De Denis Tillinac sur Atlantico à propos de la charte proposée par le FN pour le 3ème tour des départementales :
"Il y a un minimum de connivence entre les deux électorats. C'est un phénomène que Sarkozy, en qualité de président de l'UMP, devrait prendre en considération. Je ne trouve pas que ce soit une bonne idée de définir le FN comme un ennemi privilégié. C'est un adversaire, au même titre que le PS. Nous sommes dans un faux ni-ni. On menace d'exclusion immédiate quelqu'un qui ferait le moindre accord avec le FN. Or, lors des législatives partielles du Doubs, Juppé et NKM ont appelé à voter socialiste contre le FN – rompant alors le ni-ni. Je n'ai pas entendu dire qu'ils étaient exclus. Faire du FN son ennemi politique héréditaire est suicidaire pour l'UMP (...)
Des ententes locales sur des propositions claires n'ont rien de scandaleuses. Je rappelle quand même que Jean-Pierre Soisson a gouverné la région Bourgogne pendant trois mandats avec des voix du FN, cela n'a pas empêché Mitterrand de le nommer. Jacques Blanc a gouverné le Languedoc-Roussillon pendant trois ou quatre mandats avec les voix du FN de façon revendiquée, ça n'a pas gêné grand monde.
Evidemment Marine Le Pen joue un jeu tactique en les mettant dos au mur. L'UMP doit avoir l'intelligence de ne pas se laisser piéger pour faire plaisir à trois journalistes de gauche indignés qui dénonceront une alliance avec le fascisme. Son électorat est plus près du FN que du PS.D'un autre côté, l'électorat FN préfère voter, à tout prendre, pour l'UMP plutôt que pour le PS. C'est une réalité fondamentale (...)
La diabolisation ne marche plus. On a l'impression que même Hollande y renonce. Il a reçu deux fois Marine Le Pen. Il ne faudrait pas que l'UMP soit la dernière à tomber dans ce panneau grossier. Le FN est un parti comme les autres, il participe aux élections, il n'a jamais contesté le verdict des urnes même quand il lui était défavorable. En cela, le FN est aussi républicain que le PS ou l'UMP.
Il y une frontière politique et stratégique. Marine Le Pen veut la peau de l'UMP et Sarkozy veut la peau du FN. Ce sont des questions de pouvoir. La porosité que les observateurs remarquent entre les deux électorats est une évidence.