Une Russie libre et fière, en pleine renaissance depuis l’ère Poutine, célèbre ce jeudi le Jour de la victoire, la commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale, la signature à Berlin le 9 mai 1945 de l’acte de capitulation de l’Allemagne hitlérienne. La fin d’un conflit qui fut aussi synonyme, hélas, de déclassement, d’une décadence accélérée de nos pays au terme de cette épouvantable guerre civile européenne. Et pour les peuples des pays de l’Est, livrés à Staline par les alliés, du début du long, éprouvant et terrible (pour les résistants) hiver communiste dont ils ne sortirent qu’avec la chute du rideau de fer et des dictatures rouges il y un quart de siècle. Mais ce 9 mai est aussi l’anniversaire de la déclaration de Robert Schuman qui, il y a soixante-quatre ans, proposa la création d’une Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), embryon de l’actuelle Union Européenne. A quinze jours des élections européennes sont donc réunis symboliquement aujourd’hui au centre de la Roumanie, à Sibiu, les dirigeants des pays de l’UE. Cette rencontre sera l’occasion d’évoquer le futur partage des grands postes européens entre pays, la diplomatie extérieure, le climat, l’immigration…
Bien sûr, le dernier discours du président (sortant) de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, fera la part belle à la lutte contre les nationalistes et le populisme. «Nous ne nous aimons plus les uns les autres. Nous avons perdu notre libido, a récemment regretté M Juncker qui a participé mercredi à Sibiu à un débat avec des centaines de jeunes Européens» rapportait L’Express. Le très fatigué président de la Commission européenne incarne assez bien la chute d’une Europe progressiste à bout de souffle, mais sa libido en berne n’est pas un cas généralisé. Il serait plus juste de dire que d’autres attirances et affinités électives émergent. On l’a vu ces derniers jours avec une nouvelle étape dans le rapprochement, bien avancé depuis plusieurs mois, entre le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini et le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
«En délicatesse avec le PPE dont son parti Fidesz est suspendu depuis le 20 mars» rapportait Courrier international, MM. Orban et Salvini se sont rencontrés le 2 mai en Hongrie, «se sont affichés en vigies de l’Union européenne », ont «multiplié les signes d’amitié lors d’une conférence de presse commune», «vingt-quatre heures après une interview accordée le 1er mai à la Stampa dans laquelle (V. Orban) affirmait que le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini est la personne la plus importante d’Europe.»
Deux dirigeants, qui sont dans le collimateur du très puissant lobby transfrontièriste et mutitculturaliste mais aussi, et les catholiques sont très nombreux à le déplorer, du pape François qui, comme l’a rappelé Alexandre Del Valle dans Valeurs Actuelles, multiplie les outrances. Il «est allé plus loin que d’habitude dans ses prises de positions politiques anti-nationalistes (lors de son déplacement en Bulgarie, le 2 mai également) lorsqu’il a condamné l’attachement au peuple, à la patrie portant à l’exclusion et à la haine de l’autre, quand il devient nationalisme conflictuel qui lève des murs. Il a exprimé sa préoccupation face à la réapparition de courants agressifs envers les étrangers, surtout les immigrés, comme ce nationalisme croissant qui omet le bien commun, visant en fait non pas des actes racistes-criminels et violents qui auraient été commis ici ou là et qui seraient bien sûr condamnables, mais les leaders et gouvernements populistes européens, à commencer par sa bête-noire Matteo Salvini (et) l’autre bête-noire du Pape (…) Viktor Orban.»
Certes, cela fait au moins un point commun entre le pape et François-Xavier Bellamy. La tête de liste de LR aux européennes expliquait ainsi en mars qu’il était «certain» «qu’entre la vision d’Emmanuel Macron et la vision de Marine Le Pen (il était) clairement plutôt du côté d’Emmanuel Macron» et précisait qu’il se sentait « plutôt (Jean-Claude) Juncker que (Viktor) Orban. » C’est ce même M. Bellamy qui, lors de la soirée européenne organisée par Valeurs Actuelles le 25 avril, affirmait sans rire que «Nous ne réussirons pas à redonner vie à l’Europe, si elle demeure le symbole d’une dépossession démocratique.» La faute à qui M. Bellamy? N’incombe-t-elle pas en premier lieu, constate Bruno Gollnisch, à vos amis politiques majoritaires au parlement européen depuis 20 ans, et qui participent, à des postes clés, à toutes les strates, toutes les instances de l’UE?
Pour autant, il est vrai qu’en terme de ridicule et d’enfumage, il reste difficile de concurrencer les cadors de LREM et leurs soutiens. C’est le cas notamment de Bernard-Henry Lévy, éreinté par les critiques partout où il passe en Europe pour la nullité de sa prestation et/ou celle de sa pièce altlanto-bruxellosie Looking for Europe. Le bourreau de la Libye et confondateur de sos racisme, rapporte RT, a été aussi épinglé le 30 avril dernier par le Canard enchaîné qui a révélé «la générosité de plusieurs diffuseurs prêts à mettre la main à la poche pour financer un documentaire qui immortalisera la tournée (Looking for europe). D’après l’hebdomadaire satirique, Canal Plus a mis au pot quelque 300 000 euros, France 3, 230 000 euros, et Arte, chaîne qui fait l’éloge de la construction européenne, 200 000 euros. Or leCanard enchaîné fait remarquer au passage que Bernard-Henri Lévy préside le conseil de surveillance d’Arte, sous-entendant une forme de conflit d’intérêts.»
Tout aussi caricatural peut-être, c’est Daniel Cohn-Bendit (rattrapé par son passé dans le métro) qui était chargé de jouer les boute-en-train le 6 mai au théâtre Bobino pour parler écologie avec le numéro 2 de la liste LREM, Pascal Canfin, ancien ministre de François Hollande . «Avec son ex-mentor Dany Cohn-Bendit», dixit Libération, « Canfin a fait le show devant plusieurs milliers de personnes dont de nombreux parlementaires et plus de la moitié du gouvernement (…). On a vu le public enthousiaste réserver une standing-ovation au patriarche libéral-libertaire qui venait d’improviser de sa voix éraillée, à la limite de la rupture, un furieux plaidoyer pour l’intégration européenne et pour la culture bruxelloise du compromis. Mais aussi pour un accueil digne des migrants (…). Magie du nouveau monde : il y avait au premier rang, parmi ceux qui se sont levés pour applaudir, des ministres de droite comme Jean-Michel Blanquer ou Gérald Darmanin (…). Mais il a (aussi) invité les macronistes à ne pas insulter l’avenir et à bien distinguer les adversaires irréductibles que sont les listes soutenues par Le Pen et Mélenchon des concurrents conduits par Jadot (EELV) et Glucksmann, tête de liste PS-Place publique. ».
Dans le songe creux, le verbiage et l’étalage des vieilles recettes qui ont conduit l’Europe vers l’abîme, Dany n’est certes pas le dernier mais en vieil animal politique il sait au moins adapter son langage et ses formules à son auditoire, à la clientèle électorale qu’il vise. Pour Nathalie Loiseau l’exercice n’est pas si évident puisque c’est sur le parvis du Mémorial-Musée pour la Paix de Caen que la tête de liste LREM a promis, tel le général GUDerian, un « Blitzkrieg » (sic) pour relancer sa campagne vacillante.
Si le discours politique comporte toujours une part de subliminal, là nous sommes à la fête!Mme Loiseau se rêve en tankiste en cuir avec un gros canon écrasant tout sur son passage, M. Juncker parle de sa libido défaillante, BHL se plonge sur scène tout habillé dans une baignoire pour défendre une Europe châtrée, Dany se casse la voix pour exiger l‘ouverture, et les jeunes macronistes font campagne sur le thème de la partouze en lançant un préservatif aux couleurs de l‘Europe avec le slogan suivant: «À 2, c’est bien. À 27, c’est mieux!». A chacun son projet…
https://gollnisch.com/2019/05/09/pas-de-libido-mais-gros-melons-et-bottes-de-cuir/