INTERVIEW. La présidente du FN a écrit une lettre de rupture à celui qui lui servait de super-DRH. Mis en cause, Paul-Marie Coûteaux s’explique au Point.fr.
Comme l’a révélé Le Point.fr, la présidente du FN a décidé de rompre avec Paul-Marie Coûteaux, président de Souveraineté, indépendance et libertés (Siel),...
...un petit parti de 600 membres créé pour ceux qui adhèrent au projet politique de Marine Le Pen, mais qui se refusent à prendre leur carte au FN. Mis en cause, l’ancien collaborateur de Charles Pasqua et Philippe Séguin s’explique.
Le Point.fr : Comment expliquez-vous cette rupture avec Marine Le Pen ?
Paul-Marie Coûteaux : La chronique de mes accords et de mes désaccords avec Marine Le Pen serait longue à écrire. Personne n’y est vraiment habitué, car tout le monde est carpette devant elle. J’ai essuyé les colères de Philippe Séguin dont j’ai été le collaborateur. Alors les colères de Marine Le Pen ne me font pas peur ! Notre désaccord porte sur la ligne politique : je désapprouve l’accent exagérément mis sur l’option "ni droite ni gauche". En 2011, cette ligne n’était pas si nette, mais elle s’est beaucoup accentuée car Marine Le Pen mise sur les déçus de François Hollande. Sans compter l’un de ses conseillers, Florian Philippot, qui est surtout sur la ligne "ni droite-ni droite". Or, le positionnement du Siel a toujours été de faire battre la gauche. Cela dit, je continue de situer Marine Le Pen à droite.
Ces divergences stratégiques mettent donc fin à trois ans d’alliance avec le FN...
À chaque fois que nous nous engueulons, nous renouons. Par SMS, Marine Le Pen m’a assuré qu’elle était désolée que sa lettre de rupture ait été mise sur la place publique. Nous devrions nous revoir bientôt, sûrement la semaine prochaine.
Vous plaidez pour un gouvernement de salut public. Comment le concevez-vous ?
La politique ne consiste pas uniquement à gagner les élections. Elle consiste aussi - et peut-être d’abord - à gouverner la France. Le FN est encore loin du compte pour acquérir une psychologie gouvernementale et une culture d’État. Pour cela, il faudrait construire un "shadow cabinet", une architecture solide pour un potentiel futur gouvernement avec le Rassemblement bleu Marine, Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan, Philippe de Villiers ainsi que ceux de l’UMP qui sont patriotes. Il faut savoir avec qui nous gouvernerons. Aujourd’hui, le Rassemblement bleu Marine est une coquille vide : il faut penser à une architecture plus large et qui soit gouvernementale.
Au sein du Siel, le parti que vous avez créé en 2011 pour soutenir Marine Le Pen, certains réclament votre démission de la présidence. Est-ce votre intention ?
Pourquoi démissionnerais-je ? Non ! Mon mandat sera remis en jeu au congrès prévu en janvier 2015. Je n’ai pas encore décidé si je serais candidat à ma succession. Mais les membres du Siel me demandent de rester : je suis le garant de l’unité et de l’indépendance de ce petit parti. Sans rouler des mécaniques, il n’y a guère que moi qui puisse tenir tête quand il le faut à Marine Le Pen. Sans moi, le Siel deviendrait une sorte de faux nez du FN et il disparaîtrait.
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