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  • Le Front national sous la pression de la mouvance identitaire

    Au fur et à mesure que l’espace politique du Front national s’élargit, de nouveaux débats s’ouvrent en son sein. Le parti d’extrême droite est d’ores et déjà le théâtre d’une confrontation entre des points de vue sensiblement divergents sur la question cruciale, pour lui, de l’immigration.

    Le journaliste Laurent de Boissieu a bien résumé l’opposition entre les deux conceptions antagonistes du «nationalisme» qui traversent le FN. D’un côté, un nationalisme «stato-national» accepte la réalité d’une société devenue multiraciale tout en voulant limiter l’immigration au nom même de l’intégration. Cette sensibilité donne la priorité à la défense de la souveraineté nationale et à la lutte contre les communautarismes.

    A l’opposé, un nationalisme «racialo-identitaire» rejette toute société multiraciale et s’inquiète du sort réservé aux «Français de souche». Ce courant défend l’identité ethnique des peuples européens qui serait, selon lui, menacée par le «grand remplacement» généré par l’immigration de masse. [...]

    Le FN peut d’autant moins se couper des tenants du «grand remplacement» que ceux-ci font preuve d’un redoutable activisme. L’écrivain Renaud Camus, souvent plus subtil que ses détracteurs, a quelques raisons d’être satisfait de l’écho rencontré par son concept sur la scène des idées politiques. [...]

    En France, le Bloc identitaire, petit groupe d’extrême droite dirigé par Fabrice Robert et qui revendique 2.000 adhérents, est le principal vecteur politique de cette mouvance. [...] Outre Renaud Camus, étaient présents le député Jacques Bompard, maire d’Orange et président de la Ligue du Sud, ou encore l’ancien dirigeant du FN Jean-Yves Le Gallou.

    Sur cette lancée, le Bloc identitaire a mis en place un «Observatoire du grand remplacement». Ce combat est également relayé sur la Toile par le site très fréquenté Fdesouche. [...]

    Les croisés de la «remigration» peuvent enfin profiter du malaise de la gauche sur ces questions. Celle-ci hésite entre deux répliques: nier l’évolution ethnique de nos sociétés, à grand renfort de statistiques basées sur la nationalité, ou bien s’en féliciter au nom de la «diversité» et d’une nouvelle richesse culturelle. Ces hésitations et postures défensives donnent un avantage non négligeable à un discours outrancier mais clair.

    Slate

    http://www.fdesouche.com/540919-front-national-pression-mouvance-identitaire

  • Histoire : Le cardinal de Richelieu et les finances de l’Etat

    Par Jean-Baptiste Noé.

    On parle peu du cardinal de Richelieu, principal ministre de Louis XIII de 1624 à sa mort en 1642. Pendant dix-huit ans, il fut l’homme rouge qui restaura la paix, les finances et les arts d’un pays en proie aux luttes intestines.

    Il laissa un mémoire au roi, publié après sa mort, ce Testament politique, où il évoque notamment la façon de conduire les finances publiques. Sans théorisation excessive, façonné par l’expérience, son regard porté sur la situation de l’Etat ne demeure pas moins d’une grande clairvoyance. Il rappelle que l’Etat doit dépenser peu afin de prélever faiblement sa population, l’argent public étant l’argent des Français : « Les dépenses absolument nécessaires pour la subsistance de l’Etat étant assurées, le moins qu’on peut lever sur le peuple est le meilleur. Pour n’être pas contraint à faire de grandes levées, il faut peu dépenser et il n’y a pas de meilleurs moyens pour faire des dépenses modérées que de bannir toutes les profusions et condamner tous les moyens qui sont à cette fin. » [...]

    Bien avant la fameuse courbe de Laffer, il comprend que plus l’Etat pressurise la population, moins les impôts rentrent : « L’augmentation du revenu du roi ne se peut faire que par celle de l’impôt qu’on met sur toutes sortes de denrées, et, partant, il est clair que, si on accroît par ce moyen la recette, on accroît aussi la dépense, puisqu’il faut acheter plus cher ce qu’on avait auparavant à meilleur marché. […] Il y a plus : l’augmentation des impôts est capable de réduire un grand nombre de sujets du roi à la fainéantise, étant certain que la plus grande partie du pauvre peuple et des artisans employés aux manufactures aimeront mieux demeurer oisifs et les bras croisés que de consommer toute leur vie en un travail ingrat et inutile, si la grandeur des impôts les empêche de recevoir le salaire de la sueur de leur corps. » [...]

    L’Opinion

    http://www.fdesouche.com/540941-histoire-cardinal-richelieu-les-finances-letat

  • Discours de clôture du XVème congrès du Front National (Lyon – 30 novembre 2014)

     

    Discours de clôture du XVème congrès du Front National (Lyon – 30 novembre 2014)

  • Immigration et multiculturalisme en Russie : idées reçues et réalités

    Dans notre famille de pensée, certains dénoncent la place qu’occupe l’islam en Russie et la politique qu’y mène le gouvernement en matière d’immigration. En effet, la Fédération russe comptait en 2002 environ 15 millions de musulmans (selon le recensement de 2002), soit un peu plus de 10 % de la population à ce moment-là. Il est vrai aussi que le président Poutine ne manque jamais d’adresser ses félicitations à la communauté musulmane du pays lors des grandes fêtes islamiques. Celles-ci sont d’ailleurs parfois l’occasion de gigantesques prières de rue largement acceptées par les autorités locales.

    Pour comprendre ce qui se passe en Russie, il convient de ne pas lui transposer des normes et des interprétations historiques valables en Europe de l’ouest mais qui, là-bas, ne signifient rien. La Russie n’est pas la France ; la réalité russe est singulière et examiner celle-ci avec une grille d’analyse franco-centrée ne peut qu’induire en erreur.

    Tout d’abord, la présence plus ou moins massive de musulmans en France et en Russie ne répond pas du tout des mêmes causes. Les musulmans de France et ceux de Russie ne sont pas les mêmes. En effet, si, en France, on assiste à un phénomène d’islamisation directement lié à une immigration incontrôlée, il n’en va pas de même en Russie. A la différence des musulmans vivant sur le sol français, ceux de Russie sont majoritairement des autochtones. Il existe là-bas une communauté musulmane depuis plus de cinq siècles et dont les membres, jadis sujets du tsar, sont aujourd’hui des citoyens de la Fédération russe. Tchétchènes, Daghestanais, Ingouches, Tatars, pour ne citer qu’eux, bien que n’étant ni Slaves ni orthodoxes, sont néanmoins des Russes à part entière depuis plusieurs générations. C’est compte tenu de cette réalité qu’au XVIIIème siècle, l’impératrice Catherine II introduisit en Russie le principe de tolérance religieuse et leva l’interdiction de construire des mosquées. Les tsars ont ainsi légué aux Russes un empire gigantesque, multiethnique et multiconfessionnel. La Russie n’en est pas « multiculturaliste » pour autant. Les Habsbourg, à la tête de l’empire austro-hongrois rassemblant des populations d’une dizaine de nationalités différentes parlant autant de langues, étaient-ils des multiculturalistes ? Pareillement pour la Russie, gardons-nous bien d’émettre un jugement anachronique ou trop dépendant de nos propres normes au mépris des réalités locales. Aux prises avec le réel, le président Vladimir Poutine ne gouverne pas une société idéale, conçue dans les nuées, mais le pays le plus vaste au monde, façonné par une riche histoire millénaire. La politique étant l’art du possible au service du bien commun, il est de la responsabilité du chef de l’Etat de renforcer l’unité nationale et de faire régner la concorde interethnique et interconfessionnelle. En somme, Vladimir Poutine, par une attitude positive vis-à-vis de toutes les religions traditionnelles du pays, ne fait rien d’autre que travailler à transmettre ce qu’il a reçu. Et cela ne l’empêche absolument pas d’afficher dans le même temps une proximité particulière avec le christianisme orthodoxe qu’il qualifie de colonne vertébrale de la civilisation russe. On peut bien sûr regretter que l’ancien principe de tolérance religieuse ait laissé la place à celui, libéral et démocratique, de liberté religieuse. Nonobstant, ne perdons pas de vue d’où vient la Russie (elle revient de loin !) et reconnaissons les points positifs de son évolution récente.

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  • UMP : victoire peu éclatante pour Sarkozy

    Nicolas Sarkozy est élu président de l'UMP avec 64,5 % des suffrages devant Bruno Le Maire (29,18) et Hervé Mariton (6,32%). Le taux de participation s'élève à 58,1 %.

    L'ancien chef de l'Etat comptait dépasser les 80%.

    Michel Janva

  • Réélue présidente, Marine Le Pen renforce ses positions dans les instances du FN

    Marine Le Pen a été réélue dimanche, sans adversaire, présidente du Front national lors du XVe Congrès de son parti à Lyon, et a choisi cette occasion pour rafraîchir l'organigramme du parti où elle renforce ses positions.

    Élue en janvier 2011 une première fois à Tours, alors qu'elle était opposée à Bruno Gollnisch pour succéder à son père, le cofondateur du parti, Marine Le Pen entame un deuxième mandat auréolée de succès électoraux manifestes en 2014, aux municipales, aux sénatoriales et surtout aux européennes.

    Sans adversaire, Marine Le Pen a recueilli sans surprise 100% des suffrages exprimés: il y a eu 22.329 votants et seulement... 17 bulletins nuls, d'après les chiffres communiqués à l'AFP par celui qui est désormais 1er vice-président chargé des affaires juridiques, Jean-François Jalkh.

    Seuls 42.100 des 83.000 adhérents étant à jour de cotisation et donc autorisés à voter, M. Jalkh a annoncé un taux de participation de "53%".

    Marine Le Pen a annoncé au cours de cette réunion statutaire le renouvellement des instances de son parti. Alors que celui de sa première présidence ressemblait plus à une synthèse ménageant les différentes sensibilités -les partisans en 2011 de son rival Bruno Gollnisch occupaient presque la moitié des sièges du comité central, le "parlement" du parti-, Marine le Pen a imprimé sa marque de manière plus visible à ce nouvel organigramme.

    Signe emblématique: la sortie d'Alain Jamet, cofondateur du FN en 1972, nommé vice-président du parti en 2011 par Marine Le Pen, mais qui était très discret.

    Il laisse la place à l'ancien mégrétiste Nicolas Bay, qui devient secrétaire général et donc patron de l'administration du parti.

    - 'Le fameux "Front familial"' -

    Steeve Briois, le maire d'Hénin-Beaumont qui occupait ce poste auparavant, devient vice-président aux exécutifs locaux et à l'encadrement. Le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, reste aussi vice-président et récupère le dossier des élus en sus de la formation, tandis que Florian Philippot garde sa vice-présidence et les dossiers de la stratégie et de la communication.

    Steeve Briois, Louis Aliot, Nicolas Bay, Florian Philippot: les hommes symboles du "marinisme" sont plus que jamais présents au sein du bureau exécutif, même si les "historiques" Jean-François Jalkh (1er vice-président chargé des affaires juridiques), Wallerand de St-Just (trésorier national), Marie-Christine Arnautu (vice-présidente chargée de l'administration interne) complètent l'instance avec Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du parti.

    Comme annoncé samedi, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, qui a triomphé au vote interne des militants, ne rentre pas au bureau exécutif: "Je ne voulais pas que Marine Le Pen se fasse reprocher le fameux "Front familial"", a-t-elle expliqué.

    Elle a rejeté à l'avance toute idée "d'incarner (elle-même) une ligne", alors que le vote des militants pour départager ses "nuances" avec Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen finalement 4e, était l'un des enjeux du congrès. Elle espère cependant avec ce vote avoir conquis sa "propre légitimité" au sein du parti.

    La benjamine de l'Assemblée restera membre d'un bureau politique renouvelé, sorte de "gouvernement" du parti, qui compte 43 membres, dont nombre de proches de Marine Le Pen plus anciens (Edouard Ferrand, Bruno Bilde) ou arrivés plus récemment (Valérie Laupies, Bernard Monot), un proche de Florian Philippot (Gaëtan Dussaussaye), une poignée de partisans de Bruno Gollnisch, mais aussi au moins un proche de la députée du Vaucluse (Aymeric Chauprade).

    Huit personnes font leur entrée, neuf leur sortie, dont Fabien Engelmann, le maire d'Hayange (Moselle), contesté jusqu'au sein du FN.

    Le FN a organisé dimanche matin des tables rondes consacrées à l'écologie -il lancera un collectif sur ce sujet le 10 décembre-, la fraude sociale, les libertés numériques ou la frontière.

    Marine Le Pen clôturait le congrès dans l'après-midi avec un discours débuté vers 15H00.

    Source : Afp via yahoo :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuEZFyZAppnhlGfefT.shtml

  • Immigration : la fermeté sauve des vies, la preuve en Australie

    australia

    Le nombre de réfugiés ayant trouvé la mort en essayant d’atteindre l’Australie a considérablement baissé, tandis que le monde est confronté à une forte augmentation des décès liés aux migrations. La  Méditerranée apparaît comme la région la plus mortelle pour les réfugiés.

    Un rapport de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) montre le net déclin des décès en Australie depuis le changement de gouvernement et le durcissement de la politique d’immigration l’année dernière.

    Le rapport de 212 pages (Fatal Journeys, Tracking Lives Lost during Migration) fait état d’un seul réfugié ayant trouvé la mort en 2014, celui de Reza Berati, un Iranien de 23 ans qui a été tué lors des émeutes de Manus en février.

    Ce seul décès enregistré est à mettre en parallèle avec les 212 morts en 2013 et les 356 morts en 2012 lors de l’arrivée massive d’embarcations de réfugiés sous le gouvernement travailliste, avant que Kevin Rudd réinstaure les contrôles en mer quand il est revenu au pouvoir l’an passé.

    L’OIM s’est servi des données fournies par l’Université Monash de Melbourne, et prend en compte les réfugiés disparus, ceux qui ont péri pendant leur voyage vers l’Australie et ceux qui ont perdu la vie dans les centres de détention sur terre ou au large.

    Malgré l’énorme diminution des décès en Australie, les chercheurs refusent de reconnaître l’incidence du durcissement des politiques gouvernementales qui comprennent l’interception des embarcations en mer, leur reconduction vers le large ainsi que les dispositions prises pour assurer le retour de ces populations.

    « A quel degré ces variations sont explicables par des facteurs globaux de situations qui génèrent des réfugiés ou bien par les changements des politiques d’immigration aux frontières de l’Australie, reste un sujet de controverse », précise le rapport.

    L’OIM dénonce également le fait que « le nombre des décès puisse être considéré comme un comptage de points » c’est à dire exploité par les média en quête de sensationnalisme ou par les politiques qui « défendent des contrôles encore plus renforcés aux frontières pour empêcher les traversées dangereuses sans remettre en cause d’autres mesures qui mettent en danger les réfugiés en les privant de pouvoir voyager de façon sécurisée et légale. »

    Un porte-parole du Ministère de l’Immigration, Scott Morrison, déclara : « La politique de protection des frontières du gouvernement a toujours eu pour objectif de sauver des vies. Nous avons tous pu constater les conséquences dramatiques qu’ont eu les mesures de faiblesse appliquées par le gouvernement précédent.

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  • La vengeance de l’histoire et de la géographie

    Les Ve Assises nationales de la Recherche stratégique se sont tenues le 21 novembre dernier à l’école militaire devant plus de 1 200 personnes, sur un thème d’actualité : “Mondialisation Politique et religions : Affrontements et perspectives”. Des drames, l’actualité n’en a pas été avare ces dernières semaines. Nous le pressentions depuis longtemps. Affrontements interconfessionnels, dérives sectaires, régressions obscurantistes, actions terroristes menées par des individus se revendiquant d’une cause sacrée…

    Par Alain Bauer

    Les États modernes sont aujourd’hui confrontés à des violences, et notamment des violences à connotation religieuse qui, au plan international, créent autant de fractures d’un monde en déséquilibre permanent.

    On ne peut échapper, pour ouvrir des assises portant ce titre, à la traditionnelle citation de référence. Malraux (car qui d’autre…) aurait dit : “Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas”.

    Cette filiation n’est pas exacte. L’emblématique ministre de la Culture du Général de Gaulle ne l’a ni dit, ni écrit, et en a même récusé publiquement la paternité en 1975 : “Je n’ai jamais dit cela, bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire”.

    Mais rien n’y fait. Comme le rappelle Pierre Assouline, des gens très sûrs d’eux resservent régulièrement la phrase à tout propos. Impossible d’y échapper dès que le sujet est dans l’air. Avec des variantes – “mystique” ou “spirituel” – apparaissant en lieu de place de “religieux”.

    Le débat sémantique n’est pourtant pas sans intérêt et la place du spirituel, même laïque, du mystique, du religieux, de la part intime qui cherche la transcendance, pèse durablement sur l’action politique.

    Il arrive ainsi qu’on s’intéresse plus à Babylone qu’à Bagdad quand on décide d’une intervention en Irak. On redécouvre les empires disparus (Perse, Ottoman, Russie orthodoxe,…), on subit la vengeance de l’histoire et de la géographie quand on feint de ne pas comprendre les conflits contemporains.

    En matière criminelle ou terroriste, mais pas seulement, ce qui semble nouveau est le plus souvent ce qu’on a oublié. Ceci vaut aussi pour la question stratégique.

    L’adversaire, l’ennemi, ne va plus de soi. Le temps et l’espace se sont rétractés au rythme des réseaux sociaux.

    Les frontières tirées au double décimètre, les angles droits de la colonisation, n’ont pas fait disparaître les identités, les tribus, les obédiences. Elles n’ont fait que les masquer provisoirement.

    Et dans ce mitonnement des mondes qu’on croyait renvoyés dans les livres d’histoire d’avant-tablettes, nous voici brutalement, sauvagement parfois, exposés à nos fautes ou à nos actions.

    Il s’agit désormais d’essayer de comprendre pourquoi et comment la mondialisation modifie profondément les interactions pluriséculaires entre le politique et le religieux, induisant des bouleversements stratégiques dans la plupart des pays du globe. Tel est l’enjeu de nos travaux d’aujourd’hui.

    La mondialisation, c’est, bien sûr, d’abord une ouverture des frontières et une facilité de circulation sans commune mesure avec ce que les générations précédentes avaient connu. Pour le meilleur et pour le pire.

    Car la “marchandisation” du monde progresse, envahissant toutes les sphères de l’existence, y compris celles, intimes, du corps et du sacré.

    Les migrations déstructurent les repères sociaux de communautés entières.

    Les progrès des droits de l’homme et de la démocratie de marché se heurtent à de fortes résistances liées à des conservatismes et des replis identitaires virulents.

    Des individus de plus en plus nombreux se retrouvent livrés à leur propre liberté et se regroupent en de nouvelles “tribus” aux allégeances multiples, soumis à des injonctions contradictoires dans un monde aux incessantes mutations.

    En quête de “solutions” tant individuelles que collectives, ils subissent la concurrence à laquelle se livrent le politique et le religieux pour les mobiliser et parfois les contrôler, a minima autour de symboles et de repères moraux, mais aussi, de façon plus ambitieuse, autour de conceptions, différenciées pour être acceptables, de l’identité collective comme de la transcendance.

    De plus, les États occidentaux, affaiblis par les mutations du monde, tentent souvent de garder une part de leur autorité en disqualifiant le discours théologique dans le champ de la vie pratique et publique. Alors que, dans le même temps, les églises ne se privent pas de critiquer un relativisme des valeurs qu’elles considèrent inhérent à la modernité de nos sociétés ouvertes.

    La mondialisation ouvre ainsi, sous nos yeux, une nouvelle période de coexistence, pas nécessairement pacifique, du politique et du religieux, en mettant en tension ces éléments essentiels du “vivre ensemble”.

    Régis Debray, toujours plus fécond et plus précis, est allé plus loin dans l’analyse de ce qui fait aujourd’hui crise et chaos autour de la dilution des appartenances dans un grand tout qui ne peut, par l’échange des marchandises, répondre aux besoins humains d’identité et d’appartenance :

    “Il n’était pas prévu par nos maîtres-penseurs que le supposé ‘village global’ du XXIe siècle pût voir tant de villageois s’entre-tuer, tant de quartiers en venir aux mains. La diffusion du savoir, des bibliothèques, du télégraphe et des machines à vapeur était supposée mettre fin à la tour de Babel. C’était le credo de base des Lumières, ce que nous avaient annoncé Voltaire et Victor Hugo, et dans la foulée les prophètes du management et du désenchantement du monde (Karl Marx ou Marx Weber, Jean Monnet ou JJSS).

    Où est la surprise ?

    Dans le fait qu’à la mondialisation techno-économique correspond une balkanisation politico-culturelle, porteuse d’insurrections identitaires où la sacralité a changé de signe.

    Le défoulement, le déferlement des arriérés historiques, peuvent s’entendre comme les conséquences même de l’uniformisation technique de la planète. Le surinvestissement des singularités locales compensant le nivellement des outillages, la carte bleue fait ressortir la carte d’identité et l’appétence de racines.

    Comme si le déficit d’appartenance appelait une surenchère compensatoire”.

    Comme Robert Muray le rappelait dans son formidable XIXe siècle à travers les âges, nous avons toujours l’impression que la science remplace la superstition. Et que le progrès va de pair avec la restriction de l’espace religieux. En fait, il semble bien que les deux processus d’expansion soient concomitants. L’accélération de l’uniformisation globalisante génère mécaniquement un retour aux sources de la tradition et de la coutume (quitte parfois à en inventer qui n’existaient pas, pour compenser la perte des repères subie).

    Ce double mouvement se révèle donc à la fois symétrique et contraire, créant une tension que le message rabâché du lendemain qui chante ne peut plus réduire.

    Le symbolique est donc naturellement de retour. Et sa dimension ne permet pas la seule normalité anaphorique dans la réponse à la désillusion, au désespoir, au mépris ou à la colère qui monte partout, et pas seulement en Occident.

    Le message gaullien ou churchillien n’était pas seulement construit dans la résistance ou la volonté. Il s’appuyait aussi sur une mise en forme, une mise en scène, qui en renforçait le contenu et en permettait la crédibilité. Distance, rareté de l’apparition publique, incarnation souveraine constituaient le cœur d’un rituel accepté par le plus grand nombre au nom de l’indispensable gestion politique de la transcendance d’État.

    Le religieux, le spirituel, la foi ou la croyance ne nous rattrapent pas, en concurrence avec les autres symboles civils ou laïques. Ils meublent simplement le vide laissé par le désenchantement du politique.

    En 1927, le grand physicien et fondateur de la mécanique quantique Werner Heisenberg définissait ce qu’il avait d’abord appelé le principe d’incertitude, selon lequel il est impossible de connaître avec précision à la fois la position et la vitesse d’une particule. On crut pendant longtemps que le problème relevait de la qualité du processus d’observation, avant de découvrir qu’il s’agissait plus fondamentalement d’une propriété essentielle de la matière Il le remplacera plus tard par le principe d’indétermination.

    Il est temps, en matière stratégique, de revenir ainsi aux propriétés fondamentales de l’Histoire. Il n’y a ainsi pas – et ne peux y avoir – de choc de civilisations. Il ne peut y avoir qu’un choc des incultures. Et il est largement temps de rappeler une fois de plus que la laïcité n’a jamais constitué une excuse à l’ignorance. Des sciences comme des religions.

    lenouveleconomiste.fr

    http://fortune.fdesouche.com/363637-la-vengeance-de-lhistoire-et-de-la-geographie#more-363637

  • Les nouveaux paradigmes du politique

    Les conflits virulents qui ont troublé la vie politique ces deux dernières années ont semblé ranimer la vieille dichotomie entre « gauche » et « droite ». Ne s’agirait-il pas d’une illusion engendrée par la persistance, dans le champ de l’imaginaire idéologique, de réflexes désuets ?

    La postmodernité présente, en effet, plusieurs caractéristiques. Elle se caractérise d’abord par une déréalisation de l’humain, conséquence d’une destruction méthodique des liens fondamentaux qui produisent les appartenances, autrefois considérées comme naturelles, et qui ont été laminées par le libéralisme triomphant, le culte de l’individualisme, du consumérisme, un hédonisme dissolvant, et les progrès de la techno-science. L’humain est comme hors sol, seulement capable de s’attacher à des repères qu’il croit pouvoir se donner. On sait combien, du reste, l’homme ignore quelle histoire il fait, pour peu que l’Histoire soit encore possible.

    L’évolution de plus en plus accélérée des mœurs, qui a fait passer une société de son statut patriarcal, autoritaire, hiérarchique, à une société clitocratique, maternalisante, infantilisante, émolliente, transforme toute revendication sociopolitique en caprice puéril, en défense d’intérêts particuliers, ou en jeu. Dans le même temps, l’État, qui n’est plus qu’une centrale de management sociétal, et, subsidiairement, un organisme à réprimer toute contestation de l’ordre existant, ne détient plus de puissance que ce que les instances supranationales veulent bien lui laisser. S’emparer de l’Élysée, quelle importance ?

    C’est comme si la vie politique avait été vidée de sang et de sens. Le personnel d’État, qui siège dans les organismes pour la plupart créés sous le Premier Empire, ne sont plus que des machines à projeter des effets d’annonces. On suscite ainsi des réactions, on joue avec les étiquettes, avec des mots chargés de connotations fortes, on manipule des émotions, on provoque de pseudo-événements, dérisoires, qui occupent les consciences. Et, in fine, les concepts de gauche et de droite ne signifient plus grand chose.

    D’un point de vue géopolitique, un système unique, celui du capitalisme, semble d’imposer. Certes, l’on sait que les États-Unis, acteurs déterminants de cette conquête du marché à l’échelle mondiale, rencontrent des résistances. Cependant, la question est de savoir si ses adversaires incarnent une alternative au libéralisme, auquel cas ils devraient rompre avec le modèle libéral, pour retrouver des racines anciennes, ou bien des alter-libéralismes, des manières différentes de gérer le capitalisme.
    On voit donc que les enjeux, qui paraissaient clairs il y a cinquante ans, où des systèmes antithétiques s’affrontaient, sont maintenant singulièrement brouillés.

    Restent des problèmes irréductibles, qu’il est difficile de surpasser, les dangers que présentent l’évolution démographique mondiale, partant les migrations, l’épuisement des ressources énergétiques, la destruction de la nature, la précarisation des société, l’éradication des identités, le ravalement de l’humain à l’état de chose.

    Cependant, l’homme étant, selon les mots de Dostoïevski, un « animal qui s’habitue à tout », il n’est pas certain que souffrance, désespoir et même l’espoir, aboutissent à une hypothèse de changement radical. Le postnihilisme a vidé le monde de tout sentiment de la véritable altérité, donc de toute imagination. Le seul rêve permis est celui d’une adaptation heureuse à l’aliénation.

    Du reste, depuis que l’homme a décidé, au seuil de la modernité, à la Renaissance, que le seul univers possible était le sien, qu’il était le centre du Cosmos, il s’est enfermé dans une prison conceptuel et existentiel.

    La Révolution est, littéralement, un décentrement de l’individu, un retour aux sources premières de l’Europe spirituelle, à l’assomption de notre Terre natale.

    Claude Bourrinet,  pour le Cercle Non Conforme

    http://la-dissidence.org/2014/11/22/les-nouveaux-paradigmes-du-politique/