Marc Rousset
Aux États-Unis, le rendement des bons du Trésor à dix ans (T-Bonds) a atteint, pour la première fois, le seuil psychologique des 3 % le mardi 24 avril. Il semble que plus rien, maintenant, ne pourra arrêter la hausse inéluctable des taux d’intérêt appelés à dépasser les 10 %. L’inflation va s’accroître suite au protectionnisme commercial et à la baisse des impôts de Donald Trump. En France, la croissance se tasse et il y a danger mortel sur la dette si les taux d’intérêt continuent d’augmenter. L’orchestre médiatique continue de jouer, mais il y a trop de voies d’eau à bord du Titanic de l’économie mondiale qui finira par sombrer.
Aux États-Unis, la situation n’est guère brillante car la quantité de monnaie offerte a été multipliée par 16, en passant de 940 milliards de dollars à 15.000 milliards entre 1981 et 2016, tandis que la vitesse de circulation de la monnaie s’écroulait des deux tiers, en passant de 3,6 à 1,2. La dette globale des États-Unis, elle, a été multipliée par 47, de 1.500 milliards de dollars, en 1969, à 70.000 milliards, en 2017, alors que, pendant la même période, le PIB américain n’était multiplié que par 19, c’est-à-dire qu’il a fallu, pendant ces 48 dernières années, 2,5 dollars de dette pour générer 1 dollar de PIB. Depuis 2006, il a même fallu 5 dollars de dette pour générer 1 dollar de PIB.
Certains voient déjà le baril de pétrole de nouveau à 150 dollars, mais c’est peu probable car la hausse actuelle a été provoquée par les quotas limitatifs à l’exportation de la Russie et de l’Arabie saoudite, et le pétrole de schiste américain va pouvoir augmenter très fortement les quantités offertes. Seul un conflit entre l’Iran et l’Arabie saoudite alliée avec Israël et les États-Unis pourrait faire s’envoler le prix du baril.
L’Union bancaire en zone euro ne se fera certainement pas, suite aux résistances de l’Allemagne qui sent bien que, d’ici peu de temps, il va falloir régler de très lourdes ardoises. Madame Merkel joue à la Bonne Samaritaine, mais « pas dans un futur immédiat, dans un avenir plus distant », car elle demande à ce que soit d’abord résolu, au niveau national de chaque pays, le problème des créances douteuses bancaires. En résumé : après le krach à venir, ce qui n’a rien de rassurant ! Même les banques allemandes sentent la pression et Nord/LB rencontre de très grosses difficultés pour résoudre son problème de capitalisation après la reprise de Bremer Landesbank, en quasi-faillite.
La BCE craint le démantèlement de la division banque d’investissement de la Deutsche Bank, qui pèse 1.100 milliards de dollars, soit un risque systémique comparable à Lehman Brothers. Deutsche Bank a dû payer 17 milliards de dollars en amendes diverses pour mauvais comportements depuis 2008. Aux États-Unis, le gouvernement surveille les grandes banques susceptibles de menacer la stabilité financière. J.P. Morgan Chase, avec plus de 2.500 milliards d’actifs, est en tête de liste, suivie par Bank of America, Wells Fargo et Deutsche Bank. Ces trois plus grandes banques américaines « too big to fail »(« trop importantes pour faire faillite ») ont enregistré une augmentation de 180 % de leurs dépôts durant la dernière décennie.
À Wall Street, la correction des GAFA, malgré la guerre commerciale États-Unis/Chine, n’a pas encore commencé, même avec un ratio prix/bénéfice de 329 fois les profits estimés. Le ratio d’Amazon est à 440, alors qu’il dépassait 900 fin 2015.
Le haut du cycle économique et boursier est atteint et les risques renaissent, suite à la surévaluation des marchés, à la hausse des taux d’intérêt, à la guerre commerciale, monétaire et technologique entre les États-Unis et la Chine, à l’onde de choc populiste avec l’AfD en Allemagne, l’Italie ingouvernable et les démocraties nationalistes polonaise, tchèque et hongroise. Le krach viendra et les créations monétaires par les banques centrales pour sauver les meubles entraîneront une hyperinflation à l’échelle du globe comparable à celle de l’Allemagne en 1923…
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