Pour éviter qu’un jeune ne s’égare dans la voie de l’islamisme, il convient que l’école le guide dans le droit chemin républicain. C’est ce que le chef de l’Etat appelle « l’acte II de la refondation de l’école », on a déjà oublié ce qu’était l’acte I… François Hollande a opté pour la fermeté ! Ainsi : « Aucun incident ne sera laissé sans suite. Chaque fois qu’il y aura une mise en cause de la dignité, de l’égalité entre jeune fille et jeune garçon, qu’il y aura une pression, un mot qui sera prononcé qui met en cause une valeur fondamentale de l’école et de la République… » Ah mais ! Que se passera-t-il alors ? Le président n’hésite pas et affirme : « Il y aura une réaction ». Ouf ! Laquelle ? Là encore, sa voix ne tremble pas pour le dire : « Tout comportement mettant en cause les valeurs de la République ou l’autorité des enseignants fera l’objet d’un signalement au chef d’établissement. »
Signalés au chef d’établissement ? Les collégiens et lycéens de banlieue en tremblent. Ils ne soupçonnaient pas que la République irait jusque-là pour les mettre au pas. Le lendemain, leur ministre de tutelle, Najat Vallaud-Belkacem, n’a pas été moins combative qui a précisé que ces cas-là seront non seulement « signalés au directeur d’école ou au chef d’établissement » mais en plus « suivis d’un dialogue avec les parents », voire « d’une sanction disciplinaire »mais, attention, point trop n’en faut pour ne point les désespérer, la sanction n’interviendra, elle, que « le cas échéant ». Un dialogue avec leurs parents, le coup est rude !
Quelles sanctions ? On n’ira pas jusqu’à les mettre au piquet pour ne pas les humilier, mais ce sera quand même terrible ! Les élèves pourront « écoper »(sic) de mesures de responsabilisation à effectuer auprès d’associations pour « développer leur conscience citoyenne et les aider à réfléchir à la portée de leurs actes ». Ainsi, grâce à cela, ils auront enfin une attitude civique, leur conscience assoupie étant éveillée au son du clairon républicain, ils comprendront qu’on peut aider les vieilles dames à traverser la rue sans leur piquer leur porte-monnaie. Dans les cas les plus douloureux, un juge de proximité pourra leur infliger un « rappel à la loi », qui est le terme juridique pour « tirer les oreilles ».Ils ne s’en remettront pas.
Le sabre de bois hollandais supposé tarir, à terme, les sources du djihadisme, ne concerne que les « meilleurs » de nos jeunes, c’est-à-dire ceux qui sont restés dans le système scolaire. Mais les autres qui l’ont déjà fui ? Ceux qu’on appelle aujourd’hui« décrocheurs » et qu’on nommait jadis « cancres » ? Ce sont eux qui sont disponibles pour l’aventure guerrière en Syrie et terroriste en France. Rien n’est prévu.
Mme Najat Vallaud-Belkacem a également annoncé, incidemment, que les « candidats professeurs seront évalués sur les valeurs de la République. » On doit s’interroger sur cette formule. Il n’est pas rare qu’une mesure applicable à l’origine aux uns le soit finalement aux autres. Faites pour écarter d’éventuels islamistes, elle pourrait être opposée aux professeurs qui refuseraient l’égalité entre homosexualité et hétérosexualité ou ne sacrifieraient pas à la théorie du « genre ». Vigilance, donc…
Guy Rouvrais