Ce sont des accusations dont on se relève difficilement, qui visent à sidérer l’opinion, à ranger l’adversaire définitivement dans le camp du mal. Celles proférées contre la République arabe syrienne sont de cet ordre-là et ont aussi pour but, par ricochet, d’englober dans une même opprobre les alliés de la Syrie. Celle-ci avait déjà été mise symboliquement au ban de l’humanité pour l’utilisation (non prouvée et très fortement sujette à caution) de gaz chimique contre les populations civiles. Ces dernières heures Washington est passé à la vitesse supérieure et affirme, sur la foi est-il précisé, de photos prises par satellite et d’un rapport d’Amnesty international (publié il y a trois mois…), que le gouvernement syrien aurait ordonné de brûler dans un crématorium une partie des milliers de prisonniers qui auraient été assassinés dans la prison de Saydnaya (banlieue de Damas). Un mode d’élimination des cadavres qui rappelle bien sûr, particulièrement au sein des populations occidentales, l’horreur concentrationnaire. Mais une accusation vigoureusement démentie par le ministère syrien des Affaires étrangères dirigée par Walid al-Mouallem qui a dénoncé des « allégations » « parfaitement infondées » et dignes « d’un scénario hollywodien déconnecté de la réalité ». Le gouvernement français a demandé de son côté l’ouverture d’ une enquête internationale.
Scénario hollywoodien qui serait aussi de mise si on en croit l’intéressé et ses soutiens, dans le procès en illégitimité intenté au producteur de télévision André Gérin, candidat choisi par La République En Marche (LREM) dans la 5e circonscription de Charente-Maritime. La Licra a sommé le parti d’Emmanuel Macron de lui retirer son investiture, M. Gérin, homme de gauche au tropisme pro-palestinien assumé, ayant commis des tweets à connotation antisioniste. Un antisionisme qui ne serait que le faux-nez de l’antisémitisme selon une opinion répandue à la Licra comme dans d’autres officines ou structures communautaires.
Une accusation d’antisionisme qui est aussi formulée par certains contre Arnaud Montebourg dont un ex soutien lors des primaires de la gauche, et ancien conseiller débarqué de François Hollande, Aquilino Morelle, livrait sur le site Atlantico le 14 mai un constat, plutôt lucide, sur l’élection d’Emmanuel Macron et les trahisons de la gauche. Le Young Leader Morelle souligne que M. Macron, « partisan du oui (à la constitution européenne, NDLR), mondialiste assumé, européiste sincère, libéral authentique, a profité de ce que le rassemblement des tenants du non, des altermondialistes de toutes formes, des euroréalistes et des interventionnistes était impossible pour s’imposer. Rassemblement impossible, en effet, parce que la gauche et la droite ont laissé le Front National et Mme Le Pen s’accaparer ces thèmes majoritaires (…). Avec, au final, ce paradoxe singulier : la France, qui a voté non à plus de 56% au TCE en 2005, qui manifeste son attachement à l’Etat, qui veut contenir la globalisation, qui s’est toujours méfiée du libéralisme, se trouve désormais présidée par un homme dont les convictions sont rigoureusement opposées. »
« Le mal qui mine la gauche française, et dont Hollande est le symptôme achevé, est ancien et profond, affirme-t-il encore, il date de 1983. François Mitterrand l’a caractérisé clairement : Après moi, il n’y aura plus de grand président. Ce sera l’Europe. La mondialisation. Il n’y aura plus que des comptables et des financiers. Nous y sommes. Ce qu’il n’a pas dit alors, mais qu’il ne pouvait ignorer, c’est que ce seraient des socialistes français – au premier rang desquels Pascal Lamy, mais aussi Jacques Delors, Jean-Pierre Jouyet –, qui déchaîneraient le tsunami de la finance dérégulée, façonneraient la mondialisation libérale, déclencheraient l’engrenage libéral de l’Europe, celui prévu dans le traité de Rome (…). La suprême habileté politique de Mitterrand aura été, en 1983, d’effectuer un magistral tour de prestidigitation, escamotant le socialisme pour faire apparaître l’européisme afin de consoler la gauche. Tant que la gauche ne sortira pas de l’européisme et du libéralisme dans lequel elle s’est perdue, le peuple se détournera d’elle. »
Une dénonciation de l’européisme et du libéralisme ( pensée libérale, idéologie historiquement ancrée à gauche faut-il le rappeler, qui va bien au-delà des saines et nécessaires libertés économiques et entrepreneuriales) qui est aussi au cœur de la critique frontiste du Système, et dont on ne saurait faire le reproche à Marine Le Pen.
Certes, beaucoup ont accusé la candidate national d’avoir fait peur aux Français en évoquant notre inféodation à l’Europe de Bruxelles, et plus précisément encore la question de la monnaie uniquependant sa campagne. Ce qui lui aurait coûté cher lors de son débat de second tour face à Emmanuel Macron et aurait empêché une progression encore plus nette en terme de voix entre le premier et le second tour. Il nous faut entendre ses critiques, les analyser et nous devrons y répondre.
Pour autant, nos amis doivent aussi comprendre qu’il est tout à fait probable que les sondages d’avant ce débat créditant Marine de 40-41% des voix aient été volontairement affichés avec leurfourchette haute, de manière à mobiliser nos adversaires, dégonfler l’abstention en jouant comme à chaque fois sur les mauvais fantasmes. Et qu’un débat de second tour n’est pas susceptible de faire bouger les lignes de manière décisive quand un écart d’intentions de vote aussi important existe entre deux candidats. Cette présidentielle, rappelle encore Bruno Gollnisch, était appréhendée avant tout par les dirigeants du Front comme une étape décisive avant celle de 2022.
A cette aune, elle a matérialisé des avancées très positives. Sur le site Polemia, qui n’a pas été tendre (euphémisme)avec la campagne présidentielle du FN, Michel Geoffroy pointe cependant ses aspects prometteurs pour l’avenir. « Croyant surfer sur le Brexit, Marine Le Pen a effectivement commis l’erreur de faire de la politique monétaire – sujet abscons au plus grand nombre – un axe majeur de sa communication politique » juge-t-il . « Mais elle a, par contre, incontestablement réussi à désenclaver politiquement et moralement le courant patriote et identitaire. Ce qui rouvre le champ des opportunités politiques. Ce que les médias nomment pudiquement une recomposition du paysage politique correspond en réalité à son explosion pure et simple. Une explosion que les patriotes avaient prévue et souhaitée.» « La débandade pitoyable des politiciens de la droite et du centre se ralliant à Emmanuel Macron, inaugurée par François Fillon lui-même dès 20h15, après avoir perdu l’élection imperdable, achève en outre de discréditer cette famille politique. »
«Elle ouvre par là même la possibilité d’une recomposition à droite.L’élection présidentielle s’est progressivement focalisée autour de l’opposition entre les patriotes et les mondialistes, il s’agit donc d’une victoire idéologique de la dissidence politique qu’on ne doit pas négliger, car elle formalise le cadre de l’opposition au nouveau pouvoir pour les années qui viennent. Nommer son adversaire principal reste en effet un acte politique fondateur : l’assigner à résidence politique en quelque sorte. »
Et de conclure: « La superclasse mondiale, en faisant élire Emmanuel Macron le 7 mai 2017, a incontestablement gagné une bataille, en engageant de très gros moyens pour cela. Mais a-t-elle pour autant gagné la guerre idéologique et politique qui s’annonce ? Car la confrontation entre les patriotes et les mondialistes n’est pas seulement franco-française. Elle ne fait que commencer. Il ne faut pas perdre de vue en effet qu’elle se déroule aussi au plan européen et mondial. Car un monde désormais de plus en plus multipolaire s’accommode de moins en moins de la prétention de la superclasse mondiale à le gouverner. A Paris comme ailleurs. » Les peuples n’ont pas dit leur dernier mot.
https://gollnisch.com/2017/05/17/trahisons-en-cascade-les-peuples-nont-pas-dit-leur-dernier-mot/