A trois jours du premier tour des élections municipales, le triste spectacle que donne la classe politicienne aux Français est perçu par de nombreux politologues et journalistes comme de nature à favoriser l’ opposition nationale dans les urnes. Dans Le Figaro, Yves-Marie Cann, directeur adjoint du pôle opinion de CSA, résume l’opinion de beaucoup de ses confrères lorsqu’il explique que «Le FN se nourrit évidemment du tous pourris (…). Mais cela ne suffit pas pour préjuger du score du parti de Marine Le Pen. Comme il est présent dans beaucoup plus de communes qu’en 2008, où il avait une liste dans un peu plus de 80 villes seulement, son score en voix sera mécaniquement supérieur. Il pourra donc provoquer davantage de triangulaires. Après, tout dépendra des reports de voix.» Et aussi (surtout?) de l’abstention ajouterons-nous, qui peut faire des ravages au sein des sympathisants de l’UMP ou du PS, mais aussi handicaper la progression du FN si la France en colère boude les urnes… Mais les affaires qui éclaboussent l’UMP et le PS, ne sont pas la raison déterminante du dynamisme d’un FN qui engrange surtout des soutiens du fait de l’alternative économique, sociale, souverainiste identitaire dont il est porteur. Il est certes plus simple, plus rassurant, plus commode pour les partis du Système de nier ce vote d’adhésion à des idées ou de le minorer…
Au-delà des scandales à répétition, l’UMP, véritable auberge espagnole idéologique, est logiquement ébranlée par l’illisibilité de sa ligne politique, écartelée entre son aile droitière, très forte en gueule notamment dans le sud-est où pour les raisons sociologiques que l’on sait la porosité de son électorat traditionnel avec les thématiques frontistes est très forte, et son aile bobo-progressiste et immigrationniste. Pour sa dernière réunion publique d’avant le premier tour hier à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet qui suscite légitimement la défiance du peuple de droite, a d’ailleurs repris les mêmes arguments que Jean-Luc Mélenchon pour inviter «la gauche» à voter pour elle afin de sanctionner François Hollande et un gouvernement…dont la ligne socialo-libérale-européiste est pourtant essentiellement la sienne.
Officiellement, toutes les composantes de l’UMP se retrouvent pour affirmer qu’elles n’appelleront pas à voter pour un canddiat FN-RBM, dans le cas de figure ou celui-ci serait le mieux placé pour faire barrage au socialo-communisme. François Fillon a même tenu à dissiper l’ambiguïté de ses propos récents par lesquels il invitait les électeurs UMP à choisir «le candidat le moins sectaire» en cas de duel FN-PS, en jurant finalement qu’il n’appellerait jamais à voter pour un candidat frontiste. L’UDI de Jean-Louis Borloo, Hervé Morin (et François Bayrou?), alliée dans la plupart des cas avec l’UMP, a précisé de son côté, par la voix de son président par intérim, Yves Jégo, que «partout où il y a un risque de maire FN, l’UDI s’engagera vis-à-vis de la liste d’en face, y compris une liste PS.»
On assiste aussi à un numéro des duettistes UMP-PS, qui serait assez comique si la situation n’était pas aussi grave, dans lequel les dirigeants des deux principaux partis du Système se démènent beaucoup pour occulter leur soumission commune, à quelques nuances près, à l’idéologie atlanto-bruxelloise. Ce sera à qui dénoncera, à qui mieux la mieux, la collusion du FN avec le PS (le FNPS fustigé sans rire par M. Copé), ou celle du FN avec l’UMP (le FNUMP pointé avec les même accents hypocrites par les amis d’Harlem Désir).
Pour le reste, Jean-Marc Ayrault a condensé les discours des caciques du PS, des Copé, Juppé, Fillon dans l’entretien qu’il accordé hier soir dans l’avion le ramenant de Toulouse, au journaliste du média communautaire Radio J, diffusé ce matin. Tapant toujours sur le même clou, le Premier ministre a tenté de mobiliser son camp en accusant l’UMP de «concessions» vis-à-vis du FN, de «(courir) derrière les idées du Front National». Avec un culot mensonger phénoménal, en plein transfert freudien, le chef du gouvernement a dénoncé «la gabegie, la magouille, les combines» auxquelles se seraient livrées le FN dans les mairies qu’il remporta en 1995.
Aussi, M. Ayrault, en bon humaniste multipliant les signaux de détresse, a-t-il affirmé que « les républicains (sic) devraient tout faire pour qu’il n’y ait aucune possibilité qu’il y ait un maire Front National dans une commune de France» car dans le cas contraire ce serait « un échec pour la République, parce qu’on sait bien que le Front national se développe sur le désarroi et les peurs, mais il n’apporte aucune solution.»
A la lumière du bilan épouvantable qui est le sien, les Français étaient en droit d’attendre un peu plus de retenue de la part du calamiteux Premier ministre. A sa décharge, il est aussi l’héritier, sans grande imagination, de décennies de co-gestion droite-gauche.
Partis autoproclamés de gouvernement, pourvus du même logiciel obsolète et défectueux, incapables de tirer les enseignements pratiques, pragmatiques de leurs échecs; classe politique soumise depuis vingt ans aux diktats bruxellois énoncés par le Livre Blanc de Jacques Delors, qui devait relancer la croissance et lutter contre le chômage en Europe…
La terrible réalité c’est la confiscation par l’Etat du fruit du travail des Français. Nous le rappelions en décembre dernier, l’Institut Coppet notait que si à la fin de l’Ancien Régime les Français travaillaient 18 jours par an pour financer les dépenses de l’État, aujourd’hui, un salarié travaille du 1er janvier au 26 juillet pour l’État.
L’historien Nicolas Delalande (auteur du livre Les Batailles de l’impôt) rappelait récemment qu’autour de 1900, le taux d’imposition représentait environ 10 % de la richesse nationale, aujourd’hui, « le niveau des prélèvements se maintient entre 42 % et 46 % du PIB ». Or, souligne t-il, le consentement à l’impôt vient d’un pacte entre le citoyen-contribuable et l’Etat pour que celui-ci assure trois fonctions régaliennes fondamentales, indispensables: l’État protège l’intégrité du territoire protégé par des frontières ; l’État bat monnaie (garantissant l’indépendance de la nation), l’État rend la justice (impartiale, au nom et dans l’intérêt du peuple français).Pourtant, aujourd’hui, «l’État a ouvert les frontières, l’État ne bat plus monnaie, et l’État rend une justice politique servant des lobbies et/ou des idéologies contre le peuple».
C’est bien contre cet Etat démissionnaire, incarné par l’UMPS, qui a largement confié à des entités supranationales les clés du destin de la France, que s’élève les Français. C’est cette situation, sans précédent dans l’histoire de France en période de paix note Bruno Gollnisch, qui explique la raison d’être du FN, Mouvement dont l’ascension illustre l’adage selon lequel la nature a horreur du vide.
La France désarmée de M. Ayrault et de ses prédécesseurs, c’est une insécurité multiforme galopante, plus de trois millions de chômeurs, huit millions de pauvres, des millions d’immigrés dont le chiffre réel n’est même pas connu, nos industries détruites sur l’autel de la mondialisation et de l’ultra libre échangisme, une croissance en berne, une balance commerciale durablement plombée, 2 000 milliards d’euros de dettes publiques…
En ce début de printemps, symbole d’espoir et de renouveau, c’est à la saine réaction, à la reconquête, au réveil de notre peuple qu’appelle le FN, au refus de la fatalité du déclin. Tous aux urnes !