Les musulmans de Marseille font-ils appel aux dons des pays “frères” pour édifier les lieux de culte ? Oui. En 2010, lors de la pose de la première pierre de la grande mosquée, à Saint-Louis (15e à Marseille), l’Algérie a officieusement promis 7 millions d’euros (sur les 21 M€ nécessaires) à celui qui gérait alors le dossier, Nourredine Cheikh, président de l’association La Mosquée de Marseille.
Ensuite, Abdoulaye Wade, chef d’État sénégalais, s’est fendu d’un chèque de 50 000€. Et la communauté comorienne a fait un don de 60 000€. La règle instaurée, par le maire et l’association, stipule que les pays musulmans peuvent donner autour de 20 % pour que personne n’ait la mainmise sur le dossier. Mais tous peuvent participer : le Maroc, le Qatar, l’Indonésie…
Grande mosquée : et soudain, tout s’écroule
Manuel Valls va-t-il engager un bras de fer avec Marseille ? Sûrement pas. Car le projet est mort-né. L’Algérie s’est retirée (après avoir quand même payé les frais de dossiers à hauteur de 160 000€) en apprenant que Abderrahmane Ghoul, “catalogué” pro-Maroc, avait succédé à son “poulain” Nourredine Cheikh. Et manifestement, aucun des autres pays musulmans (qui semblaient prêts à suivre l’Algérie) ne fera le premier pas. C’est une épine en moins dans le pied du Premier ministre Manuel Valls. Pourtant, il existe d’autres projets à Marseille. Mais jusqu’à preuve du contraire, ils sont entièrement financés par des particuliers. “Il y a 200 000 musulmans à Marseille, explique Amar Messikh, qui prépare la mosquée des Cèdres (13e) et qui a déjà en banque 300 000€. Il suffit que chacun donne un euro par mois et on aura de quoi faire la mosquée. Mais même sans ça, je suis confiant. Les musulmans sont généreux. Ma mosquée sera construite.”
Un terrain a été acheté au bailleur HMP aux Cèdres, à Malpassé, et l’édifice cultuel est en bonne voie. C’est également le cas sur l’avenue Camille Pelletan, près de la Porte d’Aix (2e) où la mosquée, une des plus anciennes de Marseille (1975), est entièrement rénovée par les dons des fidèles. À la tête de l’Association Cultuelle Islamique de Marseille, Moussa Bouzenzen et Amar Tazir ont déjà récolté près de… un million d’euros avec des dons de particuliers pouvant grimper jusqu’à 10 000 €.
L’Algérie quand même présente grâce aux imams
D’autres projets de construction s’appuient aussi sur les fidèles. C’est le cas à la Busserine, où la Ville a cédé un terrain par bail à une autre association qui doit bâtir un bâtiment destiné à devenir le grand point de rendez-vous des musulmans du 14e. Pas l’ombre d’un pays étranger dans ces dossiers, ni dans celui de la mosquée des Comoriens de Saint-Mauront (3e) qui ont mis 30 000€ pour acheter un local à la Rue Auphan. Et qui pourront ainsi déménager de leur étroite mosquée perchée en haut de la rue Gaillard.
En fait, l’Algérie est présente dans un autre domaine, celui du prêche : “Trois mosquées, la Capelette, Font Vert et Félix-Pyat ont des imams payés par la Grande Mosquée de Paris, qui représente l’Algérie, explique Amar Tazir, également membre du CRCM, antenne régionale du CFCM créé (par Nicolas Sarkozy) en 2003 pour contrôler le culte en France. D’autres mosquées peuvent en bénéficier si elles veulent. Il faut qu’elles en fassent la demande et si des imams sont disponibles, ils viendront à Marseille.” Mais l’immense majorité des imams appartient à la communauté marseillaise et est payée par une association, par les dons des fidèles (qui peuvent être matériels) quand les imams ne prêchent pas bénévolement. Chaque mosquée a son fonctionnement. Et son imam qui, selon les cas, n’est pas vraiment apte à… prêcher. Mais c’est une autre histoire.
Le financement de l’islam par des pays étrangers est autant une aberration que le piétinement de la loi 1905 pour qu’il soit payé par les contribuables français. Quant à ces divers associations cultuelles maquillées en culturelles, quelle est leur légitimité ?
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