Les gilets jaunes ont donc désigné ce 26 novembre leurs porte-parole. Ils ont manifestement agi en toute connaissance de cause, écartant l'un des piliers du mouvement lesté, quelle horreur, de convictions politiques. Ce dangereux extrémiste semble en effet sympathisant de Nicolas Dupont-Aignan.
Ils ont aussi défini une plateforme basée sur une volonté commune d'augmenter le pouvoir d'achat des Français. Les économistes de l'école de Chicago n'encombrent pas encore leurs rangs. Ils ne manquent pas ainsi de s'illusionner sur d'éventuels effets bénéfiques, dans leur perspective, d'une hausse du salaire minimum en cette période stagnation.
Or, parmi les figures représentatives choisies par les Gilets Jaunes, figure une l'excellente Priscilla Ludovsky. Celle-ci a recueilli d'innombrables signatures depuis un mois autour d'une pétition protestataire. Elle s'est également illustrée, la veille, 25 novembre en participant à l'émission C Politique. Au cours du débat, elle a pu témoigner, dans le sens de ce que suggérait pour sa part votre serviteur et chroniqueur : "Les forces de l’ordre ont laissé faire les casseurs et on m’a bien fait comprendre que les décisions venaient d’en haut."[1]
Priscillia Ludovsky, figure des gilets jaunes, doit-elle être tenue pour une complice de l'ultra droite ?
L'attachant philosophe et essayiste Abdennour Bidar, musulman libéral bien connu[2] est lui aussi intervenu pour dire : "Ce que je vois dans le mouvement des Gilets Jaunes, c'est que notre peuple a oublié d'être bête. Il est lucide !" Voilà sans doute un autre séide des groupuscules séditieux.
Mais à défaut de l'Histoire des idées ou celle des mouvements politiques français, qu'ils ignorent allègrement, les ministres Castaner et Darmanin connaissent la musique. Les deux instruments dont ils jouent s'identifient au violoncelle de la diffamation et au clairon de la répression. Le seul refrain qu'ils savent chanter se réclame de l'antifascisme et de l'antiracisme.
En fin de matinée, Castaner avait mis en garde les citoyens contre le danger de l'ultra droite. Le recours à cet alibi commode tend à regrouper des voix apeurées en vue des élections européennes de 2019. Ministre de l'Intérieur d'un gouvernement en petite forme, il sait devoir en redouter le désastre. Au refrain habituel : le fascisme ne passera pas. Air connu.
Faisant écho à cette antienne, Darmanin en rajoute une couche. Il parle donc, lui, de peste brune.
Ce personnage désormais caricatural pourrait servir de fusible utile et légitime. Personne ne pleure jamais sur le sort des traîtres.
Ministre des comptes publics, son échec prochain semble déjà se profiler, à proportion du ralentissement de la conjoncture. Or, la citadelle Bercy n'a toujours pas sanctionné les auteurs du budget insincère de 2017.[3] Si on suit le curriculum vitae de Jupiter, on peut considérer que l'exemple vient d'en haut. Or, tout action devient le commencement d'une habitude. Et, si l'on peut donc voir les chiffres prévisionnels de 2019 comme douteux, le projet de loi de finances s'affiche dès maintenant avec un déficit de 2,7 % du PIB. Et ceci n'empêche pas nos technocrates parisiens de condamner l'Italie dont le prévisionnel ne se situe qu'à hauteur de 2.4 %.
La préoccupation s'aggrave dès lors dans la perspective imprévue d'accepter de diminuer les taxes.
Il doit donc se présenter comme l'inventeur du vaccin contre cette intolérable peste brune qui ose revendiquer une décrue fiscale.
On voudrait nous faire accroire que la recherche pharmaceutique piétine. Le laboratoire Darmanin ne perd pas son temps à démentir. Avant même que l'enquête ait démontré l'inanité des accusations de son collègue Castaner contre l'extrême droite, il a trouvé la solution.
À l'heure où ces lignes sont écrites votre serviteur et chroniqueur ignore encore si le chef de l'État envisage dès maintenant l'éviction méritée de ce faux droitier rallié au pseudo-rassemblement des "en même temps".
Mais il doit bien se douter que s'il ne se débarrasse pas de Darmanin, c'est lui que le peuple sanctionnera.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. au cours de l'émission "C Politique" du 25 novembre - son intervention dure 1mn02 est accessible via Twitter.
[2] cf. son livre "Self Islam" aux éditions du Seuil, 2006, 240 pages
[3] cf. "Conclusion de l'audit de la cour des Comptes 'Budget 2017 "insincère': il faut sanctionner ses auteurs".
https://www.insolent.fr/2018/11/de-la-peste-brune-et-du-fusible-darmanin.html


Le 17 novembre 1911 a lieu la première réunion du Cercle Proudhon. Ses principaux organisateurs sont Henri Lagrange, Georges Valois et Gilbert Maire. Un proche de Georges Sorel, connu pour sa définition du « mythe », qui encore aujourdʼhui fait autorité dans les sciences sociales, et qui est considéré comme le « frère ennemi » de Jean Jaurès, est la prise de guerre la plus importante des tenants du nationalisme intégral : Édouard Berth (photo), ancien socialiste devenu disciple, outre Sorel, de Charles Péguy. Berth partageait avec Maurras une aversion pour le parlementarisme dit démocratique, ainsi quʼune grande admiration pour lʼAntiquité.
Rappelons également que lʼautre grande figure du nationalisme avec Maurras, Maurice Barrès (photo), se revendiqua pendant longtemps socialiste. Il « ne craignait jamais dʼinsister sur lʼunion intime des idées nationalistes et socialistes. […] Cʼest lui qui, le premier, fit voisiner nationalisme et socialisme sous forme imprimée, dans la Cocarde, quʼil publia de septembre 1894 à mars 1895. Dans les pages de celle-ci, on trouvait associés des compagnons aussi peu faits pour sʼentendre que René Boylesve, Charles Maurras, Frédéric Amouretti, Camille Mauclair et des syndicalistes extrémistes, tels que Augustin Hamon et Fernand Pelloutier. »
Proudhon. Il est à ce sujet important de prendre en considération ce quʼécrivait Maurras au point de départ de la guerre dans LʼAction Française du 2 août 1914, dont le titre en une était « La France sous les armes », en réaction à lʼassassinat de Jean Jaurès : 

