François Bayrou soutenu par l’UMP ! On aura tout vu, quoiqu’en politique on ait l’habitude… Donné en tête du premier tour des élections municipales de Pau, peut-être vainqueur au second, le parti de Jean-François Copé vient donc de donner son « feu vert » à une alliance locale avec le traître François Bayrou ! Celui qui mettait plus bas que terre, en son temps, le président Nicolas Sarkozy. Celui qui appela à voter pour son rival François Hollande. Celui-là même qui fit illusion en 2007 avec 19 % au premier tour des suffrages à l’élection présidentielle et qui s’effondra à 9 % cinq ans plus tard, tout en dirigeant un Modem qui se vautre à toutes les élections avec une régularité de métronome.
Pourquoi ce feu vert ? Pourquoi sauver le soldat Bayrou ? Car malgré des sondages dont on sait trop bien ce qu’ils valent à quelques mois de chaque échéance électorale, pourquoi ne pas noyer définitivement l’infâme en se présentant contre lui au premier tour, puis en appelant – au mieux – à l’abstention au deuxième tour ? Au pire, même si le Béarnais devait l’emporter, l’honneur eût été sauf…
Oui, mais voilà, l’honneur, il n’y en a décidément guère plus à l’UMP qu’au Modem. Le calcul politicien est une valeur autrement plus considérée, à défaut d’y être considérable.
Si Jean-François Copé préfère remettre en selle un François Bayrou plutôt que de participer à son hallali, il y a tout lieu de croire que c’est pour trois raisons…
• Une raison immédiate : si Pau tombe, le PS perd symboliquement une grande ville, alors qu’on le donne possible vainqueur de Marseille et gardant Lyon et Paris, sans parler d’autres grandes villes…
• Une raison à moyen terme : quel sera le score du Front national ? On prédit qu’il va « casser la baraque » ; sans doute moins que beaucoup ne l’espèrent et plus que beaucoup ne le craignent… L’UMP doit donc apparaître comme le rempart incontournable, à droite et au centre, à la progression du mouvement de Marine Le Pen. Et qui dit rempart, dit rassemblement. Même avec le nain politique qu’est le Modem.
• Une raison, enfin, à long terme : Jean-François Copé n’a sûrement pas renoncé à ses ambitions présidentielles… Celles-ci pâtissent toujours dans l’opinion publique de l’image désastreuse du crêpage de chignon avec François Fillon… Si, au soir du premier tour, Copé apparaît comme l’homme qui a su et pu rassembler la droite parlementaire et les forces du Centre, il aura coupé l’herbe sous le pied de son rival et du « candidat naturel » Nicolas Sarkozy et reviendrait dans la course présidentielle.
Si Paris a bien valu une messe, voici fort longtemps, l’Elysée ne vaudrait-il pas alors un « feu vert » ?
Dominique Jamet a fustigé sur ce site les coco-traîtres qui « acceptent de passer sous les fourches caudines des grands frères socialistes et de trahir (leurs) idéaux pour quelques lentilles de plus »…
A Pau, Jean-François Copé a simplement passé commande pour quelques haricots…
Philippe Randa