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La vérité est ailleurs et Assange en prison

lallegorie_de_la_simulation_musee_des_beaux-arts_angers_14932303058-236x300.jpgLe ministre des Armées, Florence Parly affirmait le 20 janvier dernier  sur France Inter: « Je n’ai pas connaissance du fait que des armes (françaises) soient utilisées directement au Yémen». Un mensonge gros comme ça, le même qui veut que les armes que nous vendons ne soient jamais utilisées que pour des actions défensives et non offensives pouvant mettre en danger les populations. Au Yémen, théâtre d’un conflit très meurtrier, notamment pour les civils, dans lequel l’Arabie saoudite entend mater les Houtis chiites soutenus par l’Iran, «les armes françaises» (avions, hélicoptères, frégates,  blindés,  canons, missiles…)  souligne francetvinfo, «sont présentes sur terre, sur mer et dans les airs, si l’on en croit un rapport de 15 pages classé confidentiel Défense de la Direction du renseignement militaire (DRM), daté du 25 septembre 2018, révélé par Disclose et la cellule investigation de Radio France.» Alors oui, Mme Parly, les armes sont faites pour dissuader mais aussi pour tuer et c’est également pour cela que notre (remarquable) industrie d’armement a des acheteurs dans le monde entier, y compris chez les grands humanistes que sont nos alliés (?) saoudiens. Il n’est pas nécessaire de prendre les Français pour des imbéciles pour essayer de les convaincre du contraire. C’est aussi stupide que les campagnes publicitaires lancées il y a quelques années pour recruter dans nos armées ou il était donné l’impression que le métier de soldat consistait à être un employé d’une ONG humanitaire chargé de la promotion des droits de l’homme. La tonalité des campagnes de pub en question n’est certes plus exactement la même aujourd’hui, les attentats islamistes de 2015 sont passés par là…

L’arrestation jeudi à Londres, du fondateur de WikileaksJulian Assange – déféré devant un tribunal de la capitale britannique, Washington a annoncé son inculpation officielle pour « piratage informatique »- a été aussi l’occasion d’un festival d’hypocrisie, de silence gêné ou de propos délirants. Plusieurs Gilets Jaunes, en marge de l’Acte XXII de cette mobilisation, se sont d’ailleurs rendus samedi devant le siège journal Le Monde. Comme l’a relevé Meriem Laribi pour RT France, l’organisateur de ce rassemblement symbolique, Viktor Dedaj (responsable du journal d’ultra gauche Le grand soir) a vivement reproché au quotidien « d’avoir lâché le lanceur d’alerte (Assange, NDLR) après avoir largement utilisé les informations révélées par WikiLeaks. »

Le Monde justement, a relayé  les propos du président équatorien, Lenin Moreno,  entré en fonction en 2017. Celui-ci affirme dans le Guardian  (mais qui peut sérieusement le croire?) «que Julian Assange a tenté de créer un  centre d’espionnage  dans l’ambassade d’Equateur à Londres, et a regretté (…) que le précédent gouvernement de son pays ait fourni des équipements dans l’ambassade qui ont permis d’interférer dans les affaires d’autres Etats ».

« Nous ne pouvons pas permettre à notre maison, la maison qui a ouvert ses portes, de devenir un centre d’espionnage, a déclaré Lenin Moreno.  Cette activité viole les conditions d’asile , a-t-il ajouté, assurant que la décision de retirer l’asile à M. Assange  n’est pas arbitraire, mais repose sur le droit international Le président équatorien a aussi dénoncé l’attitude  absolument répréhensible et scandaleuse  de Julian Assange dans l’ambassade et son « comportement inapproprié en matière d’hygiène. Selon Quito, M. Assange aurait notamment souillé les murs avec ses excréments.» (Moreno) Lenin a donc dit et fait ce que Washington attendait de lui, mais la pression était à l’évidence trop forte pour un petit pays comme l’Equateur… et la grande Europe a été toute aussi pusillanime et même encore plus lâche.

Julian Assange est donc maintenant décrit comme un aliéné, un fou.  Voilà qui complètera sa panoplie satanique, lui qui fut accusé un temps, par le biais d’une procédure odieuse et ridicule intentée contre lui en Suède, d’être un violeur et comme de bien entendu d’être un agent russe. Pour compléter ce portrait il a tenu des propos réactionnaires qui suffisent à justifier qu’il finisse dans un cul de basse-fosse. Mediapart, rapporte le site d’E&R soulignait ainsi dans le portait antipathique consacré au fondateur de Wikileaks que « Julian Assange (a multiplié) les prises de position polémiques, voire parfois difficilement compréhensibles. En septembre 2017, il affirme par exemple, chiffres à l’appui, que le capitalisme, l’athéisme et le féminisme sont responsables de la stérilité de nos sociétés qui, elle-même, est la cause de l’immigration. »

Une déclaration qui n’est certes pas le meilleur moyen d’obtenir le compassion de l’Europe de Bruxelles dont la lâcheté devant l’Oncle Sam est devenue hélas proverbiale. Pourtant, comme l’écrivait Bruno Gollnisch en février 2016, la réclusion forcée de Julian Assange dans l’ambassade d’Equateur avait été condamnée par l’ONU et le député RN avait défendu son cas plusieurs fois au Parlement européen, y compris devant Mme Merkel et M. Hollande.

«Julian Assange doit être accueilli sur le territoire de l’Union européenne, n’en déplaise au Big Brother  de Washington ajoutait-il.  Il est particulièrement scandaleux qu’une Europe qui laisse entrer sur son territoire des centaines de milliers voir des millions de personnes hâtivement qualifiées de  réfugiés politiques », refuse ce statut et l’asile à l’homme qui lui a révélé l’ampleur de l’espionnage de  l’allié  américain à notre détriment

Les médias n’ont pas manqué non plus de décrypter le message lancé par M Assange au moment de son arrestation, par le biais du livre qu’il tient alors à la main. Il s’agit d’un ouvrage du romancier, essayiste (et parfait francophone) Gore Vidal, décédé en 2012 à l’âge de 83 ans, History of The  National Security State (L’Histoire de la sécurité nationale. Ancien député démocrate, mais assumant des positions libertariennes,  Gore Vidal ne craignait pas l’étiquette de populiste et les propos sulfureux. Il dénonçait dans ce livre d’entretiens, paru après sa mort sur internet en 2014, les guerres d’agression de Washington au Moyen-Orient, en Irak mais aussi les atteintes aux libertés des citoyens américains. M Vidal est aussi connu pour ses déclarations  très polémiques sur les attentats du 11 septembre 2001. Il doutait fortement de la version officielle de ce drame donnée par l’administration américaine

Il estimait ainsi que George W. Bush, Dick Cheney, l’Etat profond US étaient au courant des projets d’attentats d’al-Qaïda sur le sol américain mais qu’ils ont laissé faire. Une divine surprise qui aurait permis de mettre en application les vues du géopoliticien et conseiller des présidents américains ( de Carter à Obama) Zbigniew Brzezinski. A la fin des années 90, ce dernier insistait sur la nécessité de contrôler les ressources énergétiques du Moyen-Orient, de renforcer la présence et la pression yankee en Asie centrale et en Eurasie. Le 11 septembre 2001 aurait donc été le prétexte pour intervenir militairement en Afghanistan, puis après pour liquider l’Etat laïque et nationaliste irakien (souvenons -nous des bobards sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein) dans le cadre d’une vaste opération de remodelage de la région. Guerres que le peuple américain, affirmait M. Vidal, n’aurait pas cautionné sans l’immense choc psychologique généré par l’attaque contre les twin towers. On a vu depuis les catastrophiques résultats de cet interventionnisme US et du chaos sanglant qu’il a généré, sans parler de ses chocs en retour en Syrie comme en Libye…

Nous sommes certes là avec l’analyse de Gore Vidal, en plein complotisme, et il parait extravagant pour le commun des mortels  qu’un gouvernement d’une grande nation démocratique ait pu sciemment sacrifier des milliers de ses citoyens en laissant se perpétrer un attentat. Mais les mensonges répétés, la propagande grossière dont nous sommes abreuvés et souvent les victimes apportent aussi de l’eau au moulin à ceux qui pensent, de manière délirante ou fondée, à tort ou à raison, que la vérité est ailleurs. Et pour le coup, Julian Assange en a aussi apporté des preuves concrètes via Wikileaks et ses révélations en cascade. C’est bien ce qu’on ne lui pardonne pas aujourd’hui et qu’on entend lui faire payer très cher.

https://gollnisch.com/2019/04/15/la-verite-est-ailleurs-et-assange-en-prison/

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