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Fake news : à qui la faute ?

Lors de ses voeux à la presse, le 3 janvier dernier (2018), le président Macron a annoncé une nouvelle loi contre les Fake News. Elle risque de se retourner contre ceux qu’officiellement il entend protéger les journalistes accrédités et le personnel politique.

Qui a écrit « la publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler sera punie d'une amende de 45 000 euros » ? S'agit-il du futur projet de loi sur les fake news ? Non. La disposition en question figure tout simplement dans la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881. L'attirail juridique qui permet d'intervenir pour corriger une information existe bien. Pourquoi en demander plus ? Il faudrait alors s'interroger sur les réelles motivations du président de la République.

Songeant à la prochaine élection présidentielle, dont il se doute qu’elle mobilisera davantage les réseaux sociaux, Emmanuel Macron a en ligne de mire les dernières présidentielles américaines et l'influence russe censée être à l’origine de l'élection de Trump. Certes Jupiter ne dit rien de ses motivations, mais ses sbires, eux, ne masquent pas leurs raisons. Ainsi, Laetitia Avia, député LREM de Paris, écrit sur son compte Tweeter « Populisme, ingérence des pays étrangers, manipulation de la vérité Derrière les #fakeNews, c est notre démocratie qui est en danger en 2016, 126 millions d'Américains ont vu des #fakeNews diffusées par des agences russes sur Facebook ». On ne saurait être plus clair sur les précédents, actuellement en ligne de mire l'élection de Donald Trump ou le rôle des médias dits alternatifs, comme Russia Today ou Sputnik. Souvenez-vous Macron avait publiquement mis en cause ses derniers sous les yeux d'un Poutine silencieux, au Château de Versailles, le 29 mai 2017 (voir Monde&Vie n°941 du 8 juin 2017). Eh bien ! Ces médias russes, c'est au nom de la démocratie que l’on s'apprête à les censurer… Même Gérard Larcher, l'actuel Président du Sénat, a apporté sa caution en estimant que la lutte contre les fake news devait être étendue en-dehors des périodes électorales ! Le seul élu LR encore à la tête d'une institution ose en rajouter dans cette frénésie inquisitrice. Seul Florian Philippot est monté au créneau en lançant une insignifiante pétition en ligne. Bref, sur cette censure qui pointe son nez, les oppositions ne donnent guère le ton, alors qu'il y a péril en la demeure.

Fake news avant, true news après

Mais qu'est-ce qui distingue une fake news d'une vérité ? La distinction n est pas gravée dans le marbre. Tout d'abord parce que cela dépend du vecteur. Si c'est Russia Today ou Sputnik, la probabilité de fake news serait plus forte que si c'est Le Monde ? Et pourtant, il arrive que les médias mainstream se trompent. Il est arrivé à la presse officielle de sortir des bobards parfois grossiers, et même sans finesse. Ainsi, pendant la dernière campagne présidentielle, l’AFP avait clairement affabulé en recherchant les lointaines origines de Macron et de Marine. Veuillez juger le leader d'En Marche ! selon l’AFP descendait d'Hugues Capet, tandis que la fille Le Pen descendait, elle, de. Mahomet. Fake news tellement énorme à l'AFP qu'ils durent apporter un démenti. Autre exemple Europe 1 fit croire au début de l’année 2017 qu'une arrivée de migrants dans un village de petits français avait eu lieu de manière conséquente et sans encombre. En réalité, c'était un bobard monté de toute pièce. Il fallait véhiculer l'idée que des franchouillards pouvaient accueillir sans problèmes des migrants. Récemment encore, le très officiel écrivain Yann Moix - un ancien protégé de BHL - avait accusé les CRS de Calais de gazer les couvertures des jeunes migrants ou de contaminer leur eau potable. Le démenti fut apporté par la préfecture de Calais. Bref, à la lumière de tous ces exemples, n'importe qui peut dire n'importe quoi grâce à cet effet multiplicateur qu est l'accès aux ondes publiques ou au web.

Alors faut-il trier les fakes news ? Il y a un problème de fond. La fake news c'est une nouvelle « fausse » Mais que signifie réellement l'expression « fausse » ?

Des informations relayées par des médias alternatifs ont pu devenir par l'homologation d'un média officiel vérités « vraies ». Exemple l’augmentation du taux d agression sexuelle due au million d'immigrés arrivé par Angela Merkel. Ce fut longtemps une fake news jusqu'à ce que la BBC confirme la vérité de ce taux effrayant. Maintenant, c'est officiel il y a une corrélation entre immigration massive et hausse des violences sexuelles.

Ce changement a quelque chose d'orwellien. Il rappelle les rectifications continuelles du ministère de la vérité de 1984, qui réécrivait tout le temps l'histoire. Il faut donc le bon logo pour que le curseur qui distingue la fake news de la vraie nouvelle soit déplacé. Autrement dit, il suffit de pas grand-chose. Bref, Macron nous promet une nouvelle… loi Macron ! Mais à la différence de celle de 2015, qui entendait libérer l’économie de ses rigidités la nouvelle entend brider les consciences. Hélas.

Par François Hoffman monde&vie 18 janvier 2018

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