Ce n’est pas une surprise, tout au plus une confirmation qui vient étayer les craintes des Français comme des autres Européens: selon Paul Van Tigchelt, directeur du service belge baptisé Ocam (Organe de coordination pour l’analyse de la menace), des « combattants étrangers » présents en Syrie souhaitent se rendre en Europe, pour « commettre un attentat », a-t-il déclaré mardi. Plus surprenant, les médias, notamment Le Monde et l’Express, relataient la semaine dernière, le virage à 180 degrés de l’ancien conseiller aux Affaires internationales de Marine Le Pen, démissionnaire du FN mais toujours député européen, Aymeric Chauprade. Si ce dernier s’était fait taper sur les doigts pour ses déclarations virulentes, tonitruantes sur les dangers de l’immigration massive à l’aune du terrorisme islamiste, il entendrait aujourd’hui rejoindre le camp républicain qu’il vouait aux gémonies il y a encore peu de temps. Pour expliquer son adhésion au FN, M. Chauprade n'hésite pas à tenir des propos surprenants, et à se livrer à de drôles de contorsions. Il affirme ainsi qu’il aurait été abusé par Marine qui présentait le Front « comme un mouvement patriotique qui croit en la souveraineté de la France » et non « pas comme un parti qui considère l’immigration comme la racine des problèmes du pays »! Viré sous le règne de Sarkozy de son poste d’enseignant à l’école de guerre pour avoir remis en cause un certain nombre de dogmes établis, l’atlantisme et le Nouvel ordre mondial, il multiplie désormais « les appels du pied en direction du parti Les Républicains« selon un journaliste du Monde. M. Chauprade le dit: « Je trouve les programmes de Fillon et Le Maire très intéressants » ; » la candidature de Michèle Alliot-Marie est crédible, elle a le sens de l’Etat » ; « Nicolas Sarkozy conserve le dynamisme qu’on lui connaît« .
« Désormais, orphelin de parti » note L’Express, « Aymeric Chauprade se vend comme une arme anti-FN pour la droite. Je sais tout sur ce parti, je n’ai pas dévoilé toutes mes cartes, et ça, ils le savent chez Les Républicains, explique-t-il. » D’ailleurs dans un article publié le 14 avril dans le magazine américain Politico, il utilise un vocabulaire et une vulgate humaniste qui ne trompe pas sur sa volonté de se faire bien voir: « Il est bien sûr essentiel de contrôler l’immigration et de nous concentrer sur l’intégration, mais nous ne pouvons pas diaboliser les migrants dans le même temps. […] La France ne se définit pas par une race ou une religion. Nous sommes très fidèles à un modèle laïque d’assimilation qui accueille quiconque à condition qu’il souscrive à nos valeurs sociales fondamentales. (…) Nous devrions être fiers que des migrants veuillent venir en France et prendre part à notre histoire commune, à notre langue, à notre culture. » On se pince…
Certes comme l’affirme la sage sentence populaire, « Là ou il y de l’homme il y a de l’hommerie« , et si les trahisons font partie de la vie politique, il faudra s’attendre plus largement affirme Bruno Gollnisch, à une vaste et puissante coalition de tout le Système, du Medef à la CGT, de Mélenchon à Juppé, contre la candidate de l’opposition nationale, populaire et sociale. Les sondages se suivent et se ressemblent, les enquêtes indiquent toutes que François Hollande serait battu dés le premier tour en 2017, que Marine serait qualifiée pour le second avec un score oscillant, selon les candidats en lice, entre 26 et 30% des voix. Mais les sondages, imparfaits souvent, orientés parfois, à prendre certes avec les précautions d’usage à un an de la présidentielle, et qui ne sont que la photographie à l’instant t de de l’état de l’opinion des Français, indiquent aussi que la présidente du FN serait éliminée au second tour , face au candidat des Républicains, quel qu’il soit.
Autant dire que derrière Marine, adhérents, cadres et dirigeants du FN devront redoubler d’effort, de pédagogie pour défendre et expliquer le programme qui sera porté par notre candidate. Le sondage Odoxa détaillé sur le site des Echos hier tend à prouver que la tâche est vaste mais certainement pas impossible, sachant que huit Français sur dix selon cette enquête sont persuadés de la qualification de Marine pour le second tour de l’élection présidentielle de 2017.
A titre d’exemple, sur le plan économique, les seules mesures testées dans ce sondage , la sortie de l’euro (le retour au franc) et la préférence nationale pour les aides sociales, sont approuvées par la majorité des sympathisants du FN, mais le retour au franc inquiète toujours une majorité des électeurs, lesquels approuvent a contrario la préférence nationale citée plus haut.
Ils se trouveraient encore, selon cette étude, sept Français sur dix pour penser que le FN » serait incapable de gouverner la France » et « les trois quarts des personnes interrogées pensent que le parti de Marine Le Pen peut discriminer certaines populations, 63 % qu’il a un programme dangereux pour l’économie ou encore 61 % qu’il est un danger pour la démocratie. Le FN n’est pas non plus jugé convaincant sur la défense des classes populaires ou sa capacité à proposer des solutions concrètes. »
Bref, « pour l’instant, le FN n’arrive qu’à convaincre parmi ses sympathisants » relève Les Echos. Pour autant rien n’est figé : facteur ô combien encourageant, le socle des sympathisants du FN ne cesse de ce consolider. Comme le note Odoxa « ceux-ci continuent à progresser : en avril 2002 (avant le 21 avril), ils étaient un sur cinq (19%) à se dire souvent d’accord avec le FN, selon un sondage CSA de l’époque. Ils sont quasiment le double aujourd’hui (37 %). Une bonne base de départ pour une campagne présidentielle dynamique et pour la nécessaire reconquête!