Le 26 octobre prochain, à Paris, aura lieu un colloque organisé par l’Institut Academia Christiana intitulé « Regards croisés sur notre identité ».
Boulevard Voltaire a souhaité en savoir plus et a interrogé son vice-président, Julien Langella.
Pouvez-vous, tout d’abord, présenter aux lecteurs de Boulevard Voltaire Academia Christiana?
Academia Christiana est une communauté et un institut de formation catholique et identitaire qui offre une formation intellectuelle à la jeunesse pour qu’elle s’engage radicalement au service du bien commun. Nous faisons rencontrer des élus, des créateurs d’écoles libres ou de médias à nos jeunes afin de leur montrer toute la palette des domaines dans lesquels ils peuvent servir Dieu et la France. Notre université d’été a lieu la troisième semaine d’août et les participants peuvent assister à des conférences, suivre la messe quotidienne, apprendre la boxe thaï, les danses traditionnelles ou les techniques de secourisme. Bien sûr, nous battons aussi le pavé pour défendre la vie, la famille et notre pays ; nous avons noué des liens avec diverses organisations, comme Génération identitaire ou le Rassemblement national. Nous voulons forger des âmes de croisés pour la grande croisade contre l’argent-roi et la nouvelle tour de Babel ; en un mot : le mondialisme.
Dans la liste des intervenants de la journée, on trouve Alain de Benoist et Jean-Yves Le Gallou, mais aussi Jean-Pierre Maugendre et l’abbé Nicolas Télisson. Faire asseoir autour de la même table la Nouvelle Droite et des catholiques « intransigeants », c’est donc devenu possible ? Est-ce à dire que ce qui les séparait jadis relève de la querelle surannée au regard des enjeux actuels d’identité ?
Nous avons des oppositions de fond, indéniables, mais qui sont peu de choses, en effet, devant l’ouragan migratoire qui défigure le Vieux Continent et le tsunami consumériste qui ne laisse sur son passage, au lieu de citoyens enracinés, que des consommateurs zombies hors-sol. Comme les papes l’ont toujours écrit dans leurs encycliques de Doctrine sociale, portant sur des sujets politiques, l’Église tend la main « aux hommes de bonne volonté », selon l’expression consacrée.
Eh bien, l’Église, c’est aussi nous, « l’Église militante », l’armée des vivants qui prie pour les morts et défend leur héritage avec tous ceux, bien qu’éloignés de Dieu, qui sont viscéralement attachés au Beau, au Vrai et au Bien, et sont déterminés à se lever contre le torrent de laideur qui menace de nous engloutir. Notre combat passe par des voies politiques, bien sûr, mais vise au fond un objectif anthropologique : « refaire un peuple » (et non seulement une « majorité électorale »), comme disait Frédéric Mistral.
Or, pour refaire ce peuple, tous les champions de bonne volonté sont les bienvenus. Il n’y a que deux côtés sur une barricade, aujourd’hui le clivage est clair : localistes, identitaires, patriotes attachés à la justice sociale bien comprise (rendre à chacun ce qui lui est dû), à la défense de nos terroirs, des savoir-faire et de la petite propriété, en face des mondialistes, partisans du gigantisme financier ou bureaucratique, étatistes et savants fous néo-libertaires.
À la Convention de la droite, il y a quelques semaines, Robert Ménard a mis en garde contre une hypertrophie de la réflexion et du métapolitique au détriment de l’action politique. N’est-ce pas là un énième colloque ?
Qu’est-ce que la Convention de la droite sinon, comme vous dites, un « énième colloque » où l’on expose des idées avec force et vigueur ? L’intitulé n’est pas le même mais quelle différence, fondamentalement ?
Academia Christiana rejette l’esprit des salons mondains où l’on discute entre nous pour le plaisir de chatouiller le sexe des anges. Ce colloque est novateur puisque de telles rencontres publiques, rassemblant catholiques et païens, sont devenues rares, comme vous le relevez. Ce genre d’initiatives est indispensable pour nourrir la pensée des acteurs politiques : il doit y avoir au sein de chaque courant des pôles de formation et de réflexion qui ne doivent pas être contaminées par les règles de la communication médiatique, forcément court-termistes dans un régime parlementaire.
Ces pôles doivent être des sanctuaires de vérité. C’est notre modeste ambition et elle ne s’oppose pas, au contraire, au combat électoral, puisque nous avons des membres qui seront candidats aux prochaines municipales et d’autres qui sont déjà élus et agissent concrètement, nous faisant partager leur expérience.
Academia Christiana organise des rencontres publiques pour déniaiser les jeunes catholiques, c’est tout le contraire de l’hypertrophie métapolitique. Attention, par juste souci d’éviter le fétichisme de la « doctrine », de ne pas rejeter le combat des idées : à l’heure où la droite est si mal en point, qu’elle ne cesse de reculer depuis trente ans, il est urgent de faire un travail de pédagogie pour donner aux acteurs du combat patriote et identitaire les cartouches intellectuelles nécessaires. Voilà la raison d’être de ce colloque.
Le site d’Academia Christiana : ICI.
Entretien réalisé par Gabrielle Cluzel