Plus les jours passent et plus il devient évident que le remaniement ministériel dépasse la seule question du remplacement de Gérard Collomb. Celui-ci, que Brigitte Macron appelle "Mon Gégé", semblant par essence inimitable, le gouvernement devrait lui trouver d'autant plus facilement un successeur. Pas un Collomb-bis, encore moins un Colombo de comédie, mais un vrai patron pour la Police française qui ne manque ni de fonctionnaires compétents ni, non plus, d'ambitieux.
En fait, précisément, aussi bien pour l'Intérieur, que pour les divers portefeuilles en recherche de titulaires, les courtisans ne se précipitent pas.
Ce 10 octobre on entendait parler de 5 refus d'entrée au gouvernement de personnalités pressenties. On démentait aussi, souvent un très mauvais signe, les rumeurs de brouille entre le chef de l'État et le chef du gouvernement. On annonçait enfin que le nouveau ministère serait connu le 12 au soir. Ou le 13. Ou plus tard.
Le même jour, on cherchait à calmer la déstabilisation de l'opinion. Delevoye s'y essaye. Il croit pouvoir rassurer tout le monde. Rien ne garantit qu'il y parviendra. Face au dossier des retraites, les Français sentent bien que, globalement, ils paieront plus pour toucher moins. On sait que cela se fera à partir des calculs des technocrates de Bercy, malgré, ou plutôt en se servant, du sentiment d'injustice de certaines professions. Les quelque 8 mois annoncés pour "négocier avec les partenaires sociaux" ne garantissent rien de bon.
Aujourd'hui, ce fond de mécontentement fait donc trembler non seulement l'actuelle majorité, mais aussi, de façon très générale, la classe politique. Il paraît largement attisé par le mécano incompréhensible des revenus prélevés d'un côté par l'État, redistribués de l'autre. Tout cela arbitrairement.
Il n'en paraît donc que plus surpenant de voir le petit nombre de manifestants de ce 9 octobre où CGT et FO, plus quelques organisations satellites, faisaient mine de sonner le tocsin pour sauver le prétendu modèle social[1].
Le 8 octobre, par la voix de son secrétaire général Philippe Martinez, le CGT annonçait son objectif de "fédérer les mécontentements". Et, comme bien souvent la manifestation du lendemain prenait prétexte de tout ce qui inquiète effectivement les Français… L'éditorial de Patrick Apel-Muller dans L'Huma se frottait même les mains, au matin du 10 octobre : "les métiers et les revendications convergent plus qu’ils ne voisinent".
Et ce fut un échec… en dépit d'un maillage du territoire supposé permettre une "journée d’action [où étaient organisés] 200 défilés et manifestations pour la conquête d’un autre avenir."
Nous savons désormais grâce à Philippe Martinez que "la mobilisation ne se mesure pas qu’au nombre de manifestants."[2] Un tel point de vue semble assez novateur pour un stalinien[3] ce qui permet de s'y rallier à l'équipe trotskiste contrôlant FO aux côtés du camrade Pavageau…
A Paris, tous rassemblés, les mécontents, lycéens compris, se comptaient autour de 21 500 piétons.
Ceci veut donc dire que l'opinion est mûre pour de nouvelles solutions en dehors des voies de l'étatisme faussement de droite du gouvernement, et de son frère aîné l'étatisme de gauche, autrement dit, en dehors des dogmes du prétendu modèle social.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Rappelons une fois de plus que ce prétendu modèle intangible hérité des lois fondatrices votées en 1946 sous l'influence du parti communiste. Celui-ci représentait alors 28,3 % des voix. Il n'en obtenait plus que 2,72 % en 2017.
[2] cf. L'Huma du 10 octobre.
[3] Staline considérait que "l'on juge l'influence d'un mouvement révolutionnaire aux manifestations de rue qu'il est en mesure d'organiser ou de contrôler".
http://www.insolent.fr/2018/10/les-manifs-le-remaniement-et-le-pretendu-modele.html