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Départementales : le PS craint une défaite historique

Le premier tour du scrutin, le 22 mars, pourrait s'avérer particulièrement dévastateur pour les candidats socialistes.

Les pronostics les plus sombres pourraient bien s'avérer justes. «Sur les 61 départements que la gauche gère, elle en gardera entre 15 et 30. Vu les remontées de terrain, le chiffre de 15 est loin d'être impossible», confie un cadre du PS. Scénario noir, la perte d'une grande partie des départements actuellement détenus par le Parti socialiste pourrait bien se concrétiser à l'issue d'un nouveau scrutin redouté par les socialistes. «On s'attend à une forte vague, ça va secouer, on est en train de tout perdre», craignait déjà en octobre Claudy Lebreton, le président socialiste de l'Association des départements de France (ADF).

Alors que la France a connu plusieurs attentats, le PS espérait que «l'esprit du 11 janvier» et la gestion jugée réussie de cette période par l'exécutif allaient permettre au PS de limiter le casse. La victoire du candidat PS dans le Doubs lors de la législative partielle avait même apporté une lueur d'espoir. Mais l'embellie a été de très courte durée. Le psychodrame du 49-3 sur la loi Macron a en effet été mal vécu chez certains électeurs du PS.

«La dernière ligne droite de la campagne confirme qu'il y a un vrai risque d'élimination de la gauche au premier tour», témoigne Jérôme Guedj. Si les experts de Solferino tablent, en public, sur une défaite des candidats socialistes dans environ 500 cantons le soir du premier tour, comme Christophe Borgel, d'autres responsables évoquent, en privé, un chiffre bien plus important. «L'élimination des candidats socialistes dans 1000 cantons est possible», estime un grand élu local de gauche. Pour certains socialistes, le chiffre pourrait même grimper à 1200, selon les scénarios les plus noirs. Lundi, le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, ne cachait pas redouter l'élimination de la gauche et des écologistes «dans près de la moitié des cantons». Autre élément inquiétant: le contexte national. Selon un sondage Ifop, 40 % des Français envisagent de sanctionner le couple exécutif et sa politique, contre 20 % au moment des municipales. Des élections qui avaient déjà été meurtrières pour la gauche.

Mobiliser

Le FN, qui a le vent en poupe dans les sondages, devrait en profiter et pourrait au final remporter une centaine de cantons, voire quelques rares départements. «Sur le terrain, on sent très fortement la poussée du FN», témoigne un responsable PS, qui note que le second tour pourrait aussi s'avérer difficile pour les candidats socialistes qui réussiront à passer le premier. «Les cantons particulièrement gagnables pour le FN sont ceux qui présenteront un duel FN-PS en raison de la porosité de l'électorat UMP», estime-t-il. Des cas qui pourraient concerner 300 cantons.

Sur le terrain, les conseillers généraux sortants ne cachent pas leurs craintes. Certains présidents de département, comme dans l'Eure, craignent même d'être battus. «Il y a de l'inquiétude», confirme Michel Boutant, président socialiste du conseil général de la Charente. «On entend dire que les gens ne sont pas au courant de la date et même de l'existence de ce scrutin. C'est vrai que les gens sont perdus»,note l'élu. «Certains me disent “ah bon, les départements existent toujours?”» Il ajoute: «Le département est dans la ligne de mire de la droite et la gauche depuis des années. Le fait que nous soyons au milieu du gué au Parlement au niveau de l'examen de la loi Notre (nouvelle organisation territoriale de la République, NDLR) joue aussi chez nos électeurs.»

Des électeurs socialistes tentés par l'abstention ou par la gauche radicale que le PS espère encore mobiliser. «Il faut appeler les électeurs à voter utile pour que la gauche soit présente au second tour. Il ne s'agit pas de faire un vote de témoignage au premier tour», lance Jérôme Guedj, président du conseil général de l'Essonne. «Les électeurs ne sont pas obligés de suivre les logiques des états-majors qui ont choisi la division. J'appelle à un vote efficace. Si l'on ne veut pas que la gauche soit éliminée, il ne faut pas disperser les voix», abonde Christophe Borgel, député PS et secrétaire national aux élections.

Un paysage sombre

Selon Le Canard enchaîné,Manuel Valls aurait même conseillé aux candidats socialistes de ne pas parler d'économie afin de tenter de mobiliser l'électorat. «Sur l'économie, on n'a pas de succès véritables. Ce n'est donc pas là-dessus que l'on fera se déplacer les électeurs de gauche», a-t-il expliqué, selon des propos rapportés par l'hebdomadaire satirique. «Alors que sur la République et la laïcité, on peut les mobiliser», a-t-il aussitôt ajouté.

Malgré un paysage sombre qui se dessine jour après jour pour le PS, certains responsables relativisent l'ampleur de la défaite annoncée… notamment à l'UMP. «Les conseils généraux sont des structures de notables. Les gens se moquent de l'étiquette politique du candidat», estime le député du Cantal, Alain Marleix, fin connaisseur de la carte électorale.

Pour Jérôme Guedj, les jeux ne sont pas encore faits. «À l'UMP, ils ne savent pas si c'est eux ou le PS qui vont être éliminés», affirme-t-il. L'UMP a en tout cas déjà préparé les éléments de langage. «Si l'on gagne entre 15 et 20 départements, c'est bien. Au-delà de 23 à 24, c'est un raz-de-marée», estime un autre bon connaisseur de la carte électorale du parti.

Julien Chabrout

Source : Le Figaro :: lien

http://www.voxnr.com/cc/politique/EukVVukklVUlfacGRo.shtml

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