Les prochaines élections municipales risquent de se traduire par une forte poussée du vote en faveur des candidats estampillés écologistes. De nombreuses listes qui se présentent ont verdi leur programme. Pourtant, à y regarder de près, l’écologie politique adopte de nombreuses causes qui sont loin de servir la défense de l’environnement. L’enfer est parfois pavé de bonnes intentions.
Vous l’avez peut-être remarqué autour de vous, la défense de l’environnement, la réduction des déchets et la consommation locale sont des sujets omniprésents, particulièrement parmi les jeunes. Les médias multiplient les reportages à ce sujet et portent la défense de l’environnement au rang de cause nationale. L’époque semble favorable à l’écologie politique.
Une analyse des positions d’Europe Écologie Les Verts (EELV) montre pourtant que ce parti incarne parfois bien mal la cause qu’il prétend servir. Sur certains thèmes, il se rallie aux propositions les plus radicales et hors sol de la gauche.
Écologie politique : l’écologie « pastèque » a gagné
Une guerre fratricide a eu lieu il y a quelques années au sein des mouvements d’écologie politique. Elle a opposé les tenants d’une défense pragmatique de l’environnement à ceux d’une écologie de gauche incarnée par EELV. Les électeurs ont tranché au fil des élections. Antoine Waechter n’a pas réussi à imposer une vision non dogmatique de l’écologie. EELV reste désormais le seul parti d’importance à incarner l’écologie politique.
À l’approche des élections municipales et comme cela s’est passé lors de l’élection des députés européens, de nombreux électeurs sont tentés par un « vote utile », en portant leurs suffrages à ce parti. Pourtant, à bien des égards, l’écologie politique incarnée par EELV est à l’image d’une pastèque, vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Les positions de cette formation politique desservent souvent la cause qu’elle prétend incarner.
La plateforme programmatique des Verts pour les municipales : un catalogue issu de l’extrême gauche
À côté de mesures assez largement consensuelles sur le défense de l’environnement dans les communes, c’est dans les autres mesures, plus « sociétales », de la plateforme programmatique d’EELV que l’idéologie post-soixante huitarde des Verts se manifeste :
Toujours plus d’impôts : EELV souhaite la gratuité des transports publics, des bibliothèques et des musées. Il s’agit donc de financer par l’impôt un mode de transport et des pratiques culturelles, et de ne plus appliquer le principe utilisateur-payeur. Comme si cela ne suffisait pas, les Verts se prononcent au niveau local pour un « revenu social garanti » qui viendrait sans nul doute en complément des minimas sociaux actuellement versés. Ceci dans un pays où les prélèvements obligatoires ont atteint un niveau record.
Des emplois subventionnés par les impôts : la promotion par EELV des « territoires zéro chômeurs » passe sous silence le financement public massif, par l’impôt, de ce dispositif d’emplois aidés. Encore l’impôt, toujours l’impôt. Un dispositif si coûteux que sa généralisation à l’ensemble du territoire a été différée par le gouvernement.
Rendre les minorités plus visibles est un enjeu majeur pour EELV. Le parti souhaite « une sensibilisation massive aux questions de genre et d’identité sexuelle dès l’école et à différents échelons », la création d’emplois d’« agents de développement social » qui « permettront une plus grande visibilité des minorités dans les activités culturelles, LGBTQI+, (…) « la célébration de la richesse culturelle de la France ». Il semble en effet important que nous découvrions rapidement la signification des QI+, avant que d’autres acronymes tout aussi mystérieux apparaissent…
Une politique de sécurité hémiplégique. Alors que dans certaines villes, la question d’actualité est d’armer les policiers municipaux face à des bandes de sauvageons de plus en plus violents, EELV prône une politique sécuritaire « basée sur la prévention ». Nous n’en saurons pas plus sur l’autre volet indispensable, la répression, qui sera menée dans les villes dirigées pas les Verts.
Un appel d’air à l’immigration massive. A l’image de Grande Synthe où les initiatives se multiplient pour loger les clandestins, EELV se prononce dans sa plateforme programmatique « pour l’accueil inconditionnel des personnes migrantes ». Voilà un message que ne manqueront pas d’entendre en Afrique les nombreux aspirants au départ de leur pays (1).
Cette plateforme pour les élections municipales organisées en mars 2020 s’inscrit plus largement dans une idéologie dominante chez EELV fortement ancrée à gauche, voire à l’extrême gauche. De récentes prises de position en témoignent.
Les Verts en faveur de la grande migration
Alors que l’écologie est une doctrine qui vise un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement, l’écologie politique incarnée par EELV ne manque pas une occasion pour soutenir l’immigration massive et nier la distinction et le « tri » entre réfugiés politiques et migrants économiques (2).
EELV soutient le militant no-border Cédric Herrou qui a revendiqué 200 passages de clandestins entre l’Italie et la France (3). Alors que le mouvement politique d’Antoine Waechter (le MEI) estime à juste titre que les ONG dont les bateaux (SOS Méditerranée, etc.) croisent en méditerranée « terminent le travail des passeurs » (4), EELV les soutient (5). Le refus des Verts de distinguer les réfugiés politiques et les migrants économiques aboutit à favoriser une immigration de masse. Une immigration qui pourtant selon le mouvement dont A. Waechter est le président d’honneur, ne fait qu’« aggraver les tensions identitaires dans plusieurs pays européens ». Mais de cela, les Verts ne nous en parleront pas.
L’émigration peut-elle être considérée comme une solution à la surexploitation et à la raréfaction des ressources en Afrique, peut-être due au réchauffement climatique mais aussi à la surpopulation ? Ne perpétue-t-elle pas plutôt un système qui dysfonctionne ?
Les Verts muets sur l’impact de l’immigration dans les pays d’accueil
L’arrivée en Europe de centaines de milliers d’africains chaque année n’est pas sans conséquence :
– L’augmentation de l’empreinte carbone. Une étude réalisée par la Banque mondiale aboutit au constat qu’un africain arrivé en Europe multiplie par dix, voire plus, sa production de Co2 (6).
– Une urbanisation à outrance. En Ile de France, un objectif de construction de 70 000 logements par an a été fixé dans le cadre de la Loi sur le « Grand Paris » (7). Il y avait en 2017 plus de 700 000 demandes de logement social en Ile de France en attente d’être satisfaites (8). L’absence de statistiques ethniques ne permet pas de connaitre le nombre d’étrangers parmi les demandeurs. Mais la forte demande en la matière est à mettre en relation avec l’immigration, qui joue un rôle majeur dans la progression de la population (9). L’Ile-de-France concentrerait d’ailleurs les problèmes de logement des « réfugiés » selon les autorités (10).
Les constructions se traduiront non seulement par une densification, mais aussi par une artificialisation des sols, qui sont très fertiles dans la région francilienne.
Alors qu’en France, cet impact de l’immigration est tabou, la Suisse a ouvert le débat. L’impact de l’immigration en termes de circulation routière, de logements, d’équipements supplémentaires et de terres cultivables perdues a été évalué et fait partie des arguments débattus sans tabous dans le pays lors des campagnes électorales (11). Nous en sommes très loin en France. Non seulement l’impact de populations nouvelles sur l’environnement est totalement passé sous silence dans le débat public, mais ses conséquences ne sont aucunement tirées, comme le soulignait récemment Jean-Yves Le Gallou (12).
Les Verts muets sur l’explosion démographique
Cherchez bien sur le site d’EELV un article sur la surpopulation, vous en trouverez uniquement sur la surpopulation…carcérale (13). Interrogé sur l’évolution démographique de la planète à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017, le candidat EELV, Yannick Jadot , a esquivé la question en mettant en avant un seul levier, « l’éducation des jeunes filles » en Afrique (14). Sa réponse montre bien l’aveuglement de l’écologie politique à ce sujet : si Yannick Jadot souligne l’empreinte écologique quasi nulle d’une africain en Afrique et celle très forte d’un européen en Europe, il se garde bien d’en tirer les conclusions : l’émigration massive de populations africaines en Europe a un impact très négatif sur les émissions globales de Co2.
Les Verts islamo-compatibles
L’ancien maire de Sarcelles soulignait récemment le « combat pro palestinien auquel une partie de la gauche s’est toujours ralliée. Il y a eu une évolution idéologique et cette gauche se retrouve ainsi à combattre aux côtés de musulmans à la vision très fondamentaliste de la religion » (15).
Le nouveau patron des Verts, Julien Bayou, a selon le Canard enchainé participé à la manifestation contre la loi bannissant le voile islamique à l’école et à la manifestation contre « l’islamophobie » le 10 novembre 2019 à Paris, au cours de laquelle des « Allah Akbar » ont été scandés (16). Une participation qui s’inscrit dans le fil de la défense du port du burkini, cet accoutrement qui n’est aucunement considéré comme rétrograde par le parti EELV (17).
Les Verts et les éoliennes
Les Verts sont de fervents partisans de l’implantation des éoliennes (18). De nombreuses réserves sont pourtant émises sur leur prolifération dans les campagnes françaises : bilan environnemental négatif, paysage défiguré, effets sanitaires sur les humains et les animaux, durée de vie limitée, captation des ressources au détriment de l’innovation et de la recherche d’énergies plus propres (19). Les nombreux griefs à l’encontre de cette technologie n’empêchent pas les Verts de continuer à la soutenir mordicus.
On pourrait aussi parler de l’opposition farouche des Verts à l’énergie nucléaire, dont la transition précipitée en Allemagne a été une catastrophe écologique, avec un recours accru à des énergies polluantes comme le charbon.
Pour une écologie enracinée
Pour l’heure, au lieu de s’interroger sur la captation de l’écologie par un parti politique très marqué à gauche sur les questions sociétales, c’est un procès en illégitimité qui est fait à ceux qui – comme Alain de Benoist, Hervé Juvin, Roger Scruton, la revue « Limite » etc. – n’appartiennent pas à la mouvance vert-rouge et se sont emparés de l’écologie depuis des années (20).
Une façon de masquer le fait que l’écologie politique s’est peu à peu éloignée de la défense de l’environnement pour promouvoir une société sans frontières et multiculturaliste et dont la vision sur certains sujets environnementaux est simpliste voire radicale. Tout ce que l’on peut espérer est que ce holdup sur une cause justifiée et louable ne fera pas illusion longtemps.
Paul Tormenen
Notes
- « La plateforme programmatique » pour les élections municipales 2020. Février 2020. Site EELV.
- « Tri des migrants : un projet qui fait honte à la République ». Communiqué EELV. Juillet 2019.
- « Aide aux migrants : Cédric Herrou condamné à 3 000 euros d’amende avec sursis ». Le Monde. 10 février 2017.
- « L’immigration ou une politique de co-développement véritable ». MEI. 5 mai 2015.
- « EELV solidaire de Cédric Herrou et de SOS Méditerranée ». 8 août 2017.
- « Emissions de Co2. Tonne métriques par habitant ». Banque mondiale. 2014.
- « L’objectif de construire 70 000 logements par an sera difficile à tenir ». Les Echos. 13 mai 2016.
- « Demandes, temps d’attente. La saturation du logement social en Ile de France en 5 graphiques ». Le Monde. 31 mai 2018.
- « Natalité en France : l’’impact décisif de l’immigration ». L’Express. 18 juillet 2018.
- « Réfugiés : l’Ile de France concentre les problèmes de logement ». Le Monde. 28 janvier 2020.
- « Argumentaire initiative populaire contre l’immigration de masse ». Janvier 2014. UDC. www.immigration-massive.ch
- « Si le réchauffement climatique est dû à l’homme, il faut lutter contre le libre-échange et l’immigration ». J.Y. Le Gallou. Polémia. 23 janvier 2019.
- « Derrière le conflit social, l’enjeu de la surpopulation carcérale ». Communiqué. EELV.
- « Yannick Jadot répond à vos questions ». WWF. Pandalive. 22 février 2017.
- « Cet islam politique qui s’installe en France ». Interview de François Pupponi. Valeurs actuelles. 6 février 2020.
- « Julien Bayou. Tee shirt et faux cool ». Le Canard enchainé. 11 décembre 2019.
- « Burkini et liberté de conscience ». Communiqué des élus EELV à Rennes. 8 octobre 2018.
- « Nucléaire vs éolien : CQFD ». EELV. 5 octobre 2012.
- « Fabien Bouglé : Il y a une invasion voulue par le gouvernement de ces monstres d’acier qui polluent notre environnement ». Boulevard Voltaire. 6 juillet 2019.
- « L’écologie peut-elle être de droite ? ». Marianne 5 juillet 2019. « La social-écologie contre le risque éco-fasciste ». Médiapart. 8 janvier 2020. « L’écologie d’extrême droite…localisme et identité ». France Inter. 18 avril 2019.
https://www.polemia.com/europe-ecologie-les-verts-lecologie-politique-a-lextreme-gauche/