L’affaissement de cet Etat rongé par le manque de courage, l’esprit de démission, sa soumission, par le bas, aux communautarismes multiculturels, et par le haut, à une Europe atlanto-bruxelloise qui le vide de sa substance et de son autorité, est chaque jour plus criant. Nous le constatons encore avec les exactions et les violences commises par des «gens du voyage» ces dernières semaines. En août, ils ont saccagé en toute impunité du mobilier urbain, bloqué la circulation sur l’autoroute A1 dans la Somme, pour réclamer la permission de sortie de prison de l’un des leurs afin qu’il puisse assister aux funérailles de son père. Ces derniers jours, ils ont bloqué pendant plus de deux semaines ( !) la gare de Castres (Tarn) dans laquelle plus un train ne circulait, terrorisant employés et riverains, pour se venger de la fermeture d’un camp d’accueil…en cours de rénovation. Malgré la décision du tribunal de grande instance de Castres, l’Etat n’a pas jugé urgent d’ordonner le recours à la force publique pour rétablir la liberté de circulation et faire respecter la loi républicaine.
Hier, c’est la commune de Moirans (Isère) qui a été saccagée, ravagée par des gens du voyage (les dégâts sont évalués à 200 000 euros rapporte France info) qui exigeaient que deux voyous incarcérés appartenant à leur communauté bénéficient d’une permission de sortie de prison pour assister aux obsèques d’un membre de leur famille. A chaque fois, aucune interpellation n’a été effectuée, mais rassurez braves gens, Manuel Valls et Christiane Taubira ont tweeté pour nous assurer de leur fermeté, de leur attachement au respect de la loi…de qui se moque-t-on ?
Hier toujours, le parquet a demandé la relaxe de Marine Le Pen qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Lyon pour ses propos condamnant les prières de rue, suite à l’action en justice menée par l’Observatoire national contre l’Islamophobie du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) d’Abdallah Zerki, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), le Mrap, la Ligue judiciaire de défense des musulmans (LJDM) de Karim Achoui, la Licra (voir notre article publié hier).
Dans ce contexte, Le Parisien a mis en ligne sur son site un article dont la tonalité est assez récurrente ces dernières années, à savoir les efforts entrepris par le FN pour draguer l’électorat musulman, avec la distribution «d’un magazine fait sur mesure» «aux habitants des zones dites sensibles. Ils comportent un encart spécifique à l’adresse de la communauté musulmane, au titre évocateur : Musulman peut-être, mais Français d’abord.»
Plus prosaïquement précise Bruno Gollnisch, tous les observateurs un peu sérieux savent que le FN a en effet toujours tendu la main à tous les Français…pour peu qu’ils se reconnaissent comme tels et partagent nos valeurs civilisationnelles et patriotiques.
«La stratégie sera-t-elle payante dans des zones où la gauche se taillait la part du lion mais où le mariage homosexuel a fait des dégâts ?» s’interroge encore cet article. «En 2012, les quartiers avaient voté à 80 % pour Hollande. C’est un des milieux les plus impénétrables pour eux, assure le député PS Malek Boutih. Reste que Marine Le Pen espère y rencontrer un écho. Ce n’est pas idiot comme stratégie. Pour conquérir des électeurs, il faut dire qu’on s’y intéresse. Le FN est tellement bas dans les quartiers sensibles qu’il ne peut que progresser, analyse Gaël Sliman de l‘institut Odoxa.»
« Mais pour ce spécialiste, si le Front s’aventure dans les cités, c’est aussi pour des questions d’image : La cible, ce ne sont pas les musulmans, ni les habitants des cités, mais les autres. C’est de la pure communication, une façon de dire regardez, on n’est pas racistes, on a un discours républicain, renchérit le sociologue Sylvain Crépon. Une nouvelle étape dans la dédiabolisation».
Il est certain que le vote d’un très grand nombre de Français d’origine maghrébine, d’Afrique noire, relève d’une pure logique clientéliste, leurs suffrages allant à ceux qui promettent et distribuent le plus en terme d’avantages divers et variés. Et à ce jeu là, la gauche était assez largement gagnante, sa réputation de générosité et de laxisme, notamment dans le domaine migratoire, étant encore mieux établie que celle de la droite républicaine.
La crise est passée par là, faute d’argent les promesses sont parfois (souvent) restées lettre morte et l’abstention, déjà très importante au sein de populations dont une part non négligeable ne se sent pas française, a progressé comme partout sur fond de désillusions grandissantes. Pour ne rien dire, comme le souligne Le Parisien, du rejet par des communautés structurées encore par des valeurs patriarcales très fortes, d’une gauche jugée très sévèrement pour ses attaques contre la morale, la famille traditionnelle (Taubira, Vallaud-Belkacem). Certains pointent aussi les dégâts engendrés au sein des potentiels électeurs musulmans au tropisme pro-palestinien, par l’image d’«ultra-sioniste» militant, très répandue sur les réseaux sociaux, que véhicule Manuel Valls.
Musulmans qui ont parfois la tête près du bonnet, du moins certains groupes de pression parlant en leur nom. Ainsi Nadine Morano, pour sa citation approximative de De Gaulle sur la France «pays judéo-chrétien» de «race blanche » («Le peuple français est tout de même avant tout un peuple de race blanche, de culture gréco-latine et de religion chrétienne» disait De Gaulle), est l’objet, comme Marine dans l’affaire citée plus haut, d’une plainte de la Ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM). Celle-ci a été envoyée au parquet de Paris, rapporte l’AFP, au motif de «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée», précise l’avocat de la Ligue, Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot.
Une affaire Morano, dont assez maladroitement, le chevènementiste Elie Arié dont le blogue est hébergé sur le site de Marianne, entend faire un marqueur entre néo et archéo frontistes. «Depuis un certain temps écrit-il, Marine Le Pen, avec la collaboration de Florian Philippot, s’est lancée dans une entreprise de dédiabolisation du FN, pour mieux coller à la réalité des préoccupations de son électorat, bien éloigné des nostalgiques du régime de Vichy qui sont en train de disparaître à mesure que les années passent (les nostalgiques du gaullisme et du giscardisme aussi à ce compte là M. Arié !, NDLR) ; il est significatif de voir Florian Philippot opposer son gaullisme aux pétainistes de son parti».
Il serait assez simple de renvoyer ce blogueur de Marianne à la lecture du dernier programme du FN, publié en 2001, et il tâchera de nous dire en quoi celui-ci heurterait un nouvel adhérent ou électeur mariniste, un gaulliste, ou en quoi il serait pétainiste…
«Mais l’entreprise reste fragile poursuit M. Arié, et l’opération est loin d’être gagnée : Philippot est le seul à se réclamer du gaullisme, et reste sur un siège éjectable; le FN continue à s’allier aux seuls partis d’extrême-droite, notamment au Parlement Européen ; ses positions sur certains thèmes sociétaux ( IVG, mariage homosexuel, PMA, peine de mort, condamnation des propos négationnistes par la loi Gayssot) est loin d’être claire (sic) ; surtout, sa vision de la France reste une vision plus ethniciste que politique et citoyenne (voir les récents encouragements de Bruno Gollnisch à Nadine Morano pour ses propos sur la race blanche). »
Outre le caractère un brin malicieux du « tiens bon Nadine ! » lancé par Bruno à Mme Morano dans les couloirs du parlement européen alors qu’elle était entourée d’une nuée de journalistes, la réflexion de M. Arié est très significative d’une incompréhension majeure.
Il faut en effet véritablement avoir une vision bien désincarnée, étriquée, hors sol de la France et des Français pour ne pas comprendre que notre nation n’est pas seulement une construction juridique mais aussi et surtout une réalité charnelle. Et ce n’est pas faire insulte à nos compatriotes ultramarins ou aux «Français de fraîche date» que de le rappeler. La France à une identité qu’elle entend conserver et c’est là le plus grand dénominateur commun qui rassemble les électeurs, cadres et dirigeants du Front National. Quelles que soient leurs «origines».