Au cours de la même semaine, deux débats totalement biaisés ont souligné la permanence des hypocrisies parisiennes. La première affaire s'est développée autour de l'agression verbale dont a été victime l'un des plus remarquables intellectuels de notre pays.
L'intéressé, auteur de "L'Identité malheureuse"[1]s'est vu grossièrement, et ajoutons : stupidement[2], injurié par un militant de l'islamisme radical, vite identifié.
Au secours ! il ne faut pas présenter ainsi les choses. Ce serait qualifié d'islamophobie : quelle horreur.
Et, tout un montage médiatique et politicien s'est déployé. Au centre du dispositif s'est agitée la survivance du parti socialiste, qui croit pouvoir par ce subterfuge se refaire une santé et s'est employé à retourner cette séquence.
On a même entendu sur BFMTV le soi-disant humoriste Yassine Bellatar lancer une sorte d'hallali, pour ne pas dire une petite fatwa personnelle contre Éric Zemmour[3].
Dans son article du 19 février[4], qu'il faudrait citer entièrement, Élisabeth Lévy décrit le malaise qui en découle : "Et puis, c’est un peu délicat à écrire, mais on peut craindre que cette focalisation subite et exclusive sur le malheur juif finisse par lasser. D’accord, il y a ces tags et ces chiffres inquiétants. L’obsession de Rothschild et des sionistes qui dirigent le monde qui court les réseaux sociaux sur fond de désastre éducatif. Mais nombre d’autres groupes souffrent. Ne faudrait-il pas par exemple faire aussi place à la tristesse des catholiques qui voient des églises profanées ?" (...) Quant aux démonstrations artificielles de l'unanimisme politicien elle ajoute : "Il est vrai que les foules sentimentales sont réconfortantes. On a envie d’en être, de marcher et de marcher. Seulement, on sait ce qu’il est advenu de l’esprit du 11 janvier et de nos belles promesses de défendre la liberté d’expression et la laïcité. Dans nos banlieues, la sécession islamiste a continué à progresser, s’appuyant sur les calculs politiques des uns, la résignation des autres et notre indifférence à tous. Alors j’ai de plus en plus de mal à croire aux phrases qui commencent par 'nous n’accepterons pas', 'nous ne tolérerons pas', 'nous résisterons' car elles précèdent souvent les abdications en rase campagne. On déclare, la voix grave, que rien ne sera plus comme avant. Et tout est comme avant. Ou pire."
En effet, on feint délibérément, surtout, d'ignorer la réalité sinistre de l'influence salafiste dans les territoires perdus de [par] la république.
Au passage on décide donc de dissoudre trois groupes étiquetés comme d'extrême droite. Voilà qui prétend marquer à la fois la détermination des autorités de la république et les vraies responsabilités : l'infamie par excellence ne trouvera pas de défenseurs. Ah mais.
À l'inverse de Finkielkraut, qui proteste clairement à ce sujet[5], on impose le silence sur les attentats antichrétiens.
Et bien sûr le champ libre est laissé à la milice totalitaire des prétendus "anfifa".
Cette asymétrie, habituelle au règne du politiquement correct, ne nous surprend même plus. Elle reflète trop souvent, chez nos grands habiles, le simple souci arithmétique de sauver l'existence d'un électorat de gauche en perdition, de se raccrocher, pour battre la droite et le centre, au vote supposé d'une partie des banlieues ex-rouges, là où les mosquées du salafisme voisinent avec les avenues Maurice-Thorez et les lycées Pablo Neruda.
Elle ne mériterait que le mépris si l'on ne se situait dans une situation de guerre qui s'est caractérisée cette même semaine par un autre événement, heureux celui-là, la liquidation de la destruction du pseudo-État islamique.
Dans cet écrasement salutaire, la nouvelle de la mort de l'ignoble tueur et recruteur Fabien Clain a permis que se manifestent d'autres types de complicités, d'un niveau supérieur, en l'occurrence, à celui des calculs politiciens sordides manifestés.
Passons sur la victimocratie courante, qui rend hommage aux gens qui n'ont rien fait, et qui pleure la mort de l'assassin dans la mesure où elle prive les psys de tous poils de la gestion du deuil. Ah ! comme on l'attend cette parole des islamistes, ah ! quelle déception de ne pouvoir l'entendre, ah comme leur intervention devant un tribunal permettrait de tout effacer : 25 ans de prison sur le papier, qui seront réduits à la moitié, et surtout pas de cette peine de mort éliminatoire qu'ils ont eux-mêmes pratiquée sans remords.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. Alain Finkielkraut "L'identité malheureuse" Stock 2013, 240 pages. Intéressant de se souvenir aussi que Juppé, qui reclame désormais à son seul bénéfice, le "droit à l'oubli", s'accrochait au concept inverse d'identité "heureuse".
[2] il semble en effet quelque peu contradictoire, au pays de Descartes, d'utiliser le mot "sioniste" comme une injure et d'enjoindre à un Français juif de "retourner à Tel Aviv", d'où il n'est pas originaire.
[3] À écouter : l'intervention d'Éric Zemmour sur LCI
[4] cf. article "Antisémitisme: une peste plus rouge que brune"
[5] Sur Europe n°1, au micro de Sonia Maktouf proteste contre le scandaleux traitement méditique et l'instrumentalisation de l'affaire. cf. "Alain Finkielkraut sur les injures à son encontre"