Pas de nouveaux sénateurs frontistes mais une progression sensible en nombre de voix. Le FN s’est officiellement félicité des 2026 voix engrangés aux sénatoriales, soit « une progression d’environ 60 % par rapport à 2011 », « alors qu’il ne disposait théoriquement que d’environ 700 grands électeurs dans 39 départements. » «Nous avons progressé grâce à nos bons scores aux différents scrutins. Tout ceci me renforce dans l’idée que l’implantation locale est une absolue priorité» a déclaré Marine à l’Afp. Les (25) élus LREM seront très minoritaires au Sénat et Le Figaro relevait que « pour Emmanuel Macron, les résultats de cette élection sénatoriale compliquent sa tâche. À commencer par la réforme constitutionnelle qu’il souhaite faire adopter et pour laquelle il a besoin d’une majorité des 3/5. Les macronistes espèrent toujours réussir à nouer des alliances avec des élus centristes, radicaux, socialistes ou LR Constructifs, éventuellement en créant un intergroupe. » Mais ce lundi matin, ce sont surtout vers l’Allemagne que se tournent tous les regards au lendemain des résultats des élections législatives qui permettront à la chancelière Angela Merkel de repartir pour un quatrième mandat.
L’avocat de gauche Henri Leclerc, figure tutélaire de la Ligue des droits de l’homme (Ldh), expliquait dans le quotidien Libération que les Allemands en votant pour le parti Mme Merkel ont implicitement validé sa politique d’ouverture des vannes à l’immigration massive: « Angela Merkel a accueilli plus d’un million de migrants et de réfugiés. Elle a dû faire face à un flot de critiques. Et malgré cela, elle termine en tête des élections et va pouvoir trouver une coalition. Ceux qui sont donc convaincus que la chasse aux migrants est une nécessité qui renforce leur popularité se trompent. Il suffit d’avoir une politique ferme et d’expliquer les raisons pour lesquelles on s’y tient : la solidarité. Certes, ce choix provoque une réaction des nationalistes (…). Mais une majorité d’Allemands approuvent de facto ce choix courageux.»
Il est vrai qu’avec 33,3 % des suffrages exprimés (en chute de 8 points par rapport aux précédentes élections de 2013), l’attelage de la droite allemande CDU-CSU domine de la tête et des épaules le parti de gauche SPD du très virulent militant antinational et ex président du Parlement européen Martin Schulz, crédité de 20,8 % (-5 points par rapport à 2013). Des résultats qui signent par ailleurs la fin de la grande coalition de gouvernement, M. Schulz ayant annoncé dés hier soir que le SPD ne participerait désormais plus à celui-ci et rentrait dans l’opposition.
Mais le vrai coup de tonnerre, qui a fait réagir sur le mode cataclysmique habituel nos médias, avec atteinte quasi systématique du point Godwin, c’est l’entrée au Bundestag du parti anti-immigration et eurosceptique Alternativ für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne, AfD), co-présidé par Frauke Petry et Jörg Meuthen.
Crédité par les sondages outre-Rhin de 10 % des voix, L’Afd a recueilli finalement 13,1 % (4,7% aux élections de 2013 quelques mois après sa création) plus de 85 députés et devient ainsi le troisième parti allemand. Il devance les libéraux-démocrates du FDP (10,1%), les amis euros-écolos-libertaires de Daniel Cohn-Bendit , les grünen (9,2 %) – deux formations avec lesquelles Mme Merkel devra composer pour trouver une majorité de coalition-, et les extrémistes de gauche de Die Linke (8,8 %).
Le vice-chancelier SPD et ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, celui-là même qui avait été invité par Emmanuel Macron à siéger le 30 Août dernier au conseil des ministres français, avait pourtant mis en garde ses compatriotes sur les conséquences d’un bons score de l’AfD: « pour la première fois depuis 70 ans, des nazis vont s’exprimer au Reichstag »!
La kolossale finesse qui caractérise M. Gabriel quand il s’agit de faire trembler dans les chaumières allemandes et européennes n’est pas nouvelle et n’est pas pour nous surprendre. Même son de cloche dans les gros médias français et européens ce matin: pour la première fois depuis 70 ans l’extrême droite fait son entrée au parlement allemand expliquent gravement journalistes et chroniqueurs. Toujours les mêmes psittacismes obligatoires, les mêmes formules inquiétantes, la même reducto ad hitlerum, les mêmes mantras sur les heures les plus sombres, les mêmes aboiements pavloviens pour fustiger tout parti qui entend vraiment arrêter l’immigration. LE sujet tabou qui vous classe de facto en dehors du cercle de la raison, dans le camp des proscrits, des infréquentables, si vous osez en contester les bienfaits. Il faudra bien un jour que nos autorités morales et autres grandes consciences politiciennes, du Young leader Laurent Wauquiez au Grand Oriental Jean-Luc Mélenchon, nous disent franchement pourquoi cette question là suffit à ostraciser le FN, bien au delà de l’expression normale de simples antagonismes politiques.
Co-tête de liste de l’Afd, Alexander Gauland, décrit en une formule lourde de réminiscence historique par les médias comme l’idéologue du parti, a lancé hier devant ses partisans enthousiastes que « le peuple va reconquérir le pays. » Alice Weidel, autre tête de liste de l’AfD à ces élections, a déclaré que l’AfD entendait « dès 2021 (être) en mesure de gouverner. »
Nous l’avons dit l’Europe liberticide de Bruxelles et de manière encore plus prégnante l’immigration, sont au cœur des préoccupations de nombreux allemands. Et ce, dans une nation comparée par Jean-Marie Le Pen à « un cercueil en or », du fait d’un affaissement particulièrement dramatique de sa natalité autochtone qui la menace dans quelques décennies de disparition pure et simple. Suicide démographique qui est le problème numéro un, au delà du cas allemand, de nos nations européennes, de notre espace boréal a souvent rappelé Bruno Gollnisch. Peste blanche pronostiquée par Pierre Chaunu il y a déjà quarante ans, et que nos élites tentent de conjurer non par des politiques incitatives en faveur des familles de souche et de l’accueil de la vie mais par le recours à l’immigration, subie ou choisie par eux, des pays du sud.
N’oublions pas aussi la situation sociale de l’Allemagne, modèle allemand qui est systématiquement vanté sous nos latitudes par le bloc libéral-progressiste-constructif mais qui n’est pas tout rose avec un Allemand sur cinq qui pourrait basculer dans la pauvreté, risque qui a doublé en dix ans. Marianne notait à ce sujet au mois de mai que « même le Fonds monétaire international (FMI) », dans son rapport annuel s’est alarmé de cette situation. « En cause, les dérives d’un modèle qui peuvent se résumer en un chiffre : le taux de pauvreté – fixé à 60% du revenu médian – atteint aujourd’hui 17% en Allemagne (contre 14% en France) selon les derniers chiffres de l‘institut Eurostat. Soit plus de 13 millions de personnes touchées. Parmi elles, beaucoup de travailleurs. Toujours selon les dernières estimations d’Eurostat, 9,7% de la population allemande dotée d’un emploi vit effectivement en dessous du seuil de pauvreté. Une situation qui s’explique entre autres par les réformes du marché du travail menées par l’ancien chancelier (SPD) Gerhard Schröder entre 2003 et 2005 et en particulier par la création des emblématiques mini-jobs non soumis aux cotisations sociales.» Alors oui, il est permis et même souhaitable d’imaginer, de proposer une autre alternative, un autre avenir pour nos enfants, la France, l’Europe et les Européens!
https://gollnisch.com/2017/09/25/une-autre-alternative-est-possible/