Bernard Plouvier
Les innombrables blogs du Net et les rares journaux-papiers qui réussissent encore à paraître se font l’écho des cris et de la fureur de salariés menacés de licenciements et de fonctionnaires qui réclament davantage de considération et une meilleure rétribution.
Et ceci est plutôt étonnant dans la conjoncture, inchangée depuis les années 1980 : celle d’un marché de l’emploi peu vivace, sauf en secteurs industriels de pointe et dans les services très demandés par le public.
On a l’impression que les travailleurs français – du moins, ceux qui s’expriment et qui ne sont pas forcément les plus laborieux – en sont demeurés aux slogans des années 1970-80, ceux où l’on glorifiait les « droits » et les « avantages acquis », ceux où l’on beuglait la nécessité d’investir les fonds publics dans les entreprises menacées de banqueroute.
Or, le monde a bien changé. L’Occident est envahi de produits fabriqués hors d’Europe : même les vins du Chili, de Californie ou d’Afrique du Sud se sont introduits en force dans un marché classiquement dominé par l’Europe occidentale et danubienne. La Chine et l’Inde, la Corée du Sud et la péninsule malaise nous inondent de produits, certes souvent de médiocre qualité et peu durables, mais de très bas coût de fabrication, ce qui laisse un beau bénéfice aux intermédiaires de tous poils.
Le travail à médiocre valeur intellectuelle ajoutée, à médiocre savoir-faire s’est délocalisé, de façon irréversible dans le contexte globalo-mondialiste actuel. Il faut s’y résoudre et abandonner les vieilleries ressassées par des permanents syndicaux affolés par la perte prévisible de leurs sinécures. Il est urgent de penser autrement.
Le travail restera toujours la noblesse du chef de famille, lui permettant de nourrir les siens. Le travail restera toujours la meilleure façon de s’épanouir pour l’être de talent, ou de servir la collectivité pour l’idéaliste. Encore faut-il s’adapter au milieu ambiant, tout en exigeant de l’État qu’il remplisse son rôle véritable.
S’adapter, cela signifie comprendre que le travail n’est plus un droit sans contrepartie de devoirs et qu’il est devenu impératif d’abandonner les stupidités démagogiques d’un autre âge. Il faut être un zombie déconnecté de son époque pour croire encore à la semaine de travail de 35 heures.
Pour redevenir compétitif, le travailleur français doit travailler plus et surtout mieux que les concurrents extra-européens. Pour cela, il faut se perfectionner régulièrement, apporter son enthousiasme, ne rechigner ni sur la qualité ni sur la quantité de travail utile.
Il est évident qu’il faut impérativement former la jeunesse aux plans technique et moral. Les petits princes et les jolies princesses d’aujourd’hui seront les raté(e)s de demain, les chômeurs ou les clochards, si on ne leur apprend la nécessité absolue de travailler beaucoup en classe, puis d’apprendre un métier productif, utile à la collectivité.
L’État n’est pas une pompe à fric destinée à renflouer les entreprises au bord de la faillite, parce que la faible productivité s’est associée à une mauvaise gestion, le tout favorisé par la démagogie syndicalo-politique.
En revanche, les patrons temporaires de l’État, nos brillants élus du peuple, ont de nombreux devoirs :
- celui de s’occuper activement de réindustrialiser intelligemment le pays,
- celui de chasser les enseignants incompétents et politisés, de promouvoir un enseignement secondaire adapté au monde actuel (sciences et techniques, langues modernes), un enseignement technique de grande qualité intégrant des stages réellement formateurs au programme théorique,
- celui de renvoyer massivement vers leurs continents d’origine les extra-européens,
- celui d’interdire les exportations de capitaux à visée spéculative,
- celui de déconnecter l’économie française des vautours mondialo-globalistes, et de l’intégrer aux économies des grands pays d’Europe.
Notre continent, étendu de l’Atlantique au Pacifique, de l’Islande à Vladivostok, est assez riche en humains de grande qualité et en ressources matérielles pour que l’économie française y trouve ses débouchés et ses zones de coopération... ce qui rendra au travailleur français, sinon le mythique « bonheur », du moins la possibilité de s’épanouir et la certitude que ses enfants auront, eux aussi, du travail.