Extraits de l’interview de Régis de Castelnau pour Atlantico :
À la suite d’un tweet extrêmement violent de Madame Hidalgo maire de Paris en campagne électorale et « demandant le retrait immédiat » de ces affiches, la régie publicitaire a obtempéré servilement en prétendant que l’affichage était militant, ce qui prêterait à sourire lorsque l’on voit ce qui est habituellement placardé dans les gares et les stations de métro. Le plus inquiétant dans cette opération de censure, c’est que le camp du bien trouve cela tout à fait normal. Avec un argument massue : « on ne peut pas être contre l’avortement ou la PMA puisque le Parlement a délibéré. » On reste confondu devant la trivialité de cette argumentation, qui interdit toute expression à ceux qui ne sont pas d’accord avec vous (…)
Il est parfaitement exact que cette passion morbide pour la censure, qui s’exprime de toutes sortes de façons vient de celui qu’on appelle improprement le camp de la « gauche ». Il s’agit plutôt de ces couches moyennes de ces petits-bourgeois libéraux progressistes qui toisent et méprisent le peuple et qui pénétrés de la supériorité sociale et intellectuelle qu’ils s’attribuent considèrent qu’ils détiennent la vérité. Et donc qu’ils peuvent exiger que ceux qui ne pensent pas comme eux, les « déplorables » comme disait Hillary Clinton soient interdits de parole. Dans l’actualité, n’est plus qu’une litanie de lynchages médiatiques, de campagnes d’intimidation, de manifestations parfois violentes pour interdire l’antenne à des journalistes, empêcher telle philosophe de faire une conférence à l’université, d’autodafés de livres, d’interdiction de projection de films jusqu’à des appels au meurtre (…)
Et il y a aussi les lois liberticides qui se succèdent en cadence au Parlement sur les fake news, contre la haine, contre le sexisme, etc. etc. Ces textes sont en général portés par ces anciens socialistes qui ont rejoint Emmanuel Macron et sont la colonne vertébrale de son appareil de répression avec Christophe Castaner et Nicole Belloubet en tête de gondole.
Ces dérives sont très inquiétantes et lorsque l’on voit ce qui se passe dans notre pays avec les atteintes à la liberté de manifestation et maintenant à la liberté d’expression, il devient difficile d’aller donner des leçons à la Russie ou à la Chine. (…)
Ce refus compulsif de la liberté d’expression vient de la gauche. Qui a été dans le passé de tous les grands combats pour celle-ci, mais les a aujourd’hui abandonnés et milite pour l’instauration d’une censure. Il y a mon avis plusieurs raisons à ce changement radical.
- Tout d’abord armée de son gauchisme culturel la petite bourgeoisie de gauche, organisée politiquement auparavant au sein du PS, a rallié le néolibéralisme dont elle est devenue le principal outil pour l’imposer au peuple français qui n’en veut pas. Le courant qui entoure Emmanuel Macron est massivement composé d’anciens socialistes (…) il [Macron] a besoin de restreindre les libertés publiques pour pérenniser son pouvoir et mettre en œuvre son programme (…)
- Ensuite, il y a ce sentiment d’être le camp du bien, c’est-à-dire de faire partie d’une catégorie de la population qui a mieux compris le monde que les masses incultes. Et que ce statut lui donne des droits et des privilèges. Le niveau de corruption des couches supérieures de ce bloc est de ce point de vue assez sidérant. Il est corrélé à un sentiment d’impunité de même nature que cette passion pour la censure (…)
Ce sont des questions essentielles et la multiplication de ces atteintes aux libertés publiques fondamentales fait partie d’un système politique. Celui mis en place par Emmanuel Macron ne peut pas supporter une réelle liberté d’expression. Alors on laisse s’installer, voir on organise une culture de la censure. Ce sont toutes ces polémiques successives, toutes ces campagnes, toutes ces lois, toutes ces décisions judiciaires qui finissent par installer un climat de censure acceptable. Les grands médias sont entre les mains des grands groupes économiques, le service public radiotélévisé est aux ordres, aujourd’hui le véritable contre-pouvoir provient du numérique et des réseaux. Cela explique pourquoi ces lieux d’expression et de débat font l’objet de ces attaques récurrentes.
Il est essentiel de tenir bon et de défendre la liberté, notre d’expression, contre toutes ces tentatives qui la mettent en danger.