Observant, dans la chronique précédente[1], les ignorances médiatiques parisiennes, on pouvait les attribuer à vrai dire autant à la méconnaissance de l'histoire qu'à celle la géographie[2].
Le redressement d'un pays se réalise quand les forces de droite l'ont emporté sur les forces de gauche, condition politique nécessaire mais hélas pas toujours suffisante. Encore faut-il que les facteurs de la prospérité économiques. Or, en France, de telles expériences sont, dans le meilleur des cas, superbement passées sous silence, et, plus généralement carrément dénigrées par le sectarisme de gauche, relayé par le psittacisme journalistique parisien.
Depuis le 8 juillet, par exemple, un nouveau gouvernement homogène et résolu est apparu à Athènes. Il a prêté serment dès le lendemain d'une victoire électorale de la droite, nette, massive et sans bavures. Dans un pays où les socialistes se sont employés depuis 25 ans à imposer un mode de scrutin favorable aux partis de gauche et à l'anarchie, le premier ministre dispose cependant d'une majorité claire. Or, la raison principale de la victoire de ceux qu'on appelle conservateurs, qui ont, en particulier su rassembler les classes moyennes réside une fois encore dans le rejet des démagogues et des destructeurs de l'épisode catastrophique de l'ère Tsipras.
Or, il y a fort à faire pour nettoyer les décombres laissés par tous les résidus et protégés du seul régime[3] se réclamant de la gauche radicale en Europe.
Une bonne photo valant souvent mieux qu'un long discours, telle observatrice française établie à Athènes dénonce "l'état dans lequel se trouvent les universités grecques après 4 ans 1/2 de gouvernement Tsipras. Ce n'est pas fake", écrit-elle, "j'habite à proximité de l'une d'entre elles. Ce fut le règne des féministes, LGBT, mondialistes etc.
Ça va changer."[4]
Après Tsipras le désastreux, on peut, jusqu'ici, partager l'espoir qu'elle exprime. Le nouveau pouvoir politique a, en effet, rapidement pris une salve de décisions, sans perdre de temps, qui font enrager la gauche, et s'écarte de son idéologie ce qui devrait toujours être considéré comme un bon signe. Il n'omet pas d'inscrire dans les mémoires souligner les scandales de l'équipe précédente, par exemple en rappelant son incompétence criminelle dans le cadre de l'anniversaire des incendies de forêts de 2018.
Or, quand un pays se relève, on ne doit pas s'étonner que ses ennemis et ses détracteurs cherchent à lui remettre la tête sous l'eau. Observant depuis des décennies la manière dont les médias parlent de la Grèce, votre chroniqueur n'est nullement surpris de lire, à nouveau, les mêmes sottises alimentées par les mêmes réseaux.
Le quotidien parisien de référence Le Monde, par exemple, ne laissait jusqu'ici passer qu'un seul reproche à l'endroit du lamentable Tsipras, élu par défaut en 2015 : pour une partie des rédacteurs du journal officieux de Boboland, il ne penchait pas assez à gauche. Ah si Varoufakis avait conservé son influence et son portefeuille ministériel, certainement aurait-il suscité encore plus de commentaires favorables.
Le nouveau gouvernement, constitué le 8 juillet cherche-t-il, au lendemain de sa victoire, à appliquer son programme électoral ? On le juge trop à droite : c'est pourtant en sa faveur que les Grecs ont voté. Sans enthousiasme nous dit-on alors immédiatement.
Et, toujours Le Monde de se scandaliser au contraire que "le nouveau premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis donne des gages à sa majorité et mène tambour battant une politique de rupture avec celle de son prédécesseur, Alexis Tsipras."[5]
Il est possible en effet que le si brillant Moscovici, chargé d'exercer la tutelle technocratique sur ce pays que l'on s'est efforcé d'humilier, trouve à redire à la nouvelle politique.
Le New York Times va plus loin encore dans la médiocrité, donnant tout simplement la parole à un ancien porte-plume officiel de Syriza, en le présentant comme un "journaliste grec" et sans mentionner ses états de service[6].
Mais le New York Times est en pleine décadence.
Plus étonnant : le traitement de la nouvelle majorité de droite par Le Figaro. L'organe central de la bourgeoisie parisienne en effet, s'offusque ainsi des allègements d'impôts, sans en donner ni les détails ni l'objet qui est très explicitement de relancer l'économie en opérant une diminution des gaspillages étatistes. Il laisse, sur ce point, sa souriante correspondante locale Mme Alexia Kefalas reprendre les accusations[7] d'un député Syriza, – sigle qui veut dire : rassemblement de la gauche radicale, – sans donner la parole à un seul autre point de vue.
Peut-être conviendrait-il de conseiller aux excellents rédacteurs qui fabriquent ce journal de suivre un peu plus objectivement l'actualité du pays dont ils jugent[8].
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. L'Insolent du 5 août "Deux thèses sur l'union des droites."
[2] La météorologie officielle, comme chacun peut le constater sur les écrans du service public, s'arrête aux frontières de l'Hexagone. Elle ne s'étend même que rarement aux départements et territoires d'Outremer. De la même manière, l'oligarchie régnante cultive cet étonnant nombrilisme collectif. Il est à remarquer qu'elle prétend, par ailleurs, hautement en dénoncer ce qu'elle appelle "la lèpre" chez ses adversaires, qualifiés désormais de populistes. On entend ainsi couramment accuser, aujourd'hui encore, les "nationalistes" d'être responsables de guerres, où, en effet les authentiques nationalistes ont bravement combattu sac au dos, mais guerres qu'ils n'ont ni dirigées ni déclarées, tout en les ayant prévues et en ayant appelé leurs concitoyens à s'y préparer. Un des textes les plus importants de Charles Maurras me semble à cet égard le discours qu'il prononça sur la tombe de son ami Léon de Montesquiou, auteur lui-même du livre "1870, les Causes politiques du désastre", tombé au champ d'honneur en septembre 1915.
[3] Il existe certes dans divers Länder allemands, voire à Berlin, par exemple, des pouvoirs régionaux où l'extrême gauche, le parti Die Linke ou certains écolos radicaux exercent leur nuisance comme au sein de la municipalité parisienne. Il existe aussi pas mal d'anciens communistes camouflés en soi-disants sociaux-démocrates en Europe centrale. Mais la Grèce de Tsipras était depuis 2015 le seul État membre de l'UE gouverné par la gauche radicale.
[4] cf. le compte twitter de cette "Nouvelle Philhellène"
[5] cf. article du 27 juillet dénonçant les "Premiers pas très à droite du nouveau premier ministre" qui, selon le journal isolent Kyriakos Mitsotakis."
[6] cf. article du 5 août signé de Matthaios Tsimitakis, s'inquiétant de la dérive droitière. L'auteur est présenté ainsi "Mr. Tsimitakis is a Greek journalist.""
[7] cf. son article complètement unilatéral publié le 22 juillet "Athènes supprime la brigade antifraude du fisc."
[8] en utilisant au moins leurs connaissances éventuelles de la langue anglaise dans laquelle est notamment publiée une version de leur équivalent local le quotidien grec de centre droit Kathimerini.