Nouvelle manifestation de ce populisme tant décrié par les « élites » européistes, en Italie le M5S (Mouvement cinq étoiles, Movimento 5 Stelle) fondé par Beppe Grillo, a remporté deux très grands succès hier lors des élections municipales. A Rome, la candidate des populistes, l’avenante Virginia Raggi, 37 ans, avocate de son métier, l’a emporté largement avec plus de 67% des voix face à son adversaire du Parti démocrate (PD, centre-gauche) Roberto Giachetti. La jeune femme a principalement fait campagne en promettant une gestion saine (la ville éternelle a accumulé 14 milliards de dettes ces vingt dernières années), de lutter contre la corruption endémique, d’en finir avec l’actuelle désastreuse collecte des ordures, les problèmes de voirie, de rétablir des transports en commun, aujourd’hui très chaotiques, dignes de ce nom et efficaces. Un programme pragmatique, une volonté affichée de balayer les partis du Système qui ont séduit les Romains.
La lutte impitoyable contre la corruption, la fraude fiscale, la mise en place d’un revenu universel, sont des éléments centraux du programme du Mouvement cinq étoiles, qui développe par ailleurs un programme plutôt libéral ( souhait de résduire la fiscalité des PME-PMI/TPE-TPI, de privatiser certaines entreprises publiques, d’en fermer d’autres…). Pour autant même dans une ville comme Turin, bien gérée de l’avis de tous par son maire sortant du Parti démocrate, Piero Fassino, le mouvement populiste s’est imposé à travers la figure d’une autre candidate, elle aussi novice en politique, Chiara Appendino, 40 ans, qui a rallié près de 54% des suffrages
Tout le monde aura compris que ces municipales ont été également l’occasion de sanctionner le très bruxellois Premier ministre de centre gauche Matteo Renzi, un Parti démocrate au pouvoir qui ne séduit pas et n’a pas amélioré la situation économique, les difficultés quotidiennes des Italiens.
Pour se faire, nos voisins transalpins ont donc largement voté pour un mouvement populiste qui se proclame officiellement « ni de droite ni de gauche », mais dont les 17 députés élus en 2014 au Parlement européen siègent au sein du groupe Europe liberté démocratie directe (ELDD, en anglais : Europe of Freedom and Direct Democracy Group, EFDD), souvent présenté comme « antieuropéen » et « xénophobe ». Un groupe d’ailleurs coprésidé par le député M5S David Borelli et le britannique Nigel Farage (UKIP).
Nigel Farage est justement actuellement une des figures les plus médiatisées de la campagne en cours sur la sortie ou non de l’UE du Royaume-Uni, à quelques jours du référendum, laquelle vient de reprendre après l'assassinat de Jo Cox, député travailliste pro-européenne. De cet assassinat, Bruno Gollnisch a dit ce qu’il fallait en penser vendredi soir sur France Culture. Les partisans du maintien dans l’UE essayent-ils de de tirer profit?
Le Point le relève, ce crime « peut-il faire bouger les lignes (…)? Alors que, jusqu’à présent, les enquêtes d’opinion donnaient le camp de ceux qui veulent sortir de l’UE gagnant, deux sondages publiés ce dimanche donnent le Brexit perdant et un autre donne les deux parties à égalité. L’enquête réalisée vendredi et samedi par Survation pour le Mail on Sunday donne le camp du in en tête avec 45 % des suffrages contre 42 % pour le out. Quant au sondage Yougov pour le Sunday Times, réalisé jeudi et vendredi, il donne un point d’avance au camp du in à 44 % contre 43 % pour le out. Un troisième sondage publié samedi pour le journal The Observer donne les deux camps à égalité (…). »
« Sur le plateau d’ITV, le ministre des Finances, George Osborne, a appelé de ses voeux un débat plus apaisé après la mort tragique de Jo Cox, tout en rappelant les énormes risques d’un Brexit, qui serait une terrible erreur. Il a dénoncé la dernière affiche de campagne de Nigel Farage, le chef du parti anti-immigration Ukip, mettant en scène une colonne de réfugiés et barrée du slogan Breaking Point (Point de rupture), publiée juste avant le meurtre de Jo Cox. C’est une affiche répugnante et ignoble qui rappelle la propagande nazie des années 1930 , a-t-il dit. » Le souhait de stopper l’immigration massive, souhait partagé par une très large majorité des Européens, des Français, fait-il de ces derniers des nazis?! Nous sommes là au niveau zéro de la réflexion politique, clairement dans la manipulation la plus totale, la volonté de sidération et de culpabilisation.
D’ailleurs on le voit avec le choc psychologique (espéré) engendré par le meurtre de la malheureuse Jo Cox, divine surprise des pro UE et qui a coïncidé avec une remontée de la bourse et de la livre sterling. L’assassin, un individu souffrant de problèmes psychiques (« pire qu’un crime une faute » comme l’a noté Bruno Gollnisch citant une célèbre réflexion attribuée Talleyrand au sujet de l’exécution du duc d’Enghien) est décrit avant tout comme un militant, un affreux d‘extrême droite ayant des liens avec la mouvance néo nazie américaine. Pourtant la règle chez nous dans les affaires de terrorisme, avec des meurtriers disons plus « exotiques » est celle du pas d’amalgame. Mais dans le cas présent on sous-entend qu’être favorable au Brexit prouverait de sombres pulsions, un cerveau malade… La ficelle est un peu grosse, mais quand on est aux abois…