Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’ingérence au nom des droits de l’homme est le comble du racisme


Il y a un autre reproche qui vous est souvent fait, c’est de choisir toujours des causes qui battent en brèche les principes humanistes. Vous avez dit : « Je ne veux pas plaider aux côtés de la Ligue des droits de l’homme, etc. » Alors je vous pose la question : êtes-vous un raciste, au sens où vous privilégiez une autre ? Ne considérez-vous pas que la notion des droits de l’homme soit une notion universelle et acceptable ? 
Jacques Vergès : C’est précisément la volonté d’imposer à l’univers entier sa propre conception des droits de l’homme qui est du racisme. Cela suppose que nous, Parisiens ou New-Yorkais, avons atteint le top de la civilisation ; notre conception des droits de l’homme, de la femme, de l’enfant, des animaux, doit s’imposer à l’univers tout entier. Et nous avons même un droit d’ingérence ! Cela me semble le comble du racisme ! Moi, je pense au contraire que l’univers est fait de peuples différents. Heureusement différents ! Et tout aussi respectables les uns que les autres. Chacun de ces peuples a une vision de l’espace, chacun de ces peuples a une vision de l’Histoire, chacun de ces peuples a une vision des arbres dans la nature, des animaux, des rapports sociaux. C’est cela que je demande qu’on respecte, c’est tout. Au nom de quoi M. Mitterrand, qui a été ministre pendant la guerre d’Indochine, ministre pendant la répression à Madagascar, ministre pendant la guerre d’Algérie, irait-il dire aux Chinois ce qu’ils doivent faire ? Les Chinois ont raison de le renvoyer à ses affaires. Je ne vois pas du tout pourquoi on irait reprocher à certains peuples leurs mœurs extrêmement libres, et pourquoi on reprocherait à d’autres leurs mœurs extrêmement sévères. Les uns ont des mœurs sévères, les autres des mœurs libres. Eh bien tant mieux !
Jacques Vergès, Intelligence avec l’ennemi. Conversations avec Jean-Louis Rémilleux

Les commentaires sont fermés.