce qui s’est passé hier à l’antenne ! Claude Sérillon était agressif, il a posé de mauvaises questions ! » Les téléphones de tous les dirigeants de France 2 retentissent du même refrain. Ils alertent Arnstam : « On a été prévenu par Valls que tant que Sérillon présentera le journal, le premier ministre ne viendra plus sur France 2. »
Quelques mois plus tard, Arnstam est viré. Et Sérillon aussi. Lequel est donc revenu par la grande porte il y a un an, seul ou presque de tout le cabinet élyséen avec lequel Valls n’entretient pas des relations étroites ou n’a pas prise, et qui doit aujourd’hui fait face à une crise qu’il est bien incapable de gérer.
François Hollande n’est peut-être pas Louis XV mais, dans cette entrée en scène de la du Barry, le duc de Choiseul ne fera croire à personne qu’il n’y est strictement pour rien.
Antoine Vouillazère dans Minute