Nous y sommes, enfin ! L’égalité hommes-femmes est à nos portes, et particulièrement à la porte des toilettes.
Dans ma lointaine enfance campagnarde, autour de mes 4 ans, j’étais fascinée par la voisine. Une femme d’une forte corpulence, rude gaillarde née sous la IIIe République à moins que ce ne soit sous Louis-Philippe. Elle avait laissé la ferme à sa fille pour monter à la ville – en l’occurrence les faubourgs de Romorantin, à 6 ou 7 kilomètres du lieu-dit « Les Étrangle-Chiens ». Un exil, en somme. Solange – elle s’appelait Solange – avait deux spécialités. L’une qui me terrorisait : une grue cendrée empaillée trônant au milieu de sa salle à manger. L’autre qui m’intriguait grandement : venant darder son regard curieux sur la vie des voisins, elle se postait au bout de l’allée, poings sur les hanches, et je voyais s’écouler d’entre ses pieds, dessous sa robe grise, une mystérieuse petite rigole qui s’en allait en serpentant jusqu’au fossé.