Dans son fief du Vaucluse, ce dimanche, la cheffe de file du Front national en Paca s'est lancée dans la campagne pour les élections régionales.
Dans le Sud-Est, les bises vont par trois : Marion Maréchal-Le Pen ne s’y trompe pas, honorant à chaque stand des joues rosies par le soleil. C’est dans le Vaucluse, sa terre d’élection, que la députée a lancé dimanche sa campagne régionale. Pour l’occasion, un petit village de toile a poussé sur l’hippodrome du Pontet, dont la tribune est pavoisée de bleu-blanc-rouge. Musique «live», merguez et produits du pays – dont un rosé cuvée «Marion» : le rassemblement ressemble à une version miniature des «Bleu-Blanc-Rouge», sorte de fête de l’Huma sauce frontiste dont la dernière édition a eu lieu en 2006.
Sur son matériel de campagne, la candidate s’affiche toutes dents dehors, devant un champ de lavande et sous le slogan «La France plein sud». Déjà plus jeune députée de la Ve République, Marion Maréchal-Le Pen aspire à devenir la plus jeune présidente de région. Trop jeune ? «Je revendique [mon âge] comme un gage de liberté, a-t-elle répondu dans un discours ramassé, face à quelque 1500 personnes. Je ne suis pas prisonnière des logiciels passés, des arrangements secrets, des lobbies.»
Mettre en difficulté l’UMP
La candidate n’a pas détaillé son programme, qui sera publié à la rentrée. Mais elle a fait valoir, à travers ses grandes priorités, sa sensibilité personnelle. Libérale, lorsqu’elle juge que «la politique doit être la moins contraignante possible pour être efficace» : «Je ne dis pas que nous allons créer des emplois, mais que nous allons tout faire pour aider à cette création», ajoute-t-elle. Identitaire, quand elle évoque «le remplacement continu d’une population par une autre, qui importe avec elle sa culture, ses valeurs, sa religion». Et de conclure, très applaudie : «Pas question que la Riviera devienne la favela.» Vient enfin la petite touche «tradi» quand, décrivant la Provence comme «terre de résistance», Marion Maréchal-Le Pen évoque les invasions sarrasines, l’occupation allemande et les soldats de la Révolution française.
Ce dimanche, la plupart des notabilités frontistes de Paca sont présents et s’affichent aux côtés de leur championne. A commencer par les têtes de listes départementales, comme Stéphane Ravier, sénateur et maire du 7e secteur de Marseille (Bouches-du-Rhône) ; Marc-Etienne Lansade, maire de Cogolin (Var) ; Amaury Navarranne, proche de Bruno Gollnisch et ancien membre du mouvement radical Œuvre française (Hautes-Alpes) ; Jeannine Douzon (Alpes-de-Haute-Provence) ; et bien sûr Olivier Bettati, ancien membre de l’UMP dont on a appris jeudi qu’il mènerait la liste FN dans les Alpes-Maritimes.
«Avec Bettati, j’essaie de mettre un peu de difficultés dans une UMP déjà très fracturée, explique Marion Maréchal-Le Pen. Bettati a du réseau, il n’a perdu aux sénatoriales que de trois voix. Or, les Alpes-Maritimes seront un département décisif, où il nous faudra récupérer les voix des patriotes UMP.» De son côté, l’intéressé se défend de tout opportunisme : «A l’UMP, les bobos ont pris le pouvoir, explique ce Niçois volubile. Chez Marion Maréchal-Le Pen, je retrouve le RPR des années 1980. Elle a souhaité que ses listes rassemblent toutes les droites, j’incarnerai donc la droite décomplexée.»
Proche du Bloc identitaire
De fait, la photo de famille des têtes de liste frontistes est une sorte de panaché droitier. «Le FN devient la maison commune des patriotes de droite», revendique la candidate. Dimanche, ne manquait à ce nuancier que la présence de Philippe Vardon, ex-membre du mouvement Bloc identitaire, qui pourrait figurer sur la liste des Alpes-Maritimes. Bien implanté à Nice et désireux depuis longtemps de se rapprocher du Front national, Philippe Vardon s’était jusqu’à présent vu refuser l’entrée du mouvement lepéniste en raison d’un profil trop sulfureux. Une barrière que Marion Maréchal-Le Pen semble décidée à lever : «Les identitaires ont été dupes en croyant à une Europe des régions, mais ils ont beaucoup évolué. On peut se retrouver sur l’essentiel aujourd’hui, et ils représentent une force politique non-négligeable à Nice.»
Autre absent de la journée, Jean-Marie Le Pen, actuel président du groupe FN au conseil régional de Paca. Tout à sa bataille contre la direction du parti, le patriarche a jugé mardi dernier que sa petite-fille n’a «ni l’expérience ni le gabarit» pour diriger la région. De quoi laisser craindre d’autres incursions du trublion dans la campagne à venir ? «Je ne pense pas qu’il en ait l’intention», a simplement répondu Marion Maréchal-Le Pen, peut-être rassurée par un sondage Ifop publié mercredi. Selon celui-ci, la liste FN devancerait d’une courte tête celle de Christian Estrosi au premier tour (32% contre 29%). Mais elle s’inclinerait de peu au second contre celui-ci (33% contre 35%).
Dominique Albertini
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