L’expression est évidemment plus plaisante qu’« ancien responsable de Minute ». Mais elle ne reflète pas la pensée du conseiller de Nicolas Sarkozy et cache le fait qu’il n’a fait que conduire la droite au suicide électoral.
« Intellectuel maurrassien » : cette formule a été massivement utilisée pour définir Patrick Buisson, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy aujourd’hui pris dans l’affaire de ses écoutes. Elle n’est pourtant guère exacte, ni guère intelligible tant la personne de Charles Maurras demeure méconnue du grand public.
Cela n’était d’ailleurs pas pour desservir Patrick Buisson : la préciosité de l’adjectif « maurrassien » lui donne un vernis de philosophie politique bien plus porteur en termes d’ostentation de capital culturel que celle d’« ancien responsable de Minute », nettement plus délicate pour les dîners en ville. La transgression dandy consistant à afficher une étiquette, certes sulfureuse, mais complexe et méconnue, produisait une insertion sociale dans les droites en recomposition.
Reprenons : qui fut Charles Maurras ?
Né en 1868, il est le penseur du « nationalisme intégral ». Il est le maître à penser du journal et de la ligue d’Action française. Son influence dépasse le cadre de l’extrême droite hexagonale, Maurras étant bien connu de nationalistes espagnols, belges, sud-américains, etc. Selon lui, la République aurait instauré un « pays légal » (la représentation nationale) totalement déconnecté du « pays réel ».
Charles Maurras et le nationalisme intégral
Pour que le pays légal corresponde au réel, Maurras prône le retour à la monarchie héréditaire et aux traditions. Sa démarche n’est pas sentimentale comme chez les royalistes qui le précèdent : c’est un positiviste agnostique qui se réclame de l’« empirisme organisateur ». [...]
La suite sur Slate.fr