Pour cela, il lui faut neutraliser une candidature écologiste et faire taire ceux qui pourraient lui savonner la planche par leurs critiques. D’où la distribution de pourboires à des écolos qui piaffaient d’impatience aux portes du gouvernement. D’où, également, le retour de Jean-Marc Ayrault, qui, toujours soutenu par une quarantaine de députés, commençait à élever la voix, critiquant les choix du pouvoir. Ne parlons pas de ce pauvre Baylet, des radicaux de gauche, qui espérait un grand ministère régalien et qui devra jouer les utilités dans un simple ministère.
Les chantres socialistes tentent d’expliquer que, ce faisant, le chef de l’État a élargi la base politique du futur candidat. Il n’a rien élargi du tout, il a débauché quelques individus dont l’ambition est plus forte que les convictions. Ainsi de la patronne des Verts, Emmanuelle Cosse, qui, aussitôt nommée ministre, est exclue de sa formation, ne représente plus qu’elle-même. En tant que ministre du Logement, elle reprend le portefeuille abandonné par Cécile Duflot, Manuel Valls ayant démonté ce qu’elle avait décidé et qui fut catastrophique pour le secteur du bâtiment.
Emmanuelle Cosse va donc continuer à piétiner ce que sa camarade avait bâti. Que ne faut-il pas faire pour l’amour d’un maroquin ! Quant à Ayrault, toute honte bue, il va se trouver sous la tutelle agressive de Valls qui n’a eu de cesse d’avoir sa peau pour le remplacer à Matignon puis de détruire ce qu’il avait fait dans le domaine fiscal, notamment. Bonjour l’ambiance au Conseil des ministres !
François Hollande a donné trois consignes à ses ministres : « agir, réformer, avancer » autour de trois exigences, la sécurité, l’emploi et l’environnement. N’était-ce donc pas déjà la feuille de route des précédents gouvernements ? À quoi la satisfaction de l’ambition des uns, le retour d’un autre, le don de quelques hochets à des anonymes, sous forme de secrétariats d’État bidon, peut-il servir ? À amuser la galerie des commentateurs pendant 48 heures sans que cela serve le pays ni n’intéresse les Français en quoi que ce soit. C’est le gouvernement d’un Hollande à bout de souffle et d’imagination.
On notera que François Hollande, à défaut d’inverser la courbe du chômage, a enfin créé des emplois : le nombre des ministres passe de 32 à 38, certains postes n’ayant été créés que pour obtenir un gouvernement paritaire. Ainsi ce saugrenu secrétariat d’État « à l’égalité réelle », confiée à une certaine Ericka Bareigts, élue de la Réunion. Dans sa première interview, elle a tenu à préciser : « L’égalité réelle ne concerne pas que les Réunionnais, mais l’ensemble des Français. » Encore heureux ! On peut tout de suite l’inviter à se pencher sur ce cas qui bafoue « l’égalité réelle » : les millions d’électeurs du Front national ne sont toujours représentés que par deux députés. Au travail, Mme Bareigts !
Guy Rouvrais