Alors que le pape François avait déclaré que Trump n’était pas chrétien, au motif qu’au lieu de construire des ponts il entendait édifier un mur entre le Mexique et le territoire américain, 52 % des catholiques ont voté pour lui, contre 48 % pour Hillary Clinton, s’affranchissant du jugement pontifical. Aucun des finalistes n’était catholique, Clinton étant méthodiste et son adversaire presbytérien.
Sans doute, le fait que Trump soit « pro life », c’est-à-dire contre l’avortement, a-t-il joué. Mais pas tant que ça, car l’homme a beaucoup varié sur la question, comme sur d’autres. En revanche, son colistier Mike Pence, évangélique, a toujours été un ardent et courageux défenseur du respect de la vie. C’est plutôt la question de la liberté religieuse qui a été déterminante. On aurait pu penser que dans un pays où les confessions diverses et les sectes improbables poussent aussi facilement que champignons sous la pluie, la liberté religieuse n’était plus un problème.
C’est oublier que sévit également une religion séculière, prétendument humaniste, qui entend s’imposer à ceux qui refusent ses injonctions violant la loi naturelle. Parmi ceux qui refusent cette religion-là, il y a une majorité de catholiques. Or, Obama, à travers une prétendue politique sociale, dite Obamacare, a imposé aux employeurs de payer pour leurs salariées le coût de la contraception et de l’avortement. On a vu ainsi des Petites sœurs des pauvres contraintes de régler la pilule de leurs employées ! Trump, dans une lettre à la conférence épiscopale américaine, s’est engagé à travers l’abrogation de l’Obamacare à restaurer la liberté religieuse ainsi bafouée.
Ce n’est pas tout ! Dans les courriels des proches d’Hillary Clinton, révélés par Wikileaks, on apprenait que des membres de son équipe de campagne évoquaient la nécessité d’organiser un « printemps catholique » à l’intérieur de l’Eglise, pour y faire avancer les idées progressistes afin que reculent les tendances « réactionnaires ». Ces suggestions émanant du directeur de la campagne d’Hillary Clinton lui-même. Cela explique pourquoi alors que Clinton, à la fin de l’été, faisait la course en tête dans l’électorat catholique, elle a été battue par Trump dans la dernière ligne droite.
Guy Rouvrais
Article paru dans Présent daté du 19 novembre 2016