À la veille du nouveau rassemblement des gilets jaunes partiellement annoncé à Paris, pour leur deuxième samedi, ce 24 novembre, l'incertitude grandit. Le pouvoir imagine tendre un piège à ce mouvement encore informel, inédit et imprévisible. On leur concède faussement le Champ de Mars. Les forces de l'ordre, et plus encore celles du désordre programmé, pensent l'endroit commode. On pourra, estiment-ils, y parquer de braves gens jusqu'ici inoffensifs. On accentuera la focalisation sur telle dizaine de fous, d'abrutis, ou de provocateurs incontrôlables, On imagine dès lors instrumentaliser le revers de la médaille de leur spontanéité.
Bref, on les prend en haut lieu pour des crétins. Mais les hors-sol qui nous gouvernent devraient bien mesurer deux choses.
D'abord, leurs faux discours moralistes ne prennent plus. Il convainc d'autant moins que le seul objectif auquel il affirme répondre se réclame, grandiose, du salut de la Planète, à partir des 551 000 km2 de l'Hexagone, ne parlons même pas des départements d'Outre-mer qui n'en peuvent mais.
Nous nous trouvons ainsi confrontés à des affirmations disproportionnées, aussi péremptoires dans les mots que contradictoires dans les faits. Elles expriment un écologisme devenu complètement arbitraire, idéologique et schizophrénique. L'administration se montre insoucieuse d'agir contre la pollution de la terre, des cours d'eau comme des rivages d'une France dont, depuis un siècle, elle n'assure que l'enlaidissement. Incapables de gérer correctement les déchets, ses insupportables bons élèves veulent se faire croire en mesure de réglementer, par l'impôt punitif, l'évolution du climat des océans et des autres continents.
On éprouve, en écoutant ces folies, une impression de grotesque. Mais en découvrant le retour d'un fantôme, celui de Nicolas Hulot, le sentiment évolue. On en viendrait [presque] à une forme de pitié pour le personnage lui-même. Rappelé de son oubliette on lui redonne un instant la parole. Après l'avoir démonétisé comme ministre, on l'utilise tel un vieux pot pour y faire de la confiture. Celle-ci contrairement à l'adage bien connu ne donnera rien de bon. Ce recyclage ridicule ne prend pas.
D'autre part il va leur falloir choisir leurs alliés. Les hors-sol vont se trouver dans la nécessité de dessiner les contours du peuple majoritaire au nom duquel ils gouvernent. Cela ne s'appelle pas populisme mais, plus simplement, démocratie.
Manifestement plus de 70 % des Français[1] se sentent toujours en sympathie avec cette contestation.
Un petit épisode parlementaire d'apparence anecdotique s'est ainsi déroulé à l'Assemblée nationale ce 22 novembre. Il s'est traduit par une suspension de séance après une passe d'armes entre MM. Ferrand et Castaner, d'une part, et le sympathique député pyrénéen Jean Lassalle. Celui-ci portait un gilet jaune, obligatoire pour le conducteur d'un véhicule[2]. Il s'est exposé, au contraire, dans cet autre contexte à une amende de 1 500 euros infligée par le bureau de l'Assemblée lui-même. Les images d'une majorité applaudissant la sanction ne manquent pas de pathétique, à défaut de panache. Elles caricaturent de façon effrayante l'aveuglement, que la légende prête [à tort] au parti ministériel, aux bons élèves qui entouraient Calonne, à la vielle de 1789.
Or, la déconnexion du pouvoir d'État par rapport aux manants, ainsi que celle de la majorité des députés les oblige à recourir à d'étranges alliés. C'est ainsi que, pour discréditer, diffamer, étiqueter faussement comme xénophobes les manifestants français on vient d'avoir recours à l'appareil de la CGT des douanes et au député d'extrême gauche Ruffin. Ces professeurs de morale, auxiliaires du pouvoir hors sol, osent en effet condamner l'application de la loi par les Gilets Jaunes débusquant dans la Somme, sur la route de Calais, un trafic de migrants illégaux.[3]
N'en jetez plus Messieurs, votre cour est pleine, votre cause a été entendue. Le peuple des manants s'éloignera de vous comme le font les chevaux quand ils sentent la présence d'un mort.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Les sondages continuent de dire 74 %. Présent, sous la plume de Caroline Parmentier parle de 22 novembre de 8 Français sur 10. Mais il faudrait pour accréditer cette évaluation, s'entendre sur ce qu'on définit comme français. Dans un débat remarquable sur CNews où il se trouvait confronté à Laurent Joffrin, ainsi dans ses chroniques duFigaro, seul ou presque un Ivan Rioufol manifeste le courage de poser cette dimension du problème intelligemment et calmement.
[2]Le montant de l'amende pour ne pas avoir de gilet de sécurité peut aller jusqu'à 375 euros. On s'expose également à des retraits de points de permis de conduire.
[3] cf. "Dans la Somme: des migrants délogés d'un camion-citerne par des gilets jaunes"
https://www.insolent.fr/2018/11/les-hors-sol-contre-les-manants.html