Face au meurtre d'un prêtre mardi dans son église, des responsables du Front national, au premier rang desquels Marion Maréchal-Le Pen, ont adopté un ton offensif pour appeler "les chrétiens" à se "lever" face à "l'islamisme", au risque d'attiser des tensions déjà vives depuis Nice.
"Ils tuent nos enfants, assassinent nos policiers et égorgent nos prêtres. Réveillez-vous!" a tweeté peu après l'attentat Marion Maréchal-Le Pen, cheffe de l'opposition régionale en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, une région éprouvée par l'attentat de Nice qui a fait 84 morts le 14 juillet.
"En Occident comme en Orient, les chrétiens doivent se lever pour résister à l'islamisme!" a-t-elle tweeté plus tard, annonçant sa décision de "rejoindre la réserve militaire" face à cette menace, et invitant "tous les jeunes patriotes à faire de même".
La députée du Vaucluse a laissé entendre sur RTL que "si l'Etat français ne protège plus les Français", ils "finiront par se protéger eux-mêmes", appelant à une "stratégie globale" et à une "révolution intellectuelle" alors que les gouvernements de droite et de gauche ont fait "l'apologie du multiculturalisme (...) qui a fabriqué des formes d'hybrides des Français qui sont devenus des ennemis de l'intérieur".
Alors que la colère des élus frontistes gronde et que certains semblent appeler à l'offensive, le Premier ministre Manuel Valls a jugé que "l'objectif" de l'attentat de mardi est de "provoquer une guerre de religions". "En s'attaquant à un prêtre, à l'Eglise catholique, on voit bien quel est l'objectif: jeter les Français les uns contre les autres, s'attaquer à une religion pour provoquer une guerre de religions", a-t-il affirmé.
Même analyse chez un haut responsable politique normand, qui a déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, qu'il allait être "difficile de tenir" sur le terrain et d'éviter que des Français ne veuillent se faire justice eux-mêmes.
Une crainte déjà exprimée en mai par le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) Patrick Calvar lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015: il évoquait déjà, avant même l'attentat de Nice, "une confrontation entre l'ultra droite et le monde musulman".
- 'La France, aimez-la ou quittez-la !' -
La présidente du Front national Marine Le Pen, tout en exprimant son "épouvante" et sa "crainte" d'un "nouvel attentat de terroristes islamistes", a elle aussi appelé à "agir": "Devant la multiplication effrayante des attentats perpétrés sur notre sol, désormais quasi hebdomadaires, et devant l'insupportable gradation dans le degré de barbarie, nous disons au gouvernement et au président de la République qu'il n?est plus possible de ne pas agir".
L'eurodéputée a rappelé ses propositions, déjà connues: "fermeture des mosquées salafistes, expulsion des imams prêcheurs de haine, contrôles à nos frontières nationales, arrêt de l?immigration, véto à la politique allemande d?accueil des migrants, rétablissement d?une pleine et entière double peine, mise hors d?état de nuire des fichés S" notamment, ou encore "réforme du code de la nationalité".
Révoltés et parfois alarmistes, d'autres élus FN ont réagi sur Twitter, pour certains avant même que l'attentat ne soit revendiqué par le groupe Etat islamique.
"La France, aimez-la ou quittez-la ! Respectez son peuple, son histoire et ses valeurs... Sinon les Français se fâcheront..." a mis en garde le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, l'un des vice-présidents du FN, alors qu'un autre vice-président du parti, Florian Philippot, jugeait que "l'islamisme (avait) passé une étape dans l'horreur" en ciblant "l'un des piliers de l'identité millénaire de notre pays".
Le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du FN, a lui demandé sur Twitter "le rétablissement du droit du sang, la limitation des naturalisations aux cas d?assimilation", le "rétablissement des peines planchers" et "l'expulsion systématique des condamnés étrangers à l'issue d'une peine de prison".
"Les atrocités continuent, désormais à un rythme effréné, sans réaction à la hauteur de nos dirigeants", a aussi déploré l'eurodéputé FN Steve Briois. "Combien de temps va-t-on tenir au rythme de plusieurs attaques par semaine, avec le même angélisme lunaire et l'inaction de nos dirigeants ?" s'est enfin indignée la patronne du FN en Bourgogne-Franche-Comté Sophie Montel.
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