Drieu La Rochelle (1)⇓ avait une formule à propos des intellectuels de gauche. Elle mérite d'autant plus de passer à la postérité qu'elle se vérifie plus encore aujourd'hui : "c'est un homme qui, lorsqu'il reçoit un coup de pied au cul trouve le moyen d'expliquer que son cul reste plus fort que ton pied".
L'Humanité du 1er avril (2)⇓ est ainsi bien obligée de reconnaître, discrètement, que "le PCF, qui gérait 27 villes de plus de 30 000 habitants avant les élections, en dirigera désormais 22". Tel se révèle le vrai bilan net et sans bavure d'un scrutin marqué par une immense "vague bleu" dont certains ne voudraient retenir que les quelques reflets légèrement plus marins. Disons bien à ce sujet, d'ailleurs, qu'il s'agit largement de la conséquence d'un profond courant d'abstention. Les cas les plus flagrants se retrouvent là où les populations se sentent les plus abandonnées par les pouvoirs publics.
"L'Huma" s'autorise de ces chiffres pour titrer : "le PCF s'en tire mieux qu'en 2001, malgré la vague bleue". Quand on perd une municipalité sur cinq quelle pirouette arithmétique peut-elle transformer l'échec en prouesse ? Citons donc l'ex "organe central" qui se veut désormais le quotidien de la "gauche radicale". Le sophisme vaut en effet le détour : le parti communiste "en perd sept et en gagne deux, avec Montreuil et Aubervilliers", or "en 2001, il en avait perdu dix en tout". Ce genre de raisonnement avait singulièrement contribué à démonétiser le gouvernement Ayrault attaché sans succès à "inverser la courbe du chômage" et à se féliciter du "ralentissement de la hausse". En mathématique cela conduit à la théorie de la convexité – mais en politique cela s'appelle de la langue de bois. Et ça ne marche pas longtemps.
En vérité, si l'on totalise les mairies communistes dans les villes de plus de 9 000 habitants, le PCF et ses "partenaires" en contrôlaient 90 en 2008 : ils n'en détiennent plus désormais que 68.
Le 27 mars "L'Huma" avait clairement désigné les villes tests, mesures de son influence et même de sa prétention à la reconquête plus ou moins futuriste. Cinq villes étaient citées : Aubagne, Calais, Bobigny, Blanc-Mesnil, mais aussi… Paris, où Mme Hidalgo s'appuyait discrètement sur l'appareil du parti, sans que l'électorat en ait vraiment pris conscience. Toutes ces villes, sauf Paris, passent à la trappe.
Cinq jours plus tard, L'Humanité, c'est de bonne guerre mais la ficelle est grosse, change de focalisation. On ne parle plus que d'Aubervilliers reprise aux socialistes, Montreuil, reprise à l'écolo-gauchiste Voynet, Villeneuve st Georges, sauvée de justesse avec 50,20 %. Seul parmi les villes tests, Blanc-Mesnil est évoqué simplement pour dire : "Le PCF reste offensif. Après le choc de la défaite, les élus communistes pensent déjà la reconquête".
Dans la pratique par conséquent, le Monde qui s'était employé à faire croire à ses lecteurs que "le PCF résiste" s'est trompé et les a trompés. La rédaction de ce journal voulait ainsi suggérer que Hollande doit laisser une place à son alliance électorale à gauche. En fait l'audience électorale du vieux parti ne cesse de décroître.
Ceci ne veut pas dire, bien au contraire, que ses métastases mortifères ne s'en diffusent pas plus dangereusement encore dans le corps social.
Et ceci implique que l'on peut et que l'on doit se débarrasser de toute forme d'alliance avec les communistes et avec leurs compagnons de route.
JG Malliarakis http://www.insolent.fr/2014/04/non-le-pcf-ne-resiste-pas.html
Apostilles
- De cet écrivain maudit et pourtant si talentueux, il pourrait être permis à 70 ans de distance d'oublier certains engagements inappropriés. On aimera son regard sur la grande histoire culture française dans "Notes pour comprendre le siècle". cf. réédition de ce petit livre que l'on peut acquérir sur le site des éditions du Trident
ou par correspondance en adressant un chèque de 12 euros aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris. ⇑ - cf. L'Huma du 1er.4.14. édition papier pages 4 à 10, dossier "Événement : les élections municipales". In .