« La principale leçon de l’Histoire est que l’espèce humaine est incapable d’apprendre », constatait Winston Churchill.
Il est effectivement plus facile, rapide et durable de désapprendre et d’oublier que d’apprendre et de pérenniser. Une génération amnésique suffit pour interrompre la chaîne de transmission d’une civilisation. Surtout quand on fait table rase du passé sans vision d’avenir, comme le font les dirigeants actuels de la France, abandonnant le pays à un chaos annoncé. Or, répéter consciemment les erreurs du passé constitue une faute – politique, historique, morale. Ainsi, l’improvisation erratique des déconstructeurs au pouvoir semble donner raison à Churchill. De surcroît, ils rejettent la responsabilité de leurs échecs sur une population divisée qui ne saurait pas ce qu’elle veut, ou sur un phénomène international qui les dépasserait.
Dans les faits, on observe une perte de contrôle institutionnel des mouvements insurrectionnels, disparates mais de plus en plus violents. Le conservatisme n’étant pas l’immobilisme, il est temps de revenir aux fondamentaux, en traitant les causes comme les conséquences.
Société anonyme à responsabilité très limitée, la puissance publique, avec ses effectifs pléthoriques de fonctionnaires et d’experts nomades et interchangeables, est défaillante. Prédatrice, elle finance ses avantages injustifiés par une surenchère d’impôts non consentis et domine les maigres forces productives par des lois liberticides. Pour cela, elle doit entretenir l’illusion d’un mouvement positif – le progressisme – et s’adapter à une réalité mobile tout en préservant les intérêts des élites, hier intellectuelles et politiques, aujourd’hui financières et technocratiques. En somme, « tout changer pour que rien ne change », à l’instar des aristocrates siciliens menacés par les révolutionnaires garibaldiens du Guépard. Sans autre « indicateur de performance » que de décaisser l’argent public, quel qu’en soit l’usage réel. Au citoyen-contribuable, de qui l’on exige un sacrifice anonyme, d’en encaisser les coups, sans se plaindre. Il est vrai que le mode gagnant-gagnant ne garantit pas l’équité des gains respectifs ; mais le compte n’y est plus et le contrat social est rompu.
Responsable de la désagrégation des communautés à taille humaine dont elle nie la légitimité et méprise les aspirations, la puissance publique suscite la multiplication de divers mouvements insurrectionnels locaux, alliés de circonstance contre l’ennemi institutionnel commun. L’idéologie d’un État public providentiel et omniprésent en fait un totalitarisme. Pour exemple, l’expression « repli identitaire » du néoparler politique à la mode, conforme au modèle de « dictature douce » d’Océania conçu par Orwell dans 1984, est de plus en plus utilisée. Elle l’a été récemment par le ministre de l’Intérieur Castaner devant les préfets pour désigner, sans les nommer pour ne pas « stigmatiser » ni fâcher, les forces centrifuges à l’œuvre en France – islamistes, altermondialistes, anarchistes et autres activistes ennemis des « forces de progrès » – tout en les amalgamant avec les courants conservateurs qui font de la résistance à la fuite en avant progressiste.
Pour autant, il paraît peu probable que ces révoltes locales se muent en véritables révolutions, faute de ferment idéologique, d’objectifs clairs, de programme positif et de meneurs charismatiques. Plus ou moins spontanées et coordonnées, les révoltes auxquelles on assiste ne visent qu’un impact réel et immédiat sur les conditions concrètes d’existence. Le « grand jour de la révolution » n’est donc pas pour demain. C’est ce qu’avait prédit, il y a quarante-cinq ans, l’historien et sociologue Jacques Ellul, dans une série d’essais visionnaires, en particulier, De la révolution aux révoltes, en 1972 .
On pourrait donc s’inspirer à nouveau du solide et fertile legs de mille ans d’Histoire de France. Pour cela, les urnes devront bientôt parler clairement.
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